lundi 22 juin 2009
Renaud Camus est un très grand écrivain français. Je vous enjoins à lire son site - et ses livres. Sans omettre de contempler ses magnifiques photographies ici.
Même si je ne prise pas entièrement son œuvre, pour des raisons tout à fait subjectives dont il n'y a pas lieu de faire état ici, il me semble, cependant, impossible de ne pas reconnaître en lui la trempe de l'érudit, l'exigence extrême, la passion et la plume d'un valeureux chevalier des lettres, comme il n'en existe plus guère à notre époque et comme il risque de ne plus en exister, puisque nous sommes à l'ère de la médiocrité. Je n'ai pas l'optimisme d'un Deleuze qui estime que tout ceci fonctionne par cycles. En tout cas, je serai morte avant que la gloire des esprits neufs ne rayonne de nouveau sur ce monde.
Si j'avais plus de cervelle et plus de courage, si j'avais une once de talent tout simplement, il serait pour moi un modèle. Mais il est taillé, dans son domaine, à la mesure d'un dieu grec et je ne suis qu'un papillon dans le mien.
Son œuvre est impressionnante et l'homme a des courages tout aussi grandioses, d'autant plus méritoires que l'on vit dans un temps et un pays où certaines idées et certains mots sont interdits.
Il publie un deuxième volume
consacré aux demeures d'écrivain. Il me semble avoir signalé ici même l'existence d'un premier ouvrage, qui m'avait fort enthousiasmée.
Celui-là, reçu ce matin - un beau cadeau* inattendu - comporte quelques pages dévolues à James Matthew Barrie et à sa maison natale, à Kirriemuir. Renaud Camus a fait pour une multitude d'écrivains, en mille fois mieux que je ne pourrais jamais le faire, ce que j'ai essayé de faire (mieux que lui en cette seule occasion, mais j'y consacre une part de ma vie !) pour Barrie et quelques rares autres (une sorte de cartographie-biographie). Je suis une monomaniaque ; son esprit s'engouffre dans des dizaines de lieux vécus par des hommes du passé. Je crois que sa démarche illustre mon propos sur les lieux comme sédiments de l'œuvre.
Si j'avais plus de cervelle et plus de courage, si j'avais une once de talent tout simplement, il serait pour moi un modèle. Mais il est taillé, dans son domaine, à la mesure d'un dieu grec et je ne suis qu'un papillon dans le mien.
Son œuvre est impressionnante et l'homme a des courages tout aussi grandioses, d'autant plus méritoires que l'on vit dans un temps et un pays où certaines idées et certains mots sont interdits.
Il publie un deuxième volume
consacré aux demeures d'écrivain. Il me semble avoir signalé ici même l'existence d'un premier ouvrage, qui m'avait fort enthousiasmée.
Celui-là, reçu ce matin - un beau cadeau* inattendu - comporte quelques pages dévolues à James Matthew Barrie et à sa maison natale, à Kirriemuir. Renaud Camus a fait pour une multitude d'écrivains, en mille fois mieux que je ne pourrais jamais le faire, ce que j'ai essayé de faire (mieux que lui en cette seule occasion, mais j'y consacre une part de ma vie !) pour Barrie et quelques rares autres (une sorte de cartographie-biographie). Je suis une monomaniaque ; son esprit s'engouffre dans des dizaines de lieux vécus par des hommes du passé. Je crois que sa démarche illustre mon propos sur les lieux comme sédiments de l'œuvre.
J'ai l'agréable surprise de ne constater aucune erreur factuelle ou approximation déplacée dans ces pages qui parlent de Barrie et ce fait est tellement rare que je dois le dire. L'auteur parle en connaissance de cause, même si le propos demeure nécessairement extérieur. Sans être flatteuse ou trop dépréciative, la présentation est juste. Trop peut-être, pour l'être vraiment, mais au moins il parle assez bien de Barrie. Et il s'est abreuvé, sans nul doute à une excellente source, l'oeuvre d'Andrew Birkin. L'autre source, très perceptible, est assez exécrable ; mais Renaud Camus est trop intelligent pour s'y être laissé prendre, même s'il me semble avoir retenu quelques éléments (la relation de Barrie avec George Du Maurier, qu'il évoque mal, parce qu'elle est mal évoquée dans sa source).
