lundi 29 janvier 2007
Nous étions sept (un chiffre magique, par excellence), samedi, à l'exposition consacrée à Artaud, à la BNF - un lieu qui me fait rêver. Le fait était extraordinaire pour l'ours polaire nommé Holly, qui n'a peur de rien, sinon de rencontrer les autres. On ne sait jamais : je serais bien capable de trop les aimer ! Catastrophe ! J'avoue avoir failli me tirer des flûtes la veille au soir...
Oser croiser la route de personnes que l'on aime à distance et / ou que l'on apprécie depuis un moment, à travers les mots, plutôt que la voix, connues à certains points d'intersection de la vaste Toile, n'est-ce pas risqué ? Je suis heureuse de pouvoir affirmer que la réalité dépassa mes rêves. Je crois que nous étions nous-mêmes et que nos journaux respectifs sont assez révélateurs de notre personnalité réelle, telle qu'elle s'offre lorsque l'on traverse l'écran. Mais je n'en dirai guère plus car nous sommes dans le registre de l'intime et tel n'est pas mon propos. Celle qui a organisé cette rencontre a droit à toute ma reconnaissance.

Je vous exhorte simplement à aller voir cette exposition dont la fin est imminente. A défaut, le catalogue

coédité par la BNF et Gallimard est un substitut très acceptable pour les malchanceux (qu'ils soient ou non nés un 29 février*) qui ne pourront s'y rendre. Je crois que cet achat est indispensable, y compris pour ceux qui ont vu l'exposition, car il est impossible de fixer son attention sur chacun des points cardinaux de la vie de l'artiste.

La mise en scène est d'une richesse extraordinaire, dont j'aurai peut-être un moment pour vous reparler. Je retiendrai, au fil de la mémoire, le propos d'Anaïs Nin et celui de Marthe Robert. La première qui embrasse Artaud, par pitié, malgré ses dents pourries et la seconde, toute en compassion, qui se souvient de l'enfermement d'Antonin et oeuvre pour le faire libérer... Et puis ce marteau avec lequel Artaud scande ses textes... et enfin Paolo Uccello...
Marcel Schwob avait fait de ce dernier le portrait dans ses Vies imaginaires. Antonin Artaud sera lui aussi inspiré par cet artiste florentin ; il écrira deux textes, dans le sillage de Schwob, mais sans l'avouer plus que cela. Artaud a tendance à s'approprier certaines créations pour s'y nicher (Cf. Le moine de Lewis, ses propos sur Lewis Carroll...) et y élire le domicile de ses délires. Mais qui pourrait prétendre que ses envolées hallucinées ne sont pas l'expression la plus profonde de sa singularité, malmenée par une terrible psychose mais heureusement contrebalancée par un génie hors du commun ?

(...) je manque de terre à tous les degrés (...) apprendre à n'être qu'une ligne (...)
Ces textes dont la surabondance d'images et d'émotions vous asphyxient. De coeur et d'esprit, vous êtes aspiré par cette prose onirique, dont la violence ne se révèle qu'avec un décalage sur la perception première du sens et du contre-sens.
Après cette exposition, j'ai acheté un gros volume des oeuvres de Marcel Schwob, bien trop méconnu et oublié. Je le connaissais déjà en tant que traducteur et préfacier inspiré des oeuvres de Stevenson. Je découvre d'autres facettes de cet écrivain érudit, qui est un modèle idéal pour moi, tant il fouette mes insuffisances.




Je garderai souvenir de ce précieux moment passé en votre compagnie, mes amis, et je vous en remercie.

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* "On dira ce qu’on voudra, mais un homme qui n’a d’anniversaire que tous les quatre ans, n’est pas comme les autres. Et quelqu’un qui n’a pas assez d’anniversaires dans sa vie, à bien des égards, ne me semble pas plus heureux que la gent la plus courante des pauvres diables qui ont trop de pères ; en effet, quoi de plus agréable pour l’immortel qui est en nous que de voir et même de goûter sous cape, et de sentir qu’à part lui d’autres de son espèce se réjouissent de ce qu’il existe et qu’il vive ?" (Lichtenberg, Consolations à l'adresse des malheureux qui sont nés un 29 février)
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