mercredi 26 juillet 2006
Tournage dans un jardin anglais réalisé par Michael Winterbottom. Le titre anglais est tellement plus explicite qu'il est dommage de ne pas le citer :
  • A Cock and Bull Story
Ma (fausse) pudeur m'interdit presque de traduire ce qu'un simple dictionnaire vous dira, puisqu'il s'agit de l'anatomie masculine ainsi exhibée en larges lettres. Bien entendu, il est possible de concevoir l'autre sens (premier et bienséant) de l'expression : "une histoire abracadabrante". Tristram Shandy est un roman que j'adore. L'édition française, en Garnier-Flammarion, est très bien annotée, car c'est souvent le cas. Il me réjouit toujours par son audace, son caractère mutin et facétieux, son intelligence et ses secrets - car il en possède beaucoup, je le sais. Vous imaginez bien, pour ceux qui l'ont lu, que le roman est inadaptable, puisqu'il n'est que digressions en sarabande. La simple naissance du héros dure pendant plusieurs livres ! Le réalisateur, qui est aussi le scénariste sous un nom d'emprunt, a adopté une excellente et brillante solution pour remédier à la difficulté : raconter le tournage de cette impossible mise en images ! Ainsi, nous plongeons toujours plus loin dans diverses mises en abyme : des scènes du roman prétendument adapté, les digressions des comédiens, leur vie personnelle en dehors du tournage. La nuit américaine de Truffaut transpercée par des saillies qui clignent comme celles des Monty Python, et l'on joue à faire du pied ici et là (et du plat également) à l'industrie cinématographique et télévisuelle. Le propos est réjouissant et très malin. Je ne prétendrai pas qu'il s'agit là d'un très grand film mais sans conteste c'est un bon film qui mérite l'attention du spectateur et je gage que vous rirez et serez ravi, y compris si Tristram Shandy est votre livre de chevet. Rien n'est trahi. La célèbre page noire du roman y est, à sa façon, reproduite... Si Michael Winterbottom n'a pas autant d'esprit que Laurence Sterne - et qui aurait le front de le lui reprocher ? - il lui rend pourtant un hommage sans faille en étant digne de sa fantaisie. Et, pour mettre un point final à ce propos miniature, relisez donc Jacques le fataliste de Diderot et vous constaterez ce que chacun sait : l'encyclopédiste l'a plagié ouvertement et avec bonheur.
  • La fille à la valise de Valerio Zurlini Parisiens ! Profitez ! Deux films de Zurlini sont remis à l'affiche : La fille à la valise

(à l'Arlequin, dans le VIe) et Eté violent (toujours dans le VIe, au Saint-Germain-des-Près entre autres salles, que je n'ai pas eu le temps de voir, hélas...). Moins innocente que Holly Golightly* , le personnage de Claudia Cardinale, est difficile à saisir au vol. Est-elle une ingénue, pourrie au coeur malgré elle, ou une calculatrice de sang-froid, désinvolte et cruelle par inattention, qui anesthésie le coeur d'un jeune homme qui aime, vraisemblablement, pour la première fois ? Toute l'habileté du cinéaste est de ne pas répondre tout à fait à cette question et de faire de notre jugement une girouette. Probablement que rien n'est aussi simple à décider dans l'existence. Longtemps, j'ai vu la vie en noir et blanc, en une dichotomie serrée et aiguisée, quand tout le monde me répétait qu'elle était grise. Hélas, mes propres fautes m'ont conduite à fraterniser avec ceux que je méprisais de ne pas savoir choisir leur camp... Et j'ai pris la couleur de la cendre et de la poussière qui m'effrayait tant et j'ai failli. Pan ! Mais jamais je n'ai accepté cet état de compromis. Probablement ai-je, là encore, succombé à cette illusion qui s'empare de tous ceux qui blanchissent paradoxalement leur conscience au contact de la noirceur étalée et striée de ce qu'ils pensent être la norme. Cette conscience de la pureté est l'indice de ma déchéance, de la vôtre peut-être (sûrement, hélas), et le symptôme de mon échec. L'innocence ne se pense pas. Tout comme l'amour et le temps qui se détruisent dès qu'on les serre de trop près. Il faut la distance d'une forme d'inconscience bénie des dieux. "L'inexpérience est ce qui permet à la jeunesse de réaliser ce que la vieillesse sait impossible" disait Tristan B. Je suis persuadée que le premier amour
est celui qui va donner la forme au suivant- qui ne devrait peut-être pas exister car il nous rend définitivement mortels s'il n'est pas totale rédemption. Cette matrice du jouir et du pleurer est le squelette sur lequel viendra se greffer, lambeau après lambeau, les fruits du remords et de la chance, de l'impuissance et de la grâce. Pauvre enfant, qui sait bien qu'il n'est pas l'homme de la situation, comment pourras-tu aimer aussi bien dès lors ? La dernière image du film, lorsque l'angelot Perrin tend une enveloppe à la très jeune Claudia Cardinale et que la fausse ingénue demande s'il s'agit d'une lettre, il répond par l'affirmative. Précédemment, elle avait posé la même question, mais l'on comprenait qu'elle espérait de l'argent. Il lui avait dit qu'il s'agissait de billets, ne trouvant pas indélicat de l'aider aussi franchement. La vérité ne pouvait offenser puisque le coeur qui l'exprimait était pur et s'offrait à un autre coeur supposé aussi beau. Ici, elle réitère la question. Il répond cette fois qu'il s'agit d'une lettre. Il part. Elle ouvre le rectangle de papier qui ne contient que des billets. Son regard est triste. Le jeune homme a menti. Il a appris cette délicatesse qui, finalement, est offense et chute. Ce film m' a attristée parce qu'il dit trop bien ce que nous sommes. La sincérité n'est blessante que lorsque notre lâcheté nous a trop bien appris la politesse.

