jeudi 26 mai 2011
Vendredi, après avoir visité Adelphi, nous quittâmes le Strand pour rejoindre le quartier de Hampstead...





[Vous pouvez agrandir toutes les images d'un simple "clic".]

Il ne faut pas confondre le cimetière de l'église St John à Hampstead et le cimetière de Hampstead, le second est municipal (a cemetery) et le premier attenant à une église (a churchyard qui est, ici, également a graveyard, ce qui n'est pas toujours le cas ; Barrie, lui, emploierait le mot scots "kirkyard"). Je remercie Christine de m'avoir expliqué la différence, sinon j'aurais probablement confondu les deux endroits et me serais rendue illico presto au Hampstead Cemetery et n'aurais pas trouvé les tombes sur lesquelles je désirais m'incliner, à savoir celles des Llewelyn Davies...

Arthur et Sylvia reposent ici, ainsi que Jack (John) et Peter (ses cendres y sont enterrées) – George, mort au combat, est enterré en Belgique (je me rendrai là-bas un jour), à Voormezeele (cf. la base de données d'Andrew Birkin afin de voir des photographies de sa tombe).


J'ai ressenti une vive émotion devant cette tombe. Je pense presque chaque jour à Sylvia Llewelyn Davies.  Je ne suis pas certaine que beaucoup d'êtres en ce monde puissent comprendre mes dévotions. Et je ne le leur demande pas. Mais j'entretiens mes propres autels pour quelques morts auxquels je suis attachée... C'est une forme de foi et de respect. 
Oui, de foi. 
Il y a en moi une foi terrible, inflexible et brûlante qui tient autant de la croyance pure et magique de l'enfant que du désespoir d'une très vieille personne qui a tout perdu. Je ne sais pas quand ce sentiment est né en moi, mais tout a commencé avant mes huit ans, j'en suis certaine. Une foi sans Dieu, qui ne repose que sur les sables du désir, sans cesse menacée par les vents de la raison, mais qui jamais ne s'effondre tout à fait. Cette foi est une espèce de miracle, un don que j'ai découvert très tôt. 
Aucun être en ce monde ne meurt tout à fait s'il demeure une personne qui en conserve le souvenir.
C'est la seule immortalité dont je sois sûre. Et encore est-elle bien fragile puisqu'elle est abritée par un coeur de glace, qui, jamais, ne se brise de chagrin – le temple de chaque homme. 
Dans ma propre existence, j'ai rencontré une femme qui a beaucoup de points communs avec Sylvia, une amie très chère, mère elle aussi de cinq enfants. Je lui dois tant et, en premier lieu, d'avoir moins peur des autres. J'aime à croire que Barrie me l'a envoyée... Je n'étais pas aveugle au point de ne pas la reconnaître. Bien avant la naissance de notre enfant, c'est au sein de son foyer que j'ai senti l'odeur de la nursery, l'endroit où naissent les rêves d'enfants. Notre enfant est apparu le jour de sa fête... Si cela ne tient pas un peu du prodige... 


Détails :




Michael est enterré à quelques pas d'eux : 

Détail :



Sa tombe est en assez mauvais état et mériterait que l'on s'y attarde afin que son nom ne devienne pas tout à fait illisible dans les années à venir. 
Je ne sais d'où me vient ce souci des tombes, sinon de ma foi, et de l'impérieux besoin de préserver la mémoire d'êtres disparus que je n'ai pas connus. J'y vois un symptôme jamesien – le thème de L'Autel des Morts, idée vive mise en images par Truffaut dans La chambre verte, un film vénéré. 
{Christine m'a remis en mémoire ce livre de David Lodge que j'avais adoré, 
lorsque je l'avais lu lors de sa parution et qui évoque la figure de Henry James et celle de George du Maurier...}

Paisible, notre enfant observe et sourit. Je n'imaginais pas qu'un enfant pût être aussi calme et serein. Je ne lui ai, selon toute vraisemblance, rien légué de mon caractère. Dieu merci !

Lorsque l'on pénètre dans ce joli petit cimetière, on tombe nez à nez avec la tombe de George du Maurier, le père de Sylvia. Il n'est pas seul sous terre, puisqu'il est accompagné par sa femme, Emma, et leur fils Gerald (l'immortel Captain Hook), père de Daphne du Maurier.



Vous pouvez contempler les photographies de Christine sur le même sujet, et d'autres en lien avec Barrie, ici. Je vous recommande également cette page-ci

***

N.B. : L'une des (nombreuses) épouses de Rex Harrison, Kay Kendall, est également enterrée là-bas, parmi d'autres gloires... 

TO BE CONTINUED... 

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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