mercredi 28 mars 2007




Je finis l'évocation rapide et maladroite des grands lieux barriens (mais non pas de mon voyage londonien, car il me reste deux ou trois billets à écrire) avec ce lieu très célèbre pour les lecteurs de Barrie (et pas seulement). 3 Adelphi Terrace.
Non loin de Charing Cross, j'ai retrouvé l'endroit où Barrie a emménagé après son divorce et où il a achevé son existence, en 1937.
Il logeait au troisième étage. Les Shaw habitaient en face. C'est ici, sur un lambris, que Maurice Maeterlinck écrira un hommage à Barrie et à son Petit oiseau blanc, qui est le grand-père de son Oiseau bleu.






[Photographies de l'intérieur de cet appartement que m'a transmises Andrew Birkin et que l'on retrouve sur son site]
Je signale l'existence d'une page sur les "plaques bleues" qui ornent les maisons de gens célèbres dans Londres.

**************
Catégorie :



Le théâtre aujourd'hui. La petite boutique des horreurs est à l'affiche.



Je n'ai pas été autorisée à filmer l'intérieur du théâtre. Un Cerbère en jupons, avec du poil au menton (je rajoute cet attribut au crayon de papier sur le portrait mental qui me reste de la dame), m'a barré la route. Je ne la remercie pas. Je reviendrai, madame, avec une autorisation du directeur... et nous verrons ce que nous verrons !
Mais je ne pouvais manquer d'évoquer, même en courant, le lieu où fut donné, pour la première fois, Peter Pan, le 27 décembre 1904.




*************
Catégorie :

  •                   
    Lewis par misshollygolightly


    Certes, je gueule un peu (beaucoup) sur cette vidéo, mais le bruit alentour, celui des voitures, était réellement assourdissant. Impression d'être un bateleur de foire - ce qui tombe plutôt bien, puisqu'une des prochaines étapes sera Covent Garden, avec une évocation d'Eliza Doolittle - ou une poissarde en regardant ce petit film. Envie d'éclater de rire. Je suis ridicule.

    J'aime assez ma bêtise.
    Imaginez que nous sommes en 1897. Le 31 décembre, pendant le réveillon, chez les Lewis qui ont eu l'excellente idée d'inviter Barrie



    et Sylvia Llewelyn Davies. Ils ne se connaissent pas encore mais le sort est déjà jeté. Nous sommes privilégiés parce que nous connaissons l'avenir de cette rencontre capitale.
    Je cite dans ma traduction le biographe par excellence, Denis Mackail, qui a écrit LA vie de Barrie et dont le travail fut titanesque : "Les Barrie ont, à ce moment-là, dîné plus d'une fois avec Sir George et Lady Lewis dans leur maison de Portland Place (...) Barrie se tourne vers l'un des convives près de lui. Et, à cet instant précis, elle [Sylvia] doit se contenter d'avoir, de l'autre côté, une vue sur son petit dos. Car il y a là, juste de l'autre côté, celle qui est vraisemblablement la plus belle femme dans cette pièce. Sylvia Llewelyn Davies, qui, cinq ans auparavant, était encore Sylvia du Maurier. Aucun des deux n'oubliera jamais cette rencontre, car ce qui adviendra bientôt sera plus que particulier et participera aussi de la légende."




    [Sylvia en 1894 avec George et Jack]



    ************




    "That strange and terrible summer" ended with the onset of September, and the Davieses set sail for London, Home and Wilkinson's — George to Wilkinson's for his second term, and the family to their new home at 23 Kensington Park Gardens ..." (Cf. le site d'Andrew Birkin, je souligne)
    ***********
    Catégorie :

  • Nous cheminions d'un pas alerte en quête du Graal.


    Je portais pour la dernière fois mes gants de cuir couleur guimauve :

    Et puis, voilà ! Pan ! Vlan ! Flap ! Clic !
    Une maison très importante.

    Un lieu mythique pour la lectrice et la traductrice de Barrie que je me plais à être. L'autre lieu, tout aussi porteur d'évocations, est Black Lake Cottage, dans le Surrey, où je me rendrai un jour, car Robert m'a promis de m'y emmener.
    La résidence située à Bayswater Road est le second et dernier domicile qu'il partagea avec Mary A. (de 1902 à 1909), à Londres, jusqu'à leur divorce. Le Petit oiseau blanc a été publié en 1902 et Peter Pan a été révélé au public en 1904.
    Lorsque j'ai découvert cette maison, je crois bien que mon coeur a fait naufrage. J'étais, inexplicablement, pétrifiée. J'avais l'impression absurde de connaître cette maison, comme si... Comme si j'avais été familière des lieux autrefois. Je ne fais pas mon miel de l'irrationnel. Mais force est de constater qu'une vague m'a emportée loin de notre monde et que je crois en certaines présences "surnaturelles", d'autant plus que je suis une fille ultra-logique. Un paradoxe de plus à apporter à mon crédit.