  • L'argent de la vieille (1972) - Lo Scopone scientifico est typique de la comédie italienne : exubérance, bavardage, hystérie collective et privée, humanité. Un des meilleurs films de Comencini selon moi !

Bette Davis, les dents jaunies par les ans, blanchie à la peinture satinée, est redoutable dans cette chance qu'elle étrangle d'une main de fer et qu'elle refuse de laisser aux autres. Joueuse de gros calibre, elle détruit sans pitié et avec le sourire un couple de chiffonniers qui pensent avoir moyen de la plumer, d'année en année. En vain. La couple Bette Davis et Joseph Cotten n'est pas sans rappeler celui incarné par Gloria Swanson et Erich von Stroheim dans Boulevard du crépuscule... Est-ce le destin du jeune Perrin évoqué plus haut ou bien se transformera-t-il en Lovelace ? La chute est un régal, facile à prévoir. La morale est que les enfants ont horreur de l'injustice. Et qu'ils sont de petits dieux, prêts à tout pour rétablir ce que la chance ou l'arbitraire leur vole ! * En 2005 est sorti un roman inédit de Truman Capote, retrouvé par hasard dans une boîte en cartons, qui annonce la nouvelle Breakfast at Tiffany's ! Il s'agit de ceci :
Je n'ai pas encore lu, puisque je l'ai acheté à Venise, mais je suis ivre de cette découverte. Je vais attendre pour le déguster. J'ai d'ores et déjà un programme de lecture concocté par Gaëlle.

J'ai acheté une vieille revue et j'ai trouvé des clichés qui m'inspirent. J'ai envie de partager mon enthousiasme. 
G.B. Shaw, une sacrée langue de pute (pardonnez l'expression facile et grossière mais qui correspond à la réalité, bien que lesdites langues doivent être plus généreuses que la sienne !), un esprit brillant, que j'aime et déteste à la fois... Sa nécrologie de Barrie (que je vais traduire pour le site de Barrie - je me remets en marche...) comporte à la fois des mots sublimes et une certaine incompréhension, que j'ai du mal à lui pardonner, car elle me paraît inspirée par un manque de tendresse.
Une Jane Eyre... Je ne sais pas qui est cette jeune femme qui prend la pose. Je lance une enquête...
De quelle Alice s'agit-il ? Celle du film de 1933, dans lequel joue Cary Grant ? [Je crois avoir trouvé ce film très rare et être en mesure de proposer des extraits ici même ! ] Peu probable puisque les photographies de Charlotte Henry ne semblent pas conduire à cette conclusion... Mais qui est-elle ? Dites-le, je vous en prie !
mardi 25 juillet 2006

