samedi 10 février 2007
Les livres, eux, sont des objets étranges, qui retiennent la vie comme un garrot retient le sang, un peu en amont de la blessure.
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Libellés :idée du soir
Sir Arthur Quiller-Couch était un écrivain et un professeur renommé de Cambridge. Dans son On Art of Writing (non traduit en France, me semble-t-il), celui-ci expose ce qu’est pour lui la littérature :
« (...) ainsi que Johnson l’a affirmé de l’Elégie de Gray "elle regorge d’images qui trouvent un miroir dans chaque esprit, ainsi que de sentiments auxquels chaque cœur renvoie un écho". Quand George Eliot dit : "Je n’ai jamais trouvé autant de mes propres sentiments exprimés de la manière dont j’aurais aimé qu’ils le soient", elle ne faisait que dire de Wordsworth (dans une langue plus simple, plus familière) ce que Johnson disait de Gray. Le même témoignage repose dans cette fine remarque d’Emerson : "L’histoire universelle, les poètes, les romanciers" - tous les bons écrivains, en somme - "ne doivent en aucun endroit nous faire sentir que nous dérangeons, que ces mots s’adressent à des êtres meilleurs que nous. Plutôt doivent-ils, en vérité, nous laisser penser que c’est dans leurs traits [mots], nous nous sentons le mieux chez nous." La quantité de preuves, dont ces extraits sont des exemples, pourrait être résumée comme il suit : nous demeurons ici entre deux mystères, d’une âme fermée de l’intérieur et d’un univers extérieur ordonné (1). Ces hommes ont une fibre intellectuelle plus délicate que leurs contemporains ; leur esprit est ainsi fait qu’il semble posséder des filaments pour intercepter appréhender, conduire et ramener chez nous des messages perdus entre ces deux mystères, de même qu’un télégraphe moderne a appris à chercher, à saisir et à relier entre eux des messages humains égarés parmi les vastes étendues d’eau de l’océan. Si, de cette manière, le poète peut rendre ce service à l’homme ordinaire, que ce dernier (ainsi que le professeur Johnson le déclarait) "sente ce qu’il se rappelle avoir déjà ressenti auparavant, mais qu’il le sente avec une sensibilité plus grande" ; ou bien, même si le message ne lui est pas familier, qu’il nous suggère alors, dans la phrase de Wordsworth, de "sentir que nous sommes plus nobles que nous ne le pensions". »
La littérature (autre nom des fictions) est pour Quiller-Couch « une nourrice pour les natures nobles et le bien lire fait de l’homme un être entier ». Contre Platon, Quiller-Couch affirme que « les hommes n’ont jamais pu se débarrasser de la littérature depuis son invention, ne serait-ce que pour un moment. »
***
(1) Monde qui manque à cette âme et auquel probablement cette âme manque également ; « without » semble indiquer deux choses : l’extériorité et le manque, alors il est accordé à certains hommes parmi nous de parler. Les deux sens du mot « dwell » sont utilisés dans la même phrase et cette connivence entre le verbe « demeurer » et « parler » n’est pas rendue par la traduction.
Trad. Holly aka C.-A. F.
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