jeudi 8 août 2013
Le site Barrie n'est pas souvent et très peu mis à jour, je le regrette, mais je manque de temps et je suis seule à m'en occuper. Mais je privilégie les publications barriennes (le net, ce n'est que du vent, du versatile), alors que le papier, lui, traverse les siècles... Cela dit, je rappelle que, tous les jours ou peu s'en faut, je dépose un petit présent barrien ici. (Amateurs de Disney et autres saloperies à la Finding Neverland, passez votre chemin !) J'espère avoir le temps, dans quelques mois, de remettre en forme le site Barrie et de lui offrir d'autres développements. Cela pour répondre à quelques courriels reçus... Sans trahir un secret, les prochaines publications barriennes envisagées ou prévues sont les suivantes : une réédition du Petit Oiseau blanc (avec des "bonus") au mois de novembre, Mary Rose, Un Baiser pour Cendrillon, Der Tag et deux discours de Barrie, le diptyque Tommy et Le Petit Ministre. Je ne peux en dire plus ni mieux. Ceci est l'horizon barrien de la petite traductrice française...
Libellés :James Matthew Barrie
dimanche 4 août 2013
Pour mon amie Sophie, qui n'est pas encore allée à Venise, mais qui est la première vénitienne.
De retour de Venise... Depuis un moment déjà... Démunie comme je le suis chaque fois que je la quitte...
Venise est ma mère. Venise épouse et épie chacun de mes états d'âme. Il y a là quelque chose d'explicable, qui a tout de la folie. Si j'étais très riche, je quitterais tout pour vivre là-bas. C'est le seul endroit au monde que je désire. Je mesure même mon désir de vivre à ce seul désir particulier. Il est intact, donc je vais bien.
Venise est mon obsession depuis 17 ans, depuis le jour, où, pour la première fois, j'ai fait sa connaissance. Je ne savais rien d'elle et j'avais alors ressenti, en la découvrant, le plus grand choc esthétique de ma courte existence. J'avais passé toute ma vie, jusqu'à l'âge de 19 ans, dans ma ville natale, sans jamais la quitter, pas même pour faire dix kilomètres. J'étais un papillon sous verre, une enfant cloîtrée, punie, liée à un périmètre maléfique que je ne pouvais quitter. Et l'Enchanteur est venu et m'a délivrée du sort.
Les contes de fées existent dans la vraie vie. Je n'ai jamais cru au réel, c'est pour cette raison, probablement, que le rêve a tout écrasé sur son passage, pour briser le cercle de feu qui me retenait prisonnière.
Et, si comme le disent certains, les véritables vénitiens sont ceux qui, non pas habitent la ville ou y sont nés, mais ceux qui se sentent une affinité, une parenté secrète et troublante avec elle, alors je suis vénitienne. C'est une question de sang, de race... Des rêves entrelacés...
Les contes de fées existent dans la vraie vie. Je n'ai jamais cru au réel, c'est pour cette raison, probablement, que le rêve a tout écrasé sur son passage, pour briser le cercle de feu qui me retenait prisonnière.
Et, si comme le disent certains, les véritables vénitiens sont ceux qui, non pas habitent la ville ou y sont nés, mais ceux qui se sentent une affinité, une parenté secrète et troublante avec elle, alors je suis vénitienne. C'est une question de sang, de race... Des rêves entrelacés...
Je pensais ne jamais revenir au Lido depuis la fermeture et la transformation de l'Hôtel des Bains en résidence de luxe, car c'est un lieu qui demeurera à jamais synonyme des étés de ma jeunesse. Nous avons, cependant, décidé de nous aventurer à l'Excelsior, afin que notre fille découvre la mer pour la première fois. Il fallait que cette première fois soit somptueuse.
Il n'est que des premières et des dernières fois, n'est-ce pas Sir James ?
"MARY ROSE. – (…) La dernière fois en toute chose est toujours triste, ne trouvez-vous pas, Simon ?
SIMON, brusquement. – Il faut toujours qu’il y ait une dernière fois, mon adorée !
MARY ROSE. – Oui, je suppose… Pour tout… Un jour, je vous verrai pour la dernière fois, Simon. (Jouant avec les cheveux de son époux.) Un jour, je caresserai cet épi pour la millième fois et je ne le ferai jamais plus.
SIMON. – Un jour, je le chercherai et il ne sera plus là. Ce jour-là, je dirai : « Bon débarras ! ».
MARY ROSE. – Je vais pleurer. (Elle est plus excentrique que joyeuse et plus joyeuse que triste. Simon effleure de ses lèvres ses cheveux.) Un jour, Simon, vous m’embrasserez pour la dernière fois.
SIMON. – Ce n’était pas la dernière fois, en tout cas. (Pour le lui prouver, il l’embrasse encore, avec fougue, ne songeant pas que c’est peut-être la dernière fois. Elle frémit.) Qu’est-ce qu’il y a ?
MARY ROSE. – Je ne sais pas. Quelque chose m’a parcourue.
SIMON. – Vous et vos « dernières fois » ! Laissez-moi vous dire,
madame Blake, qu’un jour vous verrez pour la dernière fois votre bébé. (Il se hâte de préciser sa pensée.) Je veux simplement dire qu’il ne demeurera pas éternellement un petit enfant ; mais, le jour où vous le verrez bébé pour la dernière fois, vous le verrez pour la première fois devenu un petit monsieur. Songez-y ! "
“Et comment ! La plupart des gens ont pour premier souvenir une chose insignifiante : comment ils se sont coupé le doigt ou ont perdu un bout de ficelle. J’étais résolu à ce que ma fille ait un plus grand souvenir. J’étais pauvre, mais je pouvais lui offrir les étoiles."