Holly vous salue en son palais provisoire… Le carrosse se transformera bientôt en citrouille. Et j’aime autant la seconde, car les choses trop parfaites blasent vite. Je demeure muette mais je souris intérieurement. Et ce sourire est adressé à « Igor », qui se reconnaîtra par l’intermédiaire d’un autre…qui me l'a présenté, un jour.
J'espère pouvoir récupérer les vidéos des salons de l'inestimable Gritti - j'y ai croisé l'ombre de Julia Roberts et de Woody Allen ; ils l'avaient oubliée derrière eux... et je me propose, telle Wendy, de la recoudre - et surtout la vue de sa terrasse qui ouvre une vue inimaginable sur la Douane de mer, la Salute... Dîner ou prendre un petit-déjeuner sur le Grand Canal est presque irréel. Je n'oublierai jamais.
Jamais. Jamais. Jamais.
Et si l'éternité a un sens, à notre échelle microscopique d'homoncule, je l'ai vécue à un instant précis, lorsque le soir est tombé là-bas.
Je vous offre, pour finir, cette photographie d'une photographie (impossible double à la Hoffmann) de Julia à Venise...
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Venezia
Vidéo envoyée par misshollygolightly

On peut acheter ou louer de sublimes costumes pour le Carnaval. Je m'extasie devant les vitrines. Un facteur passe à côté de moi et se met à siffler mon air... Je n'ai pas rêvé ? Il s'adresse à Holly... Le hasard est beau.
lundi 24 juillet 2006
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Le Florian
Vidéo envoyée par misshollygolightly

