Meurtre par décret
un film de Bob Clark (1979)

Peut-être l’un des films holmésiens que je préfère, avant même celui de Billy Wilder, certes plus versé dans l’ironie. Sherlock Holmes se devait d’affronter Jack l’Eventreur. Ne sont-ils pas les deux génies antagonistes de l’ère victorienne ? Il a livré plusieurs fois ce combat, livresquement et cinématographiquement. J’aime au-delà du raisonnable cette réalisation-ci. L’œil pimpant et séducteur de Plummer n’y est pas pour rien… Certes, Basil Rathborne ou Jeremy Brett sont de grandes pointures mais leur mâchoire serrée crispe, de temps à autre, mon nerf optique.
Le tandem Christopher Plummer / James Mason est du plus bel effet. Sherlock Holmes est enfin un homme séduisant, du moins si l’on se fie à mes goûts personnels… James Mason est noble et sage dans son rôle de compagnon du Prince des Détectives alors que, trop souvent, il n’est qu’un sous-fifre lourdingue.
Ce film est raffiné jusque dans les plus petits détails. L'humour est pince-sans-rire. Sa nationalité ne fait pas de doute. Le fog est épais comme une barbe à papa décolorée. Il y a du sang et du désespoir. Je recueillerai les larmes de Holmes, dans un tremblement mélodramatique, si ému par le triste amour et sort d’Annie Crook.
L’histoire reprend la théorie du complot royal (Cf. par exemple le superbe roman graphique d’Alan Moore, From Hell qui explore une voie similaire) et la fin, qui se referme sur le silence méprisant de Holmes, est dramatiquement calculée au plus noble.
Il me semble avoir déjà évoqué ce livre-ci, qui est divin, troublant, inquiétant, sophistiqué : Jack l’Eventreur par Robert Desnos aux Editions ALLIA.