lundi 9 février 2009
"Dès le milieu du mois de septembre, je lui avais ramené sans les avoir lus Tom Jones, Roderick Random, Les puritains d'Écosse, Caleb Williams et tous les autres. Il n'avait fait aucun commentaire alors, et jamais la question de mes lectures n'était revenue sur le tapis. Mais ce jour-là justement, quand nous revîmes de Cowgate, il l'aborda : - J'ai été vraiment stupide de vous conseiller ce genre de livres ! Vous n'êtes plus assez naïf pour leur chatoiement, leur superbe... toutes ces épées clinquantes, ces étoffes chamarrées... et pas assez encore aguerri pour voir le sang sous l'hermine, la ténèbre sous l'éclat... la profondeur, la noirceur des grands maîtres du roman d'aventures..."
Jean-Pierre Ohl, Les maîtres de Glenmarkie, Gallimard, Paris, 2008, p. 150.
Entre mille autres choses, grandes et petites, ce que j'ai passionnément aimées dans ce roman, c'est la (recon)naissance d'un lecteur, d'une vocation de lecture. L'idée d'un être qui recherche, d'abord à travers un seul livre, Martin Eden, la figure de son père, et qui finit par la poursuivre dans tous les livres... Simple et magnifique idée. Car la littérature - du rivage de la lecture ou de l'océan de l'écriture - n'est rien d'autre que cette quête de notre part manquante, quelle qu'elle soit.
J'ai de la chance d'avoir un véritable ami, anglais de surcroît, qui sait parfaitement mes goûts littéraires, notamment ceux qui sont également anglais.
Robert a donc enregistré pour moi, comme il le fait de temps en temps, une émission diffusée récemment sur la BBC, "A Study in Sherlock"ou un panorama des incarnations de Sherlock Holmes à la télévision. Le programme était écrit par un auteur que je connais par ses œuvres consacrées aux vampires, des œuvres de qualité certaine - même si ce ne sont que des oeuvres de genre - qui n'ont rien à voir avec les niaiseries adolescentes en vogue actuellement. Je ne m'abaisserai pas à citer de noms. Cela se vend par piles ou au kilo dans les supermarchés plutôt qu'en librairie. Il faut bien que je le dise parce que personne n'ose le faire. Ne me remerciez pas. De toute façon, les gens qui lisent ces immondices ne méritent pas mieux s'ils ne sont pas conscients de la différence. Tant pis si mon mépris blesse, mais le succès de la médiocrité me met toujours en grande colère. Le jour où ce sentiment s'éteindra cela signifiera que la littérature ne m'importe plus. Heureusement, la littérature n'a pas besoin de moi pour survivre et se défendre. Les livres dignes de ce nom le font très bien seuls. Ils résistent au temps et à la pesanteur des insignifiants colonisateurs des siècles qui les entourent.
Cet auteur est Kim Newman, qui a écrit une trilogie fort intéressante et drôlement bien troussée pour les amateurs du genre - dont je suis.

Et, comme tout est lié serré dans mon univers, j'ai récemment écouté - toujours grâce à Robert - une émission de radio (la BBC, toujours) dévolue à quelques héros anglais et il était question de Dracula, de Henry Irving (que Bram Stoker a vraisemblablement pris pour modèle pour son héros monstrueux..) et.. d'Ellen Terry (Lucy, dans le roman) dont je parlais récemment, sans omettre Barrie et Doyle.
Voilà, j'aurais dû naître anglaise et, mieux que ça, peut-être, écossaise. C'est à cette littérature, à ce langage, à ce pays que mon cœur appartient.

Pour me consoler, il me reste la compagnie de l'excellent deuxième roman de Jean-Pierre Ohl. J'ai été suffoquée par tant de passion, de virtuosité, de souffle romanesque et d'intelligence. A notre époque qu'un Français sache écrire un roman totalement romanesque tient du miracle. Ce roman est encore plus réussi que le premier, avec lequel il entretient une filiation certaine. Il n'y est question que de l'Écosse (des Hébrides intérieures avec l'île de Jura, en particulier) et de sa littérature, réelle et imaginaire. Un hymne à ce qui, personnellement, me fait vivre. Si je le pouvais, je serrerais dans mes bras l'auteur ! Je voyage avant l'heure - en avril, pour mon anniversaire, puisque désormais je fête ma jeunesse perdue où l'on parle anglais ! - de partir en Écosse et aux Hébrides !
Le programme de la BBC était précédé de la diffusion d'un film avec Rupert Everett , improbable dans le rôle de Sherlock Holmes sur la trace d'un serial killer.
A retenir de ce téléfilm, cependant, le fog moelleux, certaines images, ma foi assez inspirantes, et le visage douloureux d'Everett.

Et puis une succession d'images qui bercent la rétine de l'holmésien au cours de cette émission.
Tant de Sherlock Holmes différents, parfois parodiques... volontairement ou non.

Jusqu'à l'incarnation parfaite...
... Jeremy Brett.

L'acteur explique la crispation qui était la sienne, crispation physique et psychologique, pour interpréter Holmes au plus près de Doyle. Il nous rend palpable la sensation d'une douleur autant musculaire que psychologique lorsqu'il évoque son interprétation. Impressionnant !

En compagnie, de Jeremy Brett, je ne puis que vous recommander cette édition intégrale des aventures de Sherlock Holmes, à lire de préférence en VO.


[Note du 20 janvier 2012 : suite à la perte des images qui illustraient les Roses, en décembre 2011, les captures d'écran qui illustraient ce billet ont disparu et ne seront pas remplacées, faute de temps...]

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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