J’ai tout de suite adoré les rideaux. C’est la première chose que j’ai remarquée et aimée sur la Place. Je crois que ce sont des objets symboliques pour moi. Ils ne sont pas aussi frivoles que moi car ils ont une fonction utile : ici, ils protègent de la chaleur ; je ne peux pas ne pas songer qu’ils dissimulent également des secrets et des vieilles blessures. Ils sont aussi poétiques que le reste, aussi incongrus que ce campanile qui m’a toujours paru collé de force sur la place en désaccord avec la Basilique… Le Florian est un de mes lieux de prédilection. A l’extérieur, sur la Place Saint-Marc, sous les arcades ou bien, l’hiver, dans les superbes salons passementés de velours, de glaces et autres luxes. J’y demeure une partie de mes journées lorsque je suis à Venise. J’aime son allure distinguée et ses personnages étouffés. On dirait des silhouettes découpées dans de la feutrine, mais elles sont toujours rigides, car il faut un poignet ferme pour tenir sur trois doigts les lourds plateaux d’argent. Quelle grâce chez ces hommes ! Casanova venait y faire tomber les belles. Lors du Carnaval, qui ne dure guère longtemps de nos jours, alors qu’il s’étendait sur des mois il y a très longtemps, il est exquis d’y rencontrer les vénitiens costumés si naturellement qu’ils ne semblent pas jouer le moins du monde. J’y retournerai un jour en robe blanche et en cape de velours crème, chaussée dans des bottines avec des rubans en soie en guise de lacets. Je serai princesse d’un jour ou d’une nuit. C’est promis. Il y a peu de visages, parmi les serveurs, qui me sont étrangers. Et leur prénom n’est point un secret car je suis un bon détective. Certains me reconnaissent. J’aime cette complicité latente qui ne consiste qu’en un sourire discret et en une demi-révérence. J’ai remarqué que les plus aguerris d’entre eux portent un nœud papillon noir (le nœud papillon est un objet hautement érotique à mes yeux) tandis que les plus jeunes au service arborent le même artifice mais en blanc. Lorsqu’ils s’interpellent entre eux, ils produisent un drôle de son mouillé qui ressemble à s’y méprendre à un baiser. Tendez l’oreille. Ils sont très regardés et photographiés et prennent la pose de bonne grâce. Lors de la belle saison, il y a des musiciens. Chaque année, j’ai peur de ne pas retrouver « mon » accordéoniste, celui que je viens écouter depuis le premier jour. S’il partait, mon plaisir serait amputé de quelque chose d’essentiel. Ce serait un mauvais présage. Je déteste lui annoncer mon départ et je ne le fais presque jamais. Ainsi, il me voit arriver mais jamais m’enfuir. Je ne viens qu’aux heures où il joue, car il y a, bien sûr, deux équipes de musiciens qui se relaient pour le bon plaisir des passants. La plupart d’entre eux ne les écoutent pas et oublient de les applaudir. Cela me révolte et je les rétribue de toutes mes forces au moyen de deux mains gauches. Au loin, on entend ceux du Quadri (l’autre grand café – plus viennois, moins élégant, mais qui possède un bon restaurant au premier étage et ses mérites), qui leur font écho. Leur travail est une besogne de forçat si l’on considère la chaleur aux pires heures du jour. Mon accordéoniste paraît souvent fatigué mais je sais qu’il aime jouer dans son cœur et jamais interprétation de New York New York ne me fit autant d’impression que lorsqu’il me l’offre. Il la joue avec des petites cuillères… en effet, il maîtrise un certain nombre d’instruments de musique. Le soir, lorsque le frais recouvre la Place, il reprend vie et joue le Concerto d’Aranjuez à la clarinette.
Venise, campano San Giovanni e Paoli Vidéo envoyée par misshollygolightly
J'ai rêvé Venise avant de la connaître physiquement si tant est que les rêves ne soient pas corpusculaires, émanations épicuriennes qui vrillent la rétine... De toute façon, je vais mourir là-bas, puisque mes cendres y seront déposées. Je veille au grain, c'est le cas de dire... bien que celui de ma vie soit davantage papier de verre que poudre de riz. Je me demande si mes cendres teinteront une seconde la lagune. La douane de mer m'a longtemps servi de reposoir, pour mes lettres secrètes et mes souvenirs qui n'en étaient pas encore, qui n'étaient alors que des œufs à la coque où tremper le bout de ma mémoire. J'aime beaucoup Jean d'O. parce qu'il est désuet, brillant et cultivé. Cet homme est d'une extraordinaire gentillesse - à moins qu'il ne s'agisse que de politesse, d’une formalité, quoique ses yeux bleus soient trop bons pour n'être pas un peu véritables. Mais il n'est pas un écrivain que j'admire, pour qui je me damnerais, en qui je me reconnais. Il possède de l'esprit mais cela ne suffit pas à faire de lui, à mes yeux, un romancier. Or, le roman est mon genre ou mon sexe, si l'on peut considérer que les écrivains (y compris les ratés dont je suis) sont désignés par leur genre (essai, roman, étude, biographie, monographie, etc.). De ce point de vue, je suis peut-être bisexuelle, car l’essai est aussi ma tentation suprême. J'ai fait la connaissance de Venise, il y a dix ans. Ce fut mon premier voyage hors de la sphère de mon petit et tyrannique moi intérieur. Je ne fus pas enfant voyageur et je n'avais pas vogué hors du giron natal, excepté pour mes examens de philosophie, une fois par an, puisque j'ai toujours étudié seule. Ma force et ma faiblesse, l'une à cause de l'autre. Venise m'a choquée, claquée et mise en demeure de l'aimer. Chaque année, je lui rends visite comme à une vieille dame fatiguée, coquette et cruelle. Elle est belle, ridicule et minaude. Cette année, je la fête autrement. Je l'aime et m’autorise une distance à travers l’œil de la caméra. L'été est réputé pour être la saison la moins agréable selon les