    Mon mari m'a suggéré de sonner, puisque la maison donnait l'allure d'une demeure habitée (par des vivants, j'entends). Je n'ai pas pu le faire. La timidité est l'un de mes plus grands handicaps. Je puis faire des choses "extraordinaires" ou excentriques (aux yeux des autres) mais je suis inapte aux actes élémentaires de la vie quotidienne (un travail mercenaire, téléphoner, entrer dans un magasin vide, etc.) !

    Dieu merci, lui, appuya sur le bouton.

    A deux reprises.

    J'étais presque soulagée de trouver porte close.

    Un homme, pourtant, nous ouvrit la porte. Je commençais à lui exposer mes raisons, avec le débit et le ton de quelqu'un qui va commettre un crime, me donnant des airs coupables, avant de me rendre compte, à ses habits, qu'il n'était pas le maître des lieux, mais un ouvrier (la maison est en travaux).

    Le propriétaire arriva. En retrait. Superbe. L'Angleterre, la Tradition tout entière, reposait sur ses épaules. Le geste et le verbe étaient nobles et mesurés. Pas un gramme en excès ou par défaut. Il avait cette manière d'être au monde, un peu désinvolte, qui me fait défaut. Il y avait aussi, ce qui est essentiel, une lueur ironique dans l'oeil qui me mit à l'aise. Car je suis une sale petite roturière timide.
    Je suis une souillon. Je me réprimande à chaque mouvement disgracieux : un squelette qui offense le dos du fauteuil à table, cette façon inélégante de me mordre la lèvre inférieure lorsque je bois un chocolat au lait, les gants que je retire d'un coup de dents avec violence, avec rage, les ongles que je mastique légèrement, les tics de langage. Tout ce qui trahit mon absence d'éducation pour un regard exercé et averti. Je m'en défends mais l'on porte toujours avec soi, de manière indélébile, le sceau de son éducation, et il me semble que plus on la refuse, plus elle se venge sur vous, en ressurgissant au moment le plus inopportun. Nous brinqueballons tous notre passé, un casier judiciaire qui se lit sur le visage. Peut-être est-ce la raison pour laquelle j'ai cette complexion indéformable.

    Dans mon sac en plastique, il y avait mon exemplaire du Petit Oiseau blanc, que je destinais au bookcrossing et qui pouvait justifier à la fois de mon réel intérêt pour Barrie et de mon identité. J'ai commencé à parler au propriétaire des lieux, qui me regardait d'un air, d'abord interloqué, puis franchement amusé. Je lui demandai si je pouvais entrer dans le jardin. Simplement pour demeurer un instant dans la mémoire de cet écrivain, de ce frère d'âme, auquel j'ai décidé de consacrer une part de ma vie. Il a éclaté de rire, m'a poussée en avant, sans ménagement, et m'a demandé de le suivre. Notre conversation oscillait du français (qu'il parlait avec une certaine habilité) à l'anglais, l'un adoptant la langue de l'autre, délicatesse due à autrui.
    Nous étions là.

    Tout simplement.
    Oui.

    C'est ainsi que je me suis retrouvée avec mon mari dans le salon de James Matthew Barrie, sans pouvoir y croire.

    J'ignorais encore qui était en face de moi.

    Un Lord et une Lady (qui brodait, royalement installée dans un canapé, lorsque nous arrivâmes), comme en témoignaient la qualité de leur accueil et leur parfaite éducation. Mais je ne l'appris qu'avant de partir, lorsque la dame me remit sa carte et que je me retrouvai, soudain, démunie. Je n'avais emporté aucune de mes cartes de visite. Un comble ! J'en possède une belle quantité. Elles ont été imprimées à Venise, par le dernier imprimeur de qualité, Gianni Basso, 

    et portent le nom de plume que j'ai choisi. Elles sont d'un raffinement exquis, car il n'y a ni adresse ni numéro de téléphone. Je suis une citoyenne du monde : j'habite dans mes rêves. Mais je n'avais rien à offrir en retour. Le summum du manque d'éducation, ajoutez à cela un anglais de charretier, et je suis mortifiée. A l'extrême fin de l'entretien, mon mari se souvint qu'il possédait une de mes cartes, qui reposait dans son porte-cartes depuis au moins une décennie. Elle était complètement usée, voire crasseuse. Que vont-ils penser de moi ?