Ma seule restriction concernant ces quelques pages, très précises et solidement documentées, c'est donc le sentiment que Renaud Camus semble ne pas croire que Barrie soit tout à fait innocent - même s'il le défend, par exemple, contre l'ignoble livre de Piers Dudgeon, le livre le plus malhonnête qu'il m'ait été donné de lire et un modèle du genre, sa seconde source identifiée, un ramassis de saloperies qu'il aurait mieux fait de ne pas lire - et donne le sentiment de rechercher le maléfice possible. Parce que la légende mortifère encadre mieux le portrait de l'auteur ? D'où la citation de D.H. Lawrence qu'il relève : "J. M. Barrie has a fatal touch for those he loves". Probablement, Renaud Camus a-t-il pêché la citation dans le livre excrémentiel de Dudgeon. Il faut la resituer, ce qu'il ne fait pas, et je ne le lui reproche pas. Il ne s'agit que d'une miniature, pas d'un portrait grandeur nature. D.H. Lawrence, qui était un ami de l'ex-femme de Barrie, écrit ceci dans une lettre à cette dernière, après la mort de Michael. Je crois que ceci donne de la perspective et cette remarque à l'emporte-pièce va aussi dans le sens des idées-forces personnelles de Lawrence à l'oeuvre dans son art.
C'est légitime. Mais il a tort. Il est facile de se laisser emporter par ce genre de superstitions. Moi-même, je tremble un peu en songeant à la parole de Barrie : "Malheur à celui qui écrira ma biographie !"
Pourquoi ne pas parler du tout de Nico, l'un des fils Llewelyn Davies ? Celui-là même qui, peut-être, a le mieux compris Barrie ?
Et plus qu'une malédiction engendrée par Barrie, il faudrait peut-être considérer d'abord celle dont il fut victime.
Je ne crois pas que Barrie ait "imparfaitement perçu" l'amour de sa mère, bien au contraire ; selon moi, cet amour n'était pas spécialement le genre d'amour que l'on peut attendre de la part d'une mère "suffisamment bonne".
Et il semble ignorer qu'en plus d'être objectif le livre de mon ami Andrew Birkin est également un chant d'amour pour Barrie. On n'offre pas trente ans de sa vie à quelqu'un que l'on n'aime pas avec passion, inconditionnellement. Je ne vois pas en quoi le livre d'Andrew peut laisser "une impression de malaise" dans le cœur du lecteur...
***
À recommander aussi ce très beau livre.
Renaud Camus a également publié un premier volume des Demeures de l'esprit en France.
Et le site de son "exégète" que j'ai renoncé à lire, il y a des mois de cela, mais qui présente une compilation passionnante d'éléments disparates.
* Merci infiniment, Jim.
Ma seule restriction concernant ces quelques pages, très précises et solidement documentées, c'est donc le sentiment que Renaud Camus semble ne pas croire que Barrie soit tout à fait innocent - même s'il le défend, par exemple, contre l'ignoble livre de Piers Dudgeon, le livre le plus malhonnête qu'il m'ait été donné de lire et un modèle du genre, sa seconde source identifiée, un ramassis de saloperies qu'il aurait mieux fait de ne pas lire - et donne le sentiment de rechercher le maléfice possible. Parce que la légende mortifère encadre mieux le portrait de l'auteur ? D'où la citation de D.H. Lawrence qu'il relève : "J. M. Barrie has a fatal touch for those he loves". Probablement, Renaud Camus a-t-il pêché la citation dans le livre excrémentiel de Dudgeon. Il faut la resituer, ce qu'il ne fait pas, et je ne le lui reproche pas. Il ne s'agit que d'une miniature, pas d'un portrait grandeur nature. D.H. Lawrence, qui était un ami de l'ex-femme de Barrie, écrit ceci dans une lettre à cette dernière, après la mort de Michael. Je crois que ceci donne de la perspective et cette remarque à l'emporte-pièce va aussi dans le sens des idées-forces personnelles de Lawrence à l'oeuvre dans son art.
C'est légitime. Mais il a tort. Il est facile de se laisser emporter par ce genre de superstitions. Moi-même, je tremble un peu en songeant à la parole de Barrie : "Malheur à celui qui écrira ma biographie !"
Pourquoi ne pas parler du tout de Nico, l'un des fils Llewelyn Davies ? Celui-là même qui, peut-être, a le mieux compris Barrie ?
Et plus qu'une malédiction engendrée par Barrie, il faudrait peut-être considérer d'abord celle dont il fut victime.
Je ne crois pas que Barrie ait "imparfaitement perçu" l'amour de sa mère, bien au contraire ; selon moi, cet amour n'était pas spécialement le genre d'amour que l'on peut attendre de la part d'une mère "suffisamment bonne".
Et il semble ignorer qu'en plus d'être objectif le livre de mon ami Andrew Birkin est également un chant d'amour pour Barrie. On n'offre pas trente ans de sa vie à quelqu'un que l'on n'aime pas avec passion, inconditionnellement. Je ne vois pas en quoi le livre d'Andrew peut laisser "une impression de malaise" dans le cœur du lecteur...
***
À recommander aussi ce très beau livre.
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Et le site de son "exégète" que j'ai renoncé à lire, il y a des mois de cela, mais qui présente une compilation passionnante d'éléments disparates.
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- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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