sybarites. Je n'acquiesce pas. Certes, les touristes (et pourquoi m'exclure de ce commun vulgaire sous prétexte que nous nous connaissons un peu intimement ?) sont des hordes qui menacent de vous écraser sans l'ombre d'une pitié sous un soleil martien. Le Pont des Soupirs est l'endroit par excellence où vous menacez de rendre l'âme. Bel hommage aux prisonniers des Plombs ! Venise est un cliché. Si vous parlez d'elle, vous devenez ridicule et balbutiant. Je prends le risque ; je n'ai pas tant d'estime pour moi et puis je zézaie déjà depuis des lustres. Les déclarations d'amour sont toujours stupides ou touchantes ; tout dépend du moment où elles se présentent dans l’esprit de celui qui les reçoit. Je suis de celles qu'elles rendent souvent désespérées. Venise-cliché mais réalité. Celui de l'amour et de la mort, exacerbés et tiraillés par cette berceuse, par ces mains qui vous frottent entre ciel, terre et mer, qui prennent et nouent ces trois pans. Thomas Mann, Ruskin, Byron, Casanova et consorts. Venise est impossible. J'aime sa démesure et sa désinvolture, ses eaux stagnantes et, parfois, légèrement puantes, sa verdeur et ses arcs-en-ciel. Poupine, ronde et raide, Venise est un échec pour dire, penser et vivre. A peine autorise-t-elle des rêves qui vous trouent le crâne dès que vous lui tournez les talons. Venise donne des crampes à mon imaginaire, brutalement sevré par un départ précipité en bateau-taxi. A Venise, comme à New York (différemment), je m'autorise à me croire autre. Et, n'étant pas femme pour rien, je deviens alors moi-même, pour (la) contredire. Je suis un rôle, une pierre, une éraflure dans ses fondations. Je me jette du haut du Campanile et je me demande si je serai clémente envers mes buts inavouables. Je suis là pour elle ; je guette ses signes et je singe George Sand, quelque part, dans un mauvais coin de ma tête. Pauvre Alfred ! Cette année, j'ai emporté un manuscrit au lieu du traditionnel Dickens. J'ai été bouleversée de lire ce roman, qui sera bientôt publié. Son auteur se reconnaîtra. Je n'avais jamais lu un livre avant sa naissance officielle. Plongée in utero même si l’enfant est bel et bien présent. Le lire à Venise me paraissait une belle idée, une manière de lui faire prendre les couleurs de l'Italie, de lui forger un berceau porte-bonheur. Il n'en aura pas besoin, car il est heureux, dans tous les sens du terme. Je t’aime, joli roman ; je t’ai même embrassé. Je peux publiquement avouer que j'aimerais écrire un livre qui ait autant de force, de beautés, de tendresse, de cruauté, qui parle autant à l'enfance qu'aux adultes, à notre moi profond et à celui qui se cache, couard et roublard. Moi, je mégote ; lui il m’indique la voie. C'est un livre courageux. J'ai l'outrecuidance de prétendre le comprendre, car il me parle avec une violence, une vérité, et une douceur dont j'ai besoin. Je prédis que son auteur connaîtra la reconnaissance qu'il mérite. J'ai vécu intensément, à son rythme, cette histoire, qui dit ce que je ne sais que gueuler ou souffler. J'ai eu la désagréable surprise de constater que je ne pouvais pas extraire la totalité des mes films vénitiens (Guérine, si tu me lis, pardonne cette dénomination : en guise de film, on a droit à un flux et un reflux d'images saccadées qui donnent l'impression que je suis parkinsonienne !!!) des DVD ! Je peux les lire sur mon téléviseur et sur mon ordinateur mais point les extraire pour les transmettre ! J'ai seulement pu sauver quelques prises en les refilmant sur mon écran d’ordinateur ! Je suis mortifiée, car j'avais reconstitué des scènes de Mort à Venise version Holly sur les lieux : à l'Hôtel des Bains et sur la plage privée du Lido qui lui est attenante - la seule où je pose mon postérieur (et en robe de soirée, si possible) ! Vous auriez pu entrevoir Holly s'enfonçant dans les eaux (je ne sais pas nager), vêtue d'un de ses célèbres jupons noirs, corsetée jusqu’à l’asphyxie ! Ce film-ci ne répond plus sur le disque. Cette vidéo débute sur le Campano San Giovanni e Paolo, non loin de la librairie française. La tenancière, en dix ans, n'a jamais consenti à un sourire. Je suis toujours frappée par ce manque d'hospitalité et de chaleur chez les êtres. Son mari est nettement plus avenant ; hélas il n’était pas là et je n’ai pu lui parler de Corto Maltese, que j’ai envie de découvrir. Nous nous situons près de l'hôpital, qu'il suffit de contourner pour apercevoir l'embarcadère où arrivent les ambulances et les pompes funèbres. Chaque année, j'y croise un mort. Le cimetière, sur l'île de San Michele, qui s'impose à vous, sur sa longueur rose et orange, est juste en face. Dommage que mon extrait ait mêlé les couleurs dans un fondu infâme. Je contemple deux petites culottes qui sèchent sur un fil. J’aime cette exposition de l’intime rendu publique et anodin. Je mesure le dérisoire de nos vies. Je suis heureuse.
Post-scriptum : une "private joke" à un ami écrivain, un clin d'oeil involontaire à Sept ans de réflexion et quelques cameo appearances à la Hitchcock !
dimanche 23 juillet 2006
Bonjour mes tendres amis et lecteurs ! Vous m'avez manqué ! Petit message personnel. Je suis de retour et ma hotte déborde d'idées, de vidéos et de billets. Je vais tenter de redescendre sur terre, de remettre en place mon centre de gravité et de me jeter dans la rédaction de mon JIACO, délaissé le temps d'une trêve vénitienne et parisienne. En tout cas, à Venise, dans une boutique que j'adore (où je colle ma pupille sur chaque objet que je dévore des yeux mais je n'achète jamais rien, parce que le choix est trop difficile et onéreux), j'ai rencontré Peter Pan ! Une preuve ?
Et je n'ai guère résisté à ceci : un Peter Pan articulé en porcelaine !

