jeudi 19 janvier 2006

Mes nuits sont blanches, mais mes rêves sont gris. Non, je ne prétends pas que mes rêves soient en noir et blanc comme les films des années cinquante, ce serait trop beau. Ils ont plutôt l’aspect d’un blanc sale et triste, celui du linge trop lavé et qui s’est frotté par mégarde à des fibres de couleur et en garde des traces. Autrefois, je rêvais en technicolor. Je suppose que c’est ma punition, et que dans mes rêves je contemple mon âme déchue, monochrome. Certes, je poétise la situation, mais ça revient au même : je suis coincée. Je suppose également que personne ne me soupçonne d’avoir commis un tel crime, parce que je suis dans leur esprit quelqu’un de fade, à qui il ne viendrait pas l’idée de mal agir, n’ayant pas assez d’imagination ni de volonté. La description n’est pas fausse : je suis indifférente. Mais peut-être moins indifférente que fuyante ou endormie. Pourtant, on peut mal agir sans ouvrir la bouche ni lever le petit doigt. La passivité n’est pas toujours synonyme d’innocence. Au contraire. Elle est parfois le lit de la perversité. J’aime que les situations pourrissent d’elles-mêmes. J’aime l’idée que personne ne sache de quoi je suis capable. En contrepartie, je ne dors plus.

Je ne suis pas honnête : quelqu’un sait et c’est la raison pour laquelle je ne ferme plus l’œil. Je me dis souvent que s’il a deviné, cela signifie qu’il ne vaut pas mieux que moi. Celui qui pense au mal a déjà eu envie de le commettre, bien qu’il n’ait pas la plupart du temps le courage de le reconnaître. Chaque nuit, depuis un an, je refais le même rêve et pourtant je ne dors pas. Je n’ose pas. Je pourrais me trahir. Je m’accorde quelques heures, quand personne ne me veille, je reviens vite à ce monde avant qu’il ne soit trop tard. Un mécanisme bizarre se déclenche en moi quand il grimpe les premières marches, avant qu’il n’ouvre la porte, qui n’est jamais fermée à clef. C’est un jeu de patience. Il ne m’aura pas. Pas ainsi, en tout cas. Qu’y a-t-il derrière la porte ? Il suffirait d’ouvrir, mais je ne le peux. Bien sûr, je peux le faire physiquement, matériellement, mais cela reviendrait à abandonner ma stratégie de repli : ne pas bouger et ne pas parler. Donc, je ne peux pas. Quelle bêtise : pour échapper à une punition, j’en accepte une autre, qui est peut-être pire ! Possible, mais celle-ci à l’avantage de n’être pas fixée et de ne durer que le temps que je le déciderai. L’un de nous craquera, fatalement. Si je dis ça, je pense que ce sera lui, mais je crains de flancher la première.

Les roses du Pays d'Hiver

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Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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