    Ajoutez (encore) à cela que j'ai embrassé un mur (oui, encore), que j'étais à deux doigts de hurler, que j'ai manifesté un enthousiasme immodéré pour le jardin de Barrie, que je me suis extasiée devant leur cheminée quand la dame des lieux m'a indiqué que l'installation avait été certainement faite à la demande de Mary A.
    Abruptement, j'ai demandé si le fantôme de Barrie leur rendait visite. Sans ciller ni rire, Lord K. m'apprit qu'il venait une ou deux fois par an, toujours le samedi et après neuf heures du soir.
    Mais le propriétaire était confondant de gentillesse et ne manifesta aucune surprise de mauvais aloi face à mon comportement inapproprié - je demandai permission de les prendre en photo devant cette cheminée, ce qu'ils acceptèrent. Puis, il m'apprit qui il était, sans anticiper le cri qui succéda (le mien).
    J'estime être la gardienne de leur tranquillité, donc je ne parlerai pas davantage d'eux ni de leur maison, pas plus que je ne joindrai leur photo dans ce JIACO. Je puis seulement préciser qu'il est le demi-frère du fils de l'explorateur Scott. Sa mère avait épousé le fameux explorateur Sir Robert Falcon Scott, avant de devenir veuve et d'épouser ensuite son père. Elle était une amie intime de Barrie et Sir R. F. Scott était une personne très proche de Barrie. Je connaissais, bien entendu, Sir R. F. Scott, mais seulement par les livres. Imaginez ma stupéfaction. Que diriez-vous si, d'un coup, un personnage de romans et de biographies se détachait du papier et sautait à pieds joints devant vous ?
    En serrant les mains de Lord K., je tenais le maillon d'une petite chaîne au bout de laquelle se trouvait Barrie. C'est à ce moment précis que j'ai décidé de m'enfuir, n'étant plus en mesure de retenir mes larmes.
    Je suis consciente que je puis me donner dans une lumière de grandiloquence, mais je n'ai rien à cacher ni rôle à jouer : je suis de cette eau.
    Et c'est ainsi que mes gants couleur guimauve sont restés dans la maison de Barrie et que j'ai vécu ma terrible aventure.
    Je n'ai pas osé retourner les chercher. Pour deux raisons : je suis timide (je le répète) et je ne pouvais envisager de briser le souvenir magique de ma venue en ce lieu et surtout l'idée que Jamie avait escamoté mes gants me plut tellement que nous en restâmes là. Croyez ce que vous voulez, mais personne ne retrouvera ces gants, j'en suis persuadée. J'ai demandé l'aide de Sherlock Holmes, qui est tout de même très lié à Barrie, et il m'a affirmé que Jamie était d'un naturel taquin, ce que je savais déjà... Je n'ai pas davantage oublié son amour pour les manchons des femmes, dévorante et insoutenable passion qui s'exprime dans plusieurs de ses oeuvres.
    "Mais, si un tel costume n’est pas convenable, je jure qu’il y avait au moins des petites plumes bleues dans son bonnet trop coquet et qu’elle portait un manchon assorti. Aucune partie de la femme n’est plus dangereuse que son manchon. Comme les manchons ne sont pas portés au début de l’automne - y compris par les malades -, je compris, en un éclair, qu’elle avait mis toutes ces jolies choses pour m’amadouer."
    Le Petit Oiseau blanc
    "Elle portait un manchon de fourrure  et, parfois, elle l’élevait jusqu’à son visage, comme si c’était un flacon de parfum, ou bien elle observait le monde par-dessus ce manchon et, alors, elle m’évoquait un oiseau niché dans un tronc d’arbre"
    Adieu, Miss Julie Logan
    Les gants guimauve seraient-ils à la fille du XXIe siècle ce que le manchon était à la femme du XIXe siècle ? Tout m'incline à le croire et je suis flattée que Barrie ait eu cette attention coquine à l'égard de ma petite personne.
    Le pire est que je n'ai aucun souvenir de les avoir ôtés. J'ai enlevé un instant mon gant gauche pour serrer la main de mes hôtes, mais je l'ai remis aussitôt cette politesse rendue et je n'ai en aucun cas délesté ma main droite de son gant.
    Il ne me restait plus qu'à me contenter de leurs jumeaux, noirs et patinés.
    Si vous désirez obtenir une copie de mes gants magiques, rendez-vous ici. Quant à moi, je devrais attendre mon prochain séjour à Venise pour que M. mon mari m'en offre une nouvelle paire.

    *****************
    Catégorie :





  • Les roses du Pays d'Hiver

    Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

    Rechercher sur mon JIACO

    Qui suis-je ?

    Ma photo
    Holly Golightly
    Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
    Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
    Afficher mon profil complet

    Almanach barrien

    Rendez-vous sur cette page.

    En librairie

    En librairie
    Où Peter Pan rencontre son double féminin...

    Réédition !! (nov. 2013)

    Réédition !! (nov. 2013)
    Inédit en français

    Actes Sud : 10 octobre 2012

    Une histoire inédite de J. M. Barrie

    En librairie le 2 juin 2010

    Actes Sud, juin 2010.

    En librairie...

    Terre de Brume, septembre 2010.

    Tumblr

    Tumblr
    Vide-Grenier

    Cioran tous les jours

    Cioran tous les jours
    À haute voix, sur Tumblr

    Une de mes nouvelles dans ce recueil

    Oeuvre de Céline Lavail


    Voyages

    Related Posts with Thumbnails



    Écosse Kirriemuir Angleterre Londres Haworth Allemagne Venise New York

    Copenhague Prague

    Les vidéos de mes voyages sont consultables ici et là...

    Liens personnels

    "Une fée est cachée en tout ce que tu vois." (Victor Hugo)

    J'apprends le mandarin

    Blog Archive

    Entrez votre adresse de courriel :

    Lettre d'information barrienne

    Archives