Quelques chapitres...

samedi 31 mars 2012

Extraits


[Source de l'image : ici.]

                                                                               ***

Scott. — Savez-vous ce qu’est la peur, Barrie ?
Barrie. —  Je suis habitué à sa présence. Avoir peur, c’est être vivant.


 ***


Scott. — Barrie, votre Antarctique est ici, dans le glen, ou à n’importe quel autre endroit choisi par votre imagination. Le pôle Sud de votre esprit m’est bien plus difficile à atteindre que mon 90 degrés Sud – qui ne requiert que de la persévérance et de l’endurance.

***

Scott. — La mort dans l’Antarctique arrête le temps d'un seul coup. Il n’y a ni pourriture ni décomposition. C’est le cosmos qui domine et non la civilisation. Lorsque vous pénétrez dans cette immense solitude, vous sentez que c’est l’un des derniers endroits sauvages sur cette terre. Pourtant, sous ses profondeurs endormies, la vie est là, grouillante, comme s’il devait s'agir du lieu de naissance de la création.

***

Barrie. — Je vous le dis, vous pourriez être un créateur de mythes.
Scott. — Quel mythe pourrais-je créer ?
Barrie. — Le mythe de l’explorateur qui n’a peur de rien. Le héros. L’art tient à la manière dont vous raconterez votre histoire.
Scott. — Il faut d’abord avoir une histoire à raconter.
Barrie. — Mais vous en avez déjà une ! Cette aventure est la vôtre. Vous devez dire au monde ce qu’est un héros. Même les morts ont des histoires à raconter…


***


Barrie, à voix basse. Ne croyez-vous pas qu’il y ait une voix en vous ?
Scott, qui semble perplexe. — Une voix ? Je n’entends rien.
Barrie. —  Soyez patient, cela prend du temps.
Scott, s’agitant. — Vous savez bien que j’ai peu de temps, Barrie. J’ai des responsabilités.
Barrie. —  Mettez vos inquiétudes de côté ! Écoutez ! L’expérience est d’autant plus intense que la perception en est difficile. Le secret, c’est de la faire vôtre. Je vous ai dit que je sentais une infime brise souffler sur moi. C’est comme attraper le vent dans un filet.
Scott. — Qu’est-ce que le vent amène ?
Barrie. — La vérité !
Scott. — Vos livres sont des fantaisies qui parlent de fées et d’îles mystérieuses. Que savez-vous de la vérité ?
Barrie. — Mais ils puisent dans les sources de la sagesse antique. Ils sont l’expression d’une quête, celle de ces expériences vécues et oubliées que nous avons tous en commun. Je veux écrire des mythes.
Scott. — Les mythes sont-ils le summum de la littérature ?
Barrie.  — Mais bien sûr ! Et ce, parce que les mythes tournent toujours leur regard vers le monde invisible afin d’en trouver le sens. Virgile, Homère, Dante, Milton, Shakespeare… Je pénètre dans leur univers comme dans une cathédrale. Je veux être un créateur de mythes.
Scott. — Mais vous l’êtes ! N’est-ce pas le cas avec Peter Pan ?
Barrie. — Résistera-t-il à l’épreuve du temps ?
Scott. — Il est parmi nous depuis plusieurs années.                 
Barrie. — 100 ans est en général le critère pour le déterminer.

The Mythmakers


(Traduction : C.-A. F.)
À suivre...