Et je ne me suis pas ruinée car les jolies petites choses à quelques euros voisinent avec des choses nettement hors de prix mais magnifiques. Je n'ai jamais compris pourquoi ces poupées excessivement chères ont toutes l'air si triste... N'ont-elles personne pour les cajoler ?

J'ai mis la main sur ces mignons oursons dans leur petite boîte. Une édition limitée à vingt exemplaires m'a indiqué fièrement le vendeur. Il me faudra faire comprendre à mes chats que le cadeau ne leur est* pas destiné...

Mon bonheur tient à ces quatre planches de bois où mon sourire est enfermé !
* Charmant lapsus noté par Siréneau : j'avais écrit "ai" à la place de "est".
mercredi 12 juillet 2006
Un nouvel opus d'Alan Moore est toujours en soi un événement. Le livre est quasiment inédit mais pas neuf car l'oeuvre a été entamée il y a une quinzaine d'années... Ce livre me touche de plus près puisque le célèbre excentrique et provocateur du monde des comics a commis une oeuvre délictueuse, qui met en scène trois figures féminines bien connues de la littérature... Wendy (Peter Pan), Alice (Alice au pays des merveilles) et Dorothy (Le magicien d'Oz). Là où le bât blessera certains, c'est que l'ouvrage est pornographique. Disons-le clairement. On ne se cachera pas derrière les dentelles du mot érotique, qui me paraît très hypocrite, donc encore plus impudique. Je ne suis pas coutumière de ce genre de littérature, qui m'ennuie au plus haut point, qui est rarement excitante même pour les peineux, mais connaissant Alan Moore, je suis persuadée que le livre vaut le détour. Cet homme est réellement brillant et cultivé et l'un des rares auteurs de comics qui ait un authentique talent d'écrivain. Je lui accorde par avance ma confiance. Sortie prévue fin juillet, si les ligues de vertu n'organisent pas un autodafé d'ici là... J'en connais déjà qui hurlent au scandale, un certain hôpital par exemple, alors qu'il n'est pas gêné outre mesure de commanditer une suite à Peter Pan... Je me demande bien où se situe le respect dû à l'oeuvre de Barrie dans ces considérations financières...
"L'essence de la "nouvelle", comme genre littéraire, n'est pas très difficile à déterminer : il y a nouvelle lorsque tout est organisé autour de la question "Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?" Le conte est le contraire de la nouvelle, parce qu'il tient le lecteur haletant sous une toute autre question : qu'est-ce qui va se passer ? Quant au roman, lui, il s'y passe toujours quelque chose, bien que le roman intègre dans la variation de son perpétuel présent vivant (durée) des éléments de nouvelle et de conte." Deleuze - Guattari, Mille Plateaux.

