samedi 22 octobre 2005
Je n'en fais pas un secret : Dickens est un de mes écrivains préférés et j'attendais avec une appréhension mâtinée d'excitation l'adaptation de Polanski. Nul doute que j'eusse préféré qu'il mît en images De grandes espérances, qui contient des moments drapés des vapeurs du rêve (ou du cauchemar), mais le roman est plus difficile à traduire en images, parce que peut-être moins linéaire. C'est peut-être d'ailleurs le reproche principal que je ferai à Polanski : avoir enchaîné les divers moments de l'histoire d'Oliver Twist comme des perles dans un collier. Trop linéaire que ce parcours qui, pourtant, dans le roman, est plus semés d'embûches et de chemins de traverse. Bizarrement, cette ligne droite qui symbolise une matière de destin gomme dans le film le principal trait de la nécessité attachée à l'existence d'Oliver : le secret de sa naissance. En effet, le principal ressort des romans du XIXe siècle réside, à l'instar de certaines tragédies grecques, dans la marque du destin apposée sur la naissance du héros (David Copperfield, par exemple, est né "coiffé"). La résolution du roman se fait par la reconnaisssance de l'identité véritable du personnage principal. Justement, il est fait mention dans le film de Polanski de cette identité fausse que porte l'orphelin Oliver : Twist est un nom d'emprunt dont l'a affublé un bedeau pervers et insoucieux. Twist, signifie pour une part, "tordu", "inattendu", quelque chose qui n'est pas linéaire, clair ou prévisible, etc. Tout le contraire du destin. Ce patronyme dissimule sa destinée (qui est mis en évidence dans le roman éponyme et qui est même LA raison du roman). Or, rien ne vient lever le secret d'Oliver dans le film de Polanski et c'est une faute gravissime ; Polanki passe à côté du sens du roman du XIXe siècle ! Demeurent des trognes admirablement appropriées, des visages et des corps parfaitement dickensiens (le bedeau, par exemple et un convive, à la table des notables), une belle reconstitution de Londres (bien que je trouve les couleurs trop "propres" parfois) et une certaine poésie. L'autre reproche que j'adresse est au doublage français, qui est catastrophique. De plus, l'emploi de certains mots anachroniques (que j'espère absents de la V.O. m'ont quelque peu fait bondir ; "gazon" par exemple...) ! En résumé, c'est un beau film, non exempts de défauts que l'on pardonnera à la faveur de glorieuses images et de moments d'émotion sans pathos ; le personnage de la prostituée Nancy est celui qui m'a le plus ému, dans le roman comme dans le film. Mention spéciale à Sir Ben Kingsley, qui est un magnifique Fagin, sorte de croquemitaine au bon coeur, malgré tout.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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