mercredi 6 juin 2012
Peut-être que d'essayer de trouver du sens à ces deuils successifs est une manière de reprendre la main et de croire que l'on maîtrise quelque chose. Je ne suis pas dupe de mes stratagèmes d'enfant. Je n'ai jamais été dupe de rien, surtout pas de moi-même. Il faut se lever de bonne heure pour me rouler. Et pourtant... Allez, je m'invente une petite consolation. Faut bien. Pour mettre encore en branle la machine à vivre et à broyer. Encore un petit tour. Bessy, nommée ainsi en hommage à la chienne de Louis-Ferdinand Céline, est morte il y a un peu plus d'une heure. Je l'ai bercée et elle est partie rejoindre Porthos, le chien de Barrie. Elle était le premier chien que j'eusse adopté de toute mon existence. J'avais eu un coup de foudre pour elle. J'avais besoin d'elle, je crois. Mon amour pour elle était moins pur que le sien. M. Golightly et moi-même l'avions ramenée de Paris, où nous passions nos vacances, en juillet. Indescriptible épopée que ce retour ! Elle a commencé son existence chez nous par une fugue. Puis, peu à peu, elle m'a appris les bases de la... maternité ! Un animal, même vieux, demeure toujours à moitié un enfant : il en a l'enthousiasme et la sagesse un peu folle, que nous, pauvres vieux, ne comprenons pas. C'était la première fois que je me sentais investie d'une telle responsabilité. J'ai même eu la tentation, pendant quelques instants, de la rendre ! D'autres sont venus remplir la maison. Elle m'en a parfois voulu, je crois, de me partager ainsi. Mais pas trop. Nous avons vécu 14 années glorieuses. Voilà, c'est fini. Tout ce qui est beau meurt un jour. Et ce n'est pas encore vraiment fini, n'est-ce pas ? Après, on reste bien sagement, assis, en se tortillant à peine, comme un con, sur le bord du chemin, dans l'attente de notre mort prochaine ou, pire, de celle des aimés. Est-ce que tout cela en vaut la peine pour finir aussi salement ? Ne me parlez pas de mourir dans la dignité, d'accord ? C'est une connerie de lâches, ce genre d'expressions. Y'a pas de dignité à crever. Ni à vivre. La dignité, ça n'existe pas. C'est une sorte de savon verbal pour nous laver de toutes nos saloperies d'humain. On crève toujours dans sa merde, sa pisse et ses larmes. Et tout seul. Homme ou animal. Avec un avantage certain pour les bêtes, qui minaudent moins. "Je ne puis supporter la souffrance d'être heureux..." disait Cioran via Keats. Voilà, c'est ça. Lorsque l'on est follement heureux, on ne peut que déchoir. Et, plus le bonheur est immense, plus c'est progressif et plus la chute est vertigineuse. Quand on est heureux, on ne peut que vivre dans le désespoir. L'homme n'a pas la sagesse d'aimer assez et de regretter moins, d'être reconnaissant pour ce qu'il a eu et de ne pas pleurer ce qu'il n'a plus.
"... ce qui nuit dans l'agonie des hommes c'est le tralala... l'homme est toujours quand même en scène... le plus simple..." (Céline)
Bessy et sa petite soeur, qui, elle, Dieu merci, vit encore.
Bessy et Torcello, qu'elle a nourrie à la mamelle, lorsque je l'ai ramenée à la maison.
Elle la prenait pour son bébé.
Elles s'aimaient bien.
Beaucoup.
C'est fini tout ça.
Et il faut vivre avec.
Avec.
C'est-à-dire sans.
Auf Wiedersehen, Bessy.
Mamma.
***Cf. Yeats.
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