lundi 30 avril 2007


Ma curiosité était à la fois celle d'une amoureuse éperdue de Barrie mais aussi faisait montre d'une circonspection toute linguistique. J'étais, par avance, intriguée par ce "den", tout comme il m'a toujours semblé que traduire "the glen" par "gorge" ou "vallée" était réducteur, car le glen est bien une gorge, mais écossaise, pourvue d'une distinction propre que ne recouvrent pas tout à fait les mots français. Je ne parle même pas des "Fens", qui sont encore autre chose... mais hors du territoire barrien.

Dans ce mot "den" cohabitent deux choses : une dénomination géologique ou topographique et un symbole bien propre à l'imaginaire de l'auteur James Matthew Barrie, deux versants d'un mot qui se retrouvent dans la définition qu'en donne mon précieux Chambers's Scots Dictionary de 1911 (acquis sur ebay) : une gorge, une vallée, un ravin, "un repaire pour les jeux des petits garçons... Se cacher, se tapir dans un repaire..." Et le mot renvoie à "Dean", qui signifie "une profonde vallée boisée, une petite vallée, un creux où les deux bords du terrain sont en pente.


Le Glen, en Scots, est... une jonquille !!! Tandis que le Chambers Dictionary of Etymology le désigne dans son sens le plus usuel et large comme "une profonde vallée". Le mot provient de l'écossais, vers 1489. En référence à un lieu nommé Glendew, issu lui-même du gaélique, "gleann", montagne, vallée...




Quelques occurrences dans son oeuvre, à titre d'exemples, parmi ceux qui comptent double pour moi :

"I don't know whether you remember, but there were once some children who played at Jacobites in the Thrums Den under Tommy's leadership." (Tommy and Grizel) [Si je vous parle des Jacobites, j'en ai pour un mois...]


"One night the Painted Lady died in the Den (...)" (Ibidem)


Et n'oubliez pas qu'il est des fantômes qui hantent le Den... (Chapitre VI de l'oeuvre susnommée)

"She was still smiling at him, but her eyes were wet now, and she drew him on to talk of the days when Tommy was a boy. It was sweet to Grizel to listen while Elspeth and David told her of the thousand things Tommy had done for her when she was ill, but she loved best to talk with Corp of the time when they were all children in the Den. The days of childhood are the best."

Oui, les jours de l'enfance sont les meilleurs de tous, y compris lorsque l'enfance fut une pourriture. Tout ceci parce que l'enfance est avant tout un regard que la plupart des adultes perdent ensuite. La plupart mais pas tous... Ceux-là, épargnés, sont à la fois des élus et des exclus. Tout se passe comme si l'enfance essoufflée, vers douze ans, en ouvrant, pour la première fois, ses yeux sur le réel, devenait aveugle. Une seconde paupière recouvre tout à coup le premier regard porté sur l'univers, une paupière que rien ne peut déchirer sinon peut-être un don ou bien une incapacité physique et psychique à vivre dans le monde des adultes. Ces enfants vieux sont des monstres lorsque les adultes les contemplent de biais, n'osant croiser leur vision, car ils auraient honte, sans se l'avouer, d'avoir déserté la scène de leurs émois véritables.



TO BE CONTINUED...

***********
Catégorie :



  • Les roses du Pays d'Hiver

    Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

    Rechercher sur mon JIACO

    Qui suis-je ?

    Ma photo
    Holly Golightly
    Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
    Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
    Afficher mon profil complet

    Almanach barrien

    Rendez-vous sur cette page.

    En librairie

    En librairie
    Où Peter Pan rencontre son double féminin...

    Réédition !! (nov. 2013)

    Réédition !! (nov. 2013)
    Inédit en français

    Actes Sud : 10 octobre 2012

    Une histoire inédite de J. M. Barrie

    En librairie le 2 juin 2010

    Actes Sud, juin 2010.

    En librairie...

    Terre de Brume, septembre 2010.

    Tumblr

    Tumblr
    Vide-Grenier

    Cioran tous les jours

    Cioran tous les jours
    À haute voix, sur Tumblr

    Une de mes nouvelles dans ce recueil

    Oeuvre de Céline Lavail


    Voyages

    Related Posts with Thumbnails



    Écosse Kirriemuir Angleterre Londres Haworth Allemagne Venise New York

    Copenhague Prague

    Les vidéos de mes voyages sont consultables ici et là...

    Liens personnels

    "Une fée est cachée en tout ce que tu vois." (Victor Hugo)

    J'apprends le mandarin

    Blog Archive

    Entrez votre adresse de courriel :

    Lettre d'information barrienne

    Archives