Il n'est que des premières et des dernières fois, n'est-ce pas Sir James ?
"MARY ROSE. – (…) La dernière fois en toute chose est toujours triste, ne trouvez-vous pas, Simon ?
SIMON, brusquement. – Il faut toujours qu’il y ait une dernière fois, mon adorée !
MARY ROSE. – Oui, je suppose… Pour tout… Un jour, je vous verrai pour la dernière fois, Simon. (Jouant avec les cheveux de son époux.) Un jour, je caresserai cet épi pour la millième fois et je ne le ferai jamais plus.
SIMON. – Un jour, je le chercherai et il ne sera plus là. Ce jour-là, je dirai : « Bon débarras ! ».
MARY ROSE. – Je vais pleurer. (Elle est plus excentrique que joyeuse et plus joyeuse que triste. Simon effleure de ses lèvres ses cheveux.) Un jour, Simon, vous m’embrasserez pour la dernière fois.
SIMON. – Ce n’était pas la dernière fois, en tout cas. (Pour le lui prouver, il l’embrasse encore, avec fougue, ne songeant pas que c’est peut-être la dernière fois. Elle frémit.) Qu’est-ce qu’il y a ?
MARY ROSE. – Je ne sais pas. Quelque chose m’a parcourue.
SIMON. – Vous et vos « dernières fois » ! Laissez-moi vous dire,
madame Blake, qu’un jour vous verrez pour la dernière fois votre bébé. (Il se hâte de préciser sa pensée.) Je veux simplement dire qu’il ne demeurera pas éternellement un petit enfant ; mais, le jour où vous le verrez bébé pour la dernière fois, vous le verrez pour la première fois devenu un petit monsieur. Songez-y ! "
***
“Et comment ! La plupart des gens ont pour premier souvenir une chose insignifiante : comment ils se sont coupé le doigt ou ont perdu un bout de ficelle. J’étais résolu à ce que ma fille ait un plus grand souvenir. J’étais pauvre, mais je pouvais lui offrir les étoiles."
***
J'ai aimé, contre toute attente, revenir au Lido, même s'il est évident que je n'ai pas éprouvé l'émerveillement qui était celui de ces irréels étés à l'Hôtel des Bains. J'ai vieilli et, surtout, le monde a changé. Tristement changé. La clientèle de l'Excelsior n'a pas la classe désuète de feu l'Hôtel des Bains. Les lieux non plus. Mais il en est de même pour beaucoup de choses... Je ne reconnais même plus mon propre pays. Notre vieux monde est mort. Une fois de plus.
Et ce sont les barbares qui ont gagné. Ils n'ont pas eu beaucoup d'efforts à faire. La détestable "tolérance" est leur arme...
Reste l'Amour conjugué à deux et à trois – l'essentiel, le creuset d'un autre monde, peut-être.
Si Dieu le veut, nous reviendrons...
Au Lido peut-être. À Venise, c'est certain.
Quelques persistances rétiniennes...
Vues de la plage de l'Hôtel Excelsior, où j'ai passé de très beaux moments...
Et ce sont les barbares qui ont gagné. Ils n'ont pas eu beaucoup d'efforts à faire. La détestable "tolérance" est leur arme...
Reste l'Amour conjugué à deux et à trois – l'essentiel, le creuset d'un autre monde, peut-être.
Si Dieu le veut, nous reviendrons...
Au Lido peut-être. À Venise, c'est certain.
Quelques persistances rétiniennes...
Vues de la plage de l'Hôtel Excelsior, où j'ai passé de très beaux moments...
Après le Lido, retour à Venise, à la Locanda Orseolo, où, après trois séjours, nous nous sentons presque en famille...
Quelques lampions jaunes en l'honneur de la fête du Redentore... Comme chaque année... Emprunter une fois de plus ce pont provisoire pour rejoindre le dimanche, à midi, la Giudecca – notre rituel amoureux...
Toujours cela de pris à la mort.
J'ai acheté un guide pour suivre les traces d'Ezra Pound parmi les déliés de la Sérénissime, à la librairie Acqua Alta, où les livres par milliers sont empilés dans des baignoires et même dans une gondole. Enchanteur par fulgurance et également de très mauvais goût (des “capotes anglaises Casanova" qui traînent, une ceinture de chasteté, un escalier de livres qui permet, il me semble, de regarder sous les jupes des filles…) parfois, c'est un lieu à découvrir ! Mais, à aucun moment, je n’ai ressenti l’amour des livres dans l’agencement de cette librairie atypique. Le maître des lieux, très sympathique au demeurant, me semble fier de lui, de sa “création", mais peu intéressé par la littérature. Puissé-je me tromper !
Dernier petit-déjeuner de l'année, à Venise, au Florian, évidemment... La place est presque déserte, nous sommes les seuls clients du café, pour un moment encore... Sentiment d'avoir atteint le dernier degré de l'extase. Sentiment que tout peut s'arrêter, désormais...
Il n'y a rien d'autre après le bonheur, sinon la mort.
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- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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