Je n’étais pas particulièrement prédisposée à lire Kleist (1777 - 1811). Je l’ai connu en lisant la superbe trilogie de Philip Pullman, puisque ce dernier s’y référait, au moins implicitement (Iorek l’ours imbattable à l’épée, la dichotomie entre l'expérience et l'innocence...). Mais mon travail sur la tragédie m’a jetée sur la route des grands auteurs qui maniaient les sentiments en fusion – dont Kleist. Je devais donc le rencontrer quoi qu’il advînt. En effet, Kleist est l’un des grands tragiques de l’histoire littéraire. C’est une âme torturée, romantique et difficile à attraper au lasso de la pensée. C’est une âme en souffrance qui souffla son génie aux quatre vents. Le drame profond de Kleist est peut-être d’exister trop intérieurement, comme ces boutons de rose qui n’arrivent pas à maturité suffisante pour s’expulser de leur coque verte et pourrissent, à moins qu’elles ne languissent, à l’intérieur du berceau végétal, retardant tellement leur explosion qu’elles perdent mesure du temps, de l’inexorable. Le développement s’achève dans une immobilité stérilisante. Certaines reines abeilles meurent ainsi, cloquées dans leur alvéole. Kleist est inachevé ou il le croit tant que cela revient au même. Il vit dans la nostalgie d’un irréel, celle d’un état antérieur qu’il n’a pourtant pu connaître ailleurs que dans ses songes, dans un avant sans matérialité.

La chute originelle est celle du savoir qui corrompt tout ; aucune action pure n’existe en ce monde. La sincérité d’un cœur est indicible. Nous sommes les mercenaires d’une fausseté consentie depuis l’aube des temps. Nous nous soumettons à cette fatalité car nous ne pouvons la briser. L’innocence retrouvée est celle de l’instant d’inattention à soi. Jankélévitch est celui qui a le mieux parlé de cet infinitésimal. L’enfant est déjà talé car il sait aussi bien maniérer que l’adulte. Observez les petites filles qui s’entraînent à cette odieuse forme de séduction – celle-ci n’est pas tout à fait abjecte, car l’enfance possède une grâce accidentelle, et on lui pardonne. Mais cette grâce est davantage esthétique que morale, vous en conviendrez peut-être.

Le théâtre des marionnettes (1810) peut presque se lire comme un délectable essai phénoménologique ou bien comme une réflexion ajourée, de portée métaphysique. La mécanique de la conscience est exposée par la médiation de la poupée. Malgré l’extrême concision d’un texte qui ne dépasse pas quinze pages, il est indéniable que Kleist donne vie à une conception de l’existence humaine qui, si elle n’est pas originale, a le bon goût de s’exposer dans la finesse d’une métaphore parfaite. Il fait jouer devant nos yeux un mouvement et expose notre ressort. Il devient l’instrument de notre autoscopie. Il y a paradoxe. Comment dire de l’intérieur ce qui ne se montre que de l’extérieur ? Deleuze, je m’en rends compte à l’instant, écrivit ceci :

« C’est que les éléments de son œuvre [celle de Kleist] sont le secret, la vitesse, l’affect. Et le secret n’est plus chez lui un contenu pris dans une forme d’intériorité, au contraire il devient forme, et s’identifie à la forme d’extériorité toujours hors d’elle-même. »
(Deleuze et Guattari, Mille plateaux)

Là où Bergson définissait à juste titre ce qui provoquait le rire comme la résultante du mécanique plaqué sur du vivant, Kleist n’agit pas différemment en invoquant un inverse, le vivant qui se superpose à la matière. Dans La double vie de Véronique de Krzysztof Kieslowski, le marionnettiste, Bruce Schwartz (marionnettiste dans la vie réelle), nous donne peut-être ce que Kant nous a toujours refusé : une intuition intellectuelle. Il est très remarquable de constater que cet homme de l’art ne cache pas ses mains dans des gants noirs, car nous finissons par ne plus voir ses mains. La magie du geste sublime rend aveugle au prosaïsme. Il est possible que Bergson ait eu connaissance du texte de Kleist, mais rien n’est sûr, car il donne un autre aperçu des rapports entre le vivant et le figé.

Lecteur de Kant qu’il comprend mal, Kleist s’imagine que ce dernier renonce à la connaissance humaine ; puis, il songe que la conscience nous prive du bonheur. Ce thème est celui, bien entendu, de la Genèse mais aussi du Paradis perdu de Milton. Kleist est persuadé que la raison est une malédiction. Mais la conscience de sa propre damnation ne permet-elle pas à un accent divin de s’élever, au sublime d’éclore sur le fumier de l’âme humaine ?

