lundi 14 avril 2008
Le secret, c'est de prendre son temps. Tout son temps, même s'il est avare en terme de floraisons.
J'ai changé !
C'est indéniable.
Vous ne pouvez pas encore savoir.
Je n'ai plus peur.
De voyages réels en voyages imaginés, je me promène sur la terre.
Mes voyages réels ne sont jamais que le passé de mes voyages imaginaires.
Ils n'en sont pas moins beaux ou nécessaires, bien au contraire. Ils me reflètent simplement à divers instants d'un temps qui n'est jamais plus le mien.
Je cherche à résoudre les énigmes que j'ai posées autrefois et dont je ne connais plus les réponses, puisque je ne suis plus tout à fait ce que je fus. C'est l'Aventure intérieure !
La vie est belle et bonne. Je me sens vivante comme un enfant ou comme une fleur de printemps, avec la conscience de la mort qui ouvre sa focale sur les jolies choses.
Je tressaille en songeant aux ruines de Waverley que, peut-être, je pourrais toucher de la main.J. M. Barrie demeure toujours le fil conducteur. Je vais dans le Surrey pour lui et il m'emmène sur les traces des Brontë, car il aimait Emily autant que je l'aime, je crois.
Dans le même esprit, je me rendrai un jour à Samoa - M. Golightly l'a promis et le mot impossible est un mot qu'il n'a jamais prononcé devant moi - sur les traces de son ami, Stevenson. Je suis prête pour ce genre de voyages qui m'auraient horrifiée il y a encore un an. Le voyage n'est plus la violence que je m'affligeais parfois. Je rêve si bien mes voyages qu'ils deviennent une part de moi.
[Joli recueil reçu récemment qui va s'ajouter à ma collection de livres anciens concernant Stevenson et l'époque à laquelle il appartient, volume auquel des fragments barriens sont insérés, ce qui le rend inestimable à mes yeux...]
Il rejoindra la dernière acquisition pour le musée Barrie, un livre assez rare qui contient un texte de Barrie que je n'avais pas encore lu et qui concerne... les ânes. En apparence, en tout cas...
Merveilleux week-end à Paris. "M. Golightly" est le maître de mes illusions autant que de ma réalité.
Point d'orgue : un très beau concert à Pleyel,
où nous nous étions rendus afin d'entendre, entre autres, Renaud Capuçon, virtuose violoniste, que j'admirais jusques alors, par disques interposés, sans avoir encore jamais assisté à l'un de ses concerts. My M. Anon m'avait prévenue en sa faveur et, quand on sait le niveau d'exigence de cet homme, devenu mon personnage de fiction préféré, c'était un gage inestimable pour moi de confiance.
Renaud Capuçon a interprété - non, il a incarné - le romantique Concerto pour violon de Mendelssohnn (opus 64) avec une ferveur et une fougue telles qu'à certain moment, à le voir et à l'entendre, je me suis dit que la vie valait vraiment la peine d'être vécue. Bien sûr, Renaud Capuçon est conscient de sa valeur, il possède l'impertinence de la jeunesse, manifeste une certaine fierté pour sa personne, mais témoigne d'une réelle générosité, d'un quelque chose qui va droit au coeur.
(Je n'ai pas résisté à la tentation de lui faire signer mon programme. Non pas que je sois une chasseuse de paraphes, quoi que...).
Le jeune chef Tugan Sokhiev est rigoureux et profondément humain avec ses musiciens. A la tête depuis assez peu du très bon Orchestre du Capitole, il semble creuser son chemin, avec beaucoup de conscience et de sûreté. Lui et son orchestre nous ont donné une grandiose interprétation de la Cinquième symphonie de Tchaïchovski, que j'essaierai de garder dans ma mémoire affective et sensorielle. (Je n'ai pas résisté à la tentation de lui faire signer mon programme. Non pas que je sois une chasseuse de paraphes, quoi que...).
Au hasard de mes pérégrinations dans les libraires de la capitale, je suis tombée nez à nez avec ce livre dans ma librairie du cinéma préférée :
et j'ai pensé à Fauna, ma si belle et si talentueuse amie, qui est de la race des reines. Elle avait écrit un noble billet sur cet acteur hors du commun. Elle avait saisi avec acuité la personnalité de cet être indéfinissable, de cette libellule-marionnette au sourire divin.
Ce livre est très pudique, très beau, taillé en pleine peau d'homme et d'âme. Il ne contient rien de trop et, en à peine cent vingt pages, cette miniature nous restitue l'élégance d'un homme que j'aurais aimé connaître, en qui je reconnais certaines des blessures qui sont miennes, et un certain idéal d'existence.
Ce livre est très pudique, très beau, taillé en pleine peau d'homme et d'âme. Il ne contient rien de trop et, en à peine cent vingt pages, cette miniature nous restitue l'élégance d'un homme que j'aurais aimé connaître, en qui je reconnais certaines des blessures qui sont miennes, et un certain idéal d'existence.
"Moi, je le dis avec orgueil, je n'ai jamais rien sacrifié pour la mangeaille." (p.19)
Je ne connais pas l'auteur de ce récit et, après avoir refermé le livre, je ne sais rien de lui, sinon qu'il a été capable de faire vivre cet autre, en qui certainement il trouvait des correspondances que l'amitié n'explique pas seulement. Peut-être a-t-il atteint ce que je nomme "le point d'effraction d'autrui" et que Deleuze nomme le charme, notion très profonde que seuls les superficiels par nature réduisent à des considérations épidermiques - alors que la peau, c'est ce qu'il y a de plus profond, pour parler comme Valéry - et qui est comme l'endroit où se cristallise la folie, la petite phobie ou obsession, qui nous sert de centre de gravité.
Il rêvait de lire sur scène une sélection des sonnets de Shakespeare dans la traduction de Jouve - dont j'ai lu le magnifique Paulina 1880, livre offert par un ami à Noël et dont il faudra que je reparle. Il n'a pas trouvé le financement. Triste moment où le réel de ceux qui paient déchire celui de ceux qui rêvent.
"Mais ne cherchez pas à comprendre, il est à la recherche de ses rêves d'enfants." (p. 109)
"Quand tu t'en vas où est le cimetière des heures parties ?
Dans mon coeur, dans mon coeur
(Il touche trois fois son coeur)
Je t'embrasse fort." (p.16)
Dans mon coeur, dans mon coeur
(Il touche trois fois son coeur)
Je t'embrasse fort." (p.16)
Regard brouillé de larmes en recopiant ces lignes.
Au revoir.
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- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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