dimanche 4 décembre 2005

Deux têtes folles, en v.f., est un film de Richard Quine (réalisateur notamment de Bell, Book and Candle, joyeux film animé par la présence du grand James Stewart et de la séduisante Kim Novak), d'après une histoire originale (La fête à Henriette) de Julien Duvivier et Henri Jeanson dont ce film est un remake. Ce film est parcouru de part en part par une multitude de clins d'oeil - et le film ne vaut d'ailleurs que par cela ou peu s'en faut : le mari d'Audrey, Mel Ferrer est présent, Noel Coward interprète un petit rôle, Marlene Dietrich fait une apparition éclair, Tony Curtis se plie au second rôle de bonne grâce, etc. On y évoque My Fair Lady, qu'Audrey était destinée à tourner la même année, on y apprend les moyens d'éviter la censure (avec le fondu enchaîné) et mille autres petits détails qui pincent l'intérêt du spectateur. L'histoire est charmante parce qu'elle est construite comme une perpétuelle mise en abyme : un scénariste alcoolique doit rendre un scénario. Or, il n'a aucune inspiration, car il connaît trop bien les ficelles du métier. Il les explique à la fausse naïve incarnée par Audrey Hepburn et à nous-mêmes. Audrey est une dactylo qui vient s'installer dans la "modeste" chambre d'hôtel du scénariste en mal d'écriture (William Holden) et, bientôt, la fiction du scénario et la réalité de leur propre histoire viennent à s'entremêler. Mais cette autre histoire est encore présentée comme une autre fiction à laquelle nous assistons. La leçon d'amour qui est donnée à vivre est tout autant le sujet de ce film que la leçon de cinéma qui nous est infligée (avec une certaine grâce néanmoins) en parallèle. Les scènes, séparées les unes des autres, sont savoureuses, mais l'ensemble manque de liant. La distanciation provoquée par cette construction en poupées gigognes annihile l'émotion du spectateur. On rit, on sourit, on s'extasie souvent devant tel froncement de sourcil d'Audrey ou certains traits "blake edwardiens", mais nous ne sommes pas touchés au coeur. Un film charmant qui parle d'amour mais qui demeure tiède.

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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