jeudi 1 mai 2008
Les Moors étaient le « wild workshop » (littéralement l'atelier naturel, « wild » signifie aussi «sauvage ») des soeurs Brontë. Charlotte nous l'apprend dans la « Biographical notice » à l'édition de 1850 de Wuthering Heights.

"Wuthering Heights was hewn in a wild workshop, with simple tools, out of homely materials. The statuary found a granite block on a solitary moor; gazing thereon, he saw how from the crag might be elicited a head, savage, swart, sinister; a form moulded with at least one element of grandeur--power. He wrought with a rude chisel, and from no model but the vision of his meditations. With time and labour, the crag took human shape; and there it stands colossal, dark, and frowning, half statue, half rock: in the former sense, terrible and goblin-like; in the latter, almost beautiful, for its colouring is of mellow grey, and moorland moss clothes it; and heath, with its blooming bells and balmy fragrance, grows faithfully close to the giant's foot."


Et, même si j'ai renoncé avant d'aller au plus haut point (à Top Whitens, les ruines d'une vieille ferme qui aurait inspiré Emily Brontë), j'ai eu une excellente idée du climat des lieux – et puis je compte bien y retourner.
Que l'on veuille se limiter à un texte pour lui faire rendre raison de ce qu'il est, c'est une attitude très sensée, très raisonnée et logique du point de vue de l'interprétation textuelle. Je suis, cependant, de celles qui pensent que si le texte est premier et que sa compréhension ne peut certes se réduire à la biographie ou au contexte qui lui a donné naissance, je crois fermement que l'on ne peut pas complètement extraire une oeuvre de sa gangue et qu'un écrivain est d'abord une biographie ; une oeuvre, un sédiment.
Il y a une unité tant corporelle que spirituelle de chaque élément. C'est ainsi que les atmosphères, les objets, les lieux, les résidus, les traces me paraissent essentiels et que leur connaissance ou leur fréquentation doit s'incorporer à la lecture du texte. Non pas pour l'enrichir indûment, mais par exemple afin de mettre davantage en exergue certains fragments déjà saillants. Ou bien parce que la vérité se love parfois dans des détails matériels ou concrets qui font loupe.
C'est ainsi que les Moors sont l'écho ou le sous-bassement de Wuthering Heights, de The Tenant of Widfell Hall et de grandes parties de Jane Eyre. De même, que les Moors ont été la source vive d'inspiration des écrits de jeunesse des Brontë, filles et garçon. Et, il est impossible de ne pas comprendre que la poésie d'Emily ait été inspirée par ces paysages sauvages. Bien sûr que l'on peut lire les Brontë sans connaître les lieux, mais leur familiarité ou proximité ajoute quelque chose de vivant et de mordant aux textes.
Chaque jour, quand le temps n'était pas impitoyable, les petits Brontë allaient se promener dans les Moors. Et c'est ainsi qu'ils ont inventé leurs mondes imaginaires. Nul doute, toutefois, que dans d'autres lieux leur génie se serait déployé autrement, mais peut-être pas autant...
Le pont des Brontë, comme les gens de là-bas l'appellent, a été détruit par une tempête en 1989 et a été refait à l'identique.
Il y a trois bouquinistes à Haworth, mais seuls deux ont de l'intérêt – le troisième semble versé dans l'ésotérisme de pacotille. J'ai trouvé quelques livres intéressant, dont celui de Whiteley Turner, A Spring-time Saunter, Round and About Brontëland. Une édition originale, illustrée par de bien jolies gravures.
On se promène entre les pages comme dans les Moors.
L'auteur trouve la cascade des Brontë décevante, je ne saisis pas pourquoi. L'endroit est plutôt surprenant, un endroit calme, presque douillet.
On trouve dans un petit coin la «Brontë chair », une roche creusée en forme de chaise sur laquelle avait coutume, dit-on, de s'asseoir Charlotte.
Charlotte écrit ceci à une amie, quelques temps avant sa mort - lettre citée dans la biographie de Gaskell :

"Nov. 29."I intended to have written a line yesterday, but just as I wassitting down for the purpose, Arthur called to me to take a walk.We set off, not intending to go far; but, though wild and cloudy,it was fair in the morning; when we had got about half a mile onthe moors, Arthur suggested the idea of the waterfall; after themelted snow, he said, it would be fine. I had often wished to seeit in its winter power,--so we walked on. It was fine indeed; aperfect torrent racing over the rocks, white and beautiful! Itbegan to rain while we were watching it, and we returned homeunder a streaming sky. However, I enjoyed the walk inexpressibly,and would not have missed the spectacle on any account"
Et elle en tomba malade et peina à s'en remettre, puis...
A SUIVRE...

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