lundi 12 décembre 2005

Un joli film, qui ne fait pas de bruit et dont le thème, pourtant, est presque scandaleux pour l'époque (1958). Cary Grant retrouve dans cette comédie amère Ingrid Bergman qu'il avait fougueusement embrassée et enlevée dans Notorious (Les Enchaînés) d'Hitchcock*, en 1946. Il s'agit d'une histoire d'amour (encore ! ) entre une femme et un homme, qui prétend être marié. Il s'agit donc d'une passion adultère (même si la faute morale entre les deux protagonistes est imaginaire, elle est bien réelle pour la femme qui la commet). Le film est, de ce point de vue, très ambigu. Il y a une élégance désuète, volatile, dans ce film de Stanley Donen, ce petit rien qui n'existe presque plus de nos jours... et qui rendait l'amour artiste. Lorsque le coeur parle par sous-entendus, lorsque l'on attend de l'autre une compréhension de choses non encore avouées... 

*Existe-t-il une scène plus dramatiquement romantique que l'enlèvement de Cary Grant, à la fin du film d'Hitchcock ? Je dois avouer que cette scène m'a beaucoup troublée. Je la trouve terriblement érotique, même si (et surtout parce qu'il) n'y a rien de physiquement agressif entre eux à ce moment. Les moments les plus chargés en érotisme sont ceux où les corps exultent dans le non-dit de la passion, qui couve sous les regard et les gestes. La brusquerie discrète avec laquelle il l'entraîne dans son sillage, dans ses bras, est l'un des moments les plus sauvagement sensuels de l'histoire du cinéma. A mes yeux, bien sûr. Mais, Cary Grant a toujours été mon phantasme number one.

Certains film d'Alain Resnais ont l'heur de me plaire. D'autres me donnent la nausée (Pas sur la bouche, que j'ai trouvé ridicule - mais le pire est que je me suis ennuyée à mourir - et que la critique a encensé avec outrance). Mon oncle d'Amérique appartient à la première catégorie, à l'instar de L'amour à mort, Mélo, La vie est un roman, etc. Mon oncle d'Amérique est un film né en 1980. On pourrait presque croire qu'il s'agit d'un documentaire, car les personnages y sont analysés et étudiés comme le seraient des souris de laboratoire. Ce film est très inspirée par la pensée d'un biologiste, Henri Laborit. Ce dernier participe d'ailleurs au film en tant que commentateur "hors texte" des histoires entremêlées auxquelles nous assistons. Le but est d'illustrer les lois dégagées par Laborit (dont Resnais connaît et apprécie toute l'oeuvre) quant au comportement humain devant certaines situations invalidantes et dont les réactions sont conditionnées par tels ou tels paramètres. Les deux attitudes principales étant soit la fuite devant l'ennemi soit l'affrontement ou, dans le pire des cas, l'inhibition (qui conduit au suicide). L'éloge de la fuite de Laborit (Ed. Folio) est un livre très accessible et riche d'enseignements. Je vous livre quelques citations de Laborit, extraites des notes que j'ai rédigées après sa lecture. « Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime. Vous connaissez sans doute un voilier nommé " Désir". » « Le sens de la vie nous échappe et nous échappera sans doute toujours. Par contre, connaissant ce que nous savons déjà du signifiant, ce que l’évolution et la récente biologie des comportements commencent à nous faire entrevoir de sa structure, la syntaxe dont elles sont en train de nous faire découvrir les lois, nous ne serons plus pardonnables bientôt si nous continuons à faire des fautes de grammaire. Nous ne saurons point sans doute si le message est compréhensible, d’où il vient ni à qui il est destiné. Mais nous aurons au moins la certitude de ne pas ajouter de bruit ou de parasites dans sa transmission. Nous serons dans la position d’un ingénieur des télécommunications. Chacun pourra y trouver alors, s’il lui plaît et s’il en a besoin pour se sécuriser, une conscience émettrice pour une fin cosmique. (…) Le sens de la vie humaine n’est sans doute que l’accès à la connaissance du monde vivant sous laquelle celle du monde inanimé n’aboutit qu’à l’expression individuelle et sociale des dominances sous la couverture mensongère du discours. » « Le sens de la vie ne peut être celui de l’individu séparé de son contexte social, puisque nous avons dit déjà que l’Homme n’existait pas en dehors des autres qui le font. »

Les roses du Pays d'Hiver

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Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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