jeudi 12 juillet 2007
Après la douleur exquise d'un ancien chagrin d'amour,
[Cliquez sur l'image pour l'agrandir...]
Quelques vidéos :
(La catalogue de l'exposition est en vente.)
À mon tour, je vous dis : "Prenez soin de vous."
ressorti de la naphtaline - car les artistes, qu'ils soient ou non écrivains au sens strict, sont tous des ordures qui portent leurs chagrins à la banque" (René Fallet) -, nous observons à nouveau, en voyeur, et par procuration, "la fin d'une liaison".
D'un courriel de rupture, qui se terminait par ces mots un peu lâches et d'une trop généreuse ou précieuse politesse : "Prenez soin de vous", Sophie Calle a donné naissance à une oeuvre, exhibée à la Biennale de Venise, cette année. Je la soupçonnerais presque d'avoir inventé ce courriel... Elle a soumis cette lettre électronique à des regards de femmes (qui exercent toutes des professions diverses), afin d'autopsier ce chagrin d'amour et, peut-être, de crucifier celui qui est présenté - très injustement - comme un "goujat". Si ce courriel n'est pas une invention, j'y verrai peut-être un manque d'élégance et, en même temps, une audacieuse manière de cautériser la peine de la part de Sophie Calle. Etrangement, j'ai plus de sympathie et d'admiration pour la personne qui a écrit ces mots de rejet que pour toutes les expositions autour de cet objet ou cadavre, cette relique d'une relation qui m'apparaît demeurer très loin de ce sentiment vivant que je nomme amour.
Karl Lagarfeld, l'insupportable maniéré, pathétique caricature d'une autre époque, prix Nobel minuscule de fausseté (je ne parle pas de ses créations, mais du personnage qu'il exhibe en société), a créé cette "robe de rupture" pour Chanel, portée par la toute aussi impossible Claudia S. - trop belle pour l'être vraiment... que l'on peut admirer dans la boutique Chanel de Venise.
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Sophie Calle : "Il y a deux ans et demi, j’ai effectivement reçu une lettre de rupture. Je m’étais déjà aperçue que jouer avec les événements de ma vie m’aidait à prendre de la distance, à m’adapter aux situations douloureuses. Je me suis donc emparé de cette lettre. Et cela a marché : le projet artistique a vite remplacé le manque. L’idée m’a tellement excitée que j’ai eu quasiment peur que cet homme revienne. Pour la Biennale, j’ai donc demandé à des femmes d’interpréter la lettre en fonction de leur profession. La correctrice corrige les fautes de ponctuation, la cruciverbiste fait une grille de mots croisés, la criminologue dresse un portrait-robot de l’auteur, la chasseuse de têtes se demande si elle l’embaucherait, la médiatrice familiale tente une réconciliation, la championne de tir à la carabine vise chaque fois le mot « amour » (...)"
L'interprétation ou analyse que j'ai préférée est celle d'une latiniste qui a mis en exergue une faute syntaxique - ma foi, bien pardonnable - à défaut de pouvoir fustiger une possible faute morale de la part du déserteur...
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À mon tour, je vous dis : "Prenez soin de vous."
Libellés :Biennale de Venise,Sophie Calle,Venise
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