Cet opuscule s’inscrit dans un horizon rousseauiste idyllique. Le propos est simple : un danseur d’opéra prétend que les marionnettes possèdent plus de grâce que n’importe quel danseur car elles ne subissent pas cette malédiction qu’est l’affectation, autre nom d’une conscience trop consciente d’elle-même, qui ne fait plus porter le poids de son attention dans la précision du geste mais dans le regard intérieur ou dans celui du spectateur. La matière brute et les deux dieux seuls possèdent cette innocence gesticulatoire. C’est ainsi que l’on en revient à mon précédent billet consacré au jeu de rôle ou à la mauvaise fois sartrienne de la coquette. Que serait une conscience pure, qui ne se dédoublerait pas ? Poser la question est impertinence et déjà une faute.

« Chaque mouvement avait son centre de gravité ; il suffisait de le diriger, de l’intérieur de la figure ; les membres, qui n’étaient que des pendules, suivaient d’eux-mêmes, sans autre intervention, de manière mécanique.

Il ajouta que ce mouvement était fort simple ; chaque fois que le centre de gravité se déplaçait en ligne droite, les membres décrivaient des courbes (…) cette ligne était extrêmement mystérieuse car elle n’était rien d’autre que le chemin qui mène à l’âme du danseur ; et il doutait que le machiniste puisse la trouver autrement qu’en se plaçant au centre de gravité de la marionnette, ou en d’autres mots, en dansant. »

(Trad. Jacques Outin, Ed. Mille et une nuits)

Ce texte me paraît une image possible du créateur littéraire.

Un an après l’écriture de ce texte, Kleist se suicidera avec son aimée, Adolfine (rebaptisée Henriette) Vogel, qui était atteinte d’un cancer sans espoir de rémission. Les suicidés sont mes frères. Ils sont, pour certains d’entre eux, comme des adultes mort-nés, qui sont entrés dans notre monde par erreur. Trop tôt ou trop tard. Ils clopinent dans les interstices.

lundi 10 juillet 2006

En retrait de L'image-mouvement et de L'image-temps, mais de manière complémentaire, Deleuze a donné des cours à Paris VIII consacré à cet objet singulier qu'est le cinéma dans une perspective bergsonienne. Il invente ici une philosophie du cinéma. Le propos est étincelant. Gallimard édite en CD 6 heures de cours. Je vous propose un long extrait, dans l'espoir que cela donnera à certains l'envie de le lire ou de l'écouter. J'espère avoir l'occasion de vous proposer bientôt un billet digne de ce nom sur ce sujet. deleuze. Pour les commander, c'est ici.
jeudi 6 juillet 2006
[Petit fragment pendant qu'un peintre s'occupe de mon plafond. Et tant que mes mains sont propres...] Impossibilité de se laisser prendre tout à fait au sentiment des autres, aux siens en propre. On vivote entre deux eaux. Il y a une distance entre soi et la représentation que l'on donne, mi-conscient mi-innocent de cette dualité ou duplication de l'être qui s'expose et se retire instantanément. Sartre en a exposé magistralement les mécanismes de la mauvaise foi et du rôle dans L'être et le néant. La coquette à son premier rendez-vous et le serveur.
Dans la mauvaise foi, il n’y a pas mensonge cynique, ni préparation savante de concepts trompeurs. Mais l’acte premier de mauvaise foi est pour fuir ce qu’on ne peut pas fuir, pour fuir ce qu’on est. Or le projet même de fuite révèle à la mauvaise foi une intime désagrégation au sein de l’être, et c’est cette désagrégation qu’elle veut être. C’est que, à vrai dire, les deux attitudes immédiates que nous pouvons prendre en face de notre être sont conditionnées par la nature même de cet être et son rapport immédiat avec l’en-soi. La bonne foi cherche à fuir la désagrégation intime de mon être vers l’en-soi qu’elle devrait être et n’est point. La mauvaise foi cherche à fuir l’en-soi dans la désagrégation intime de mon être. Mais cette désagrégation même, elle la nie comme elle nie d’elle-même qu’elle soit mauvaise foi.
Considérons ce garçon de café. Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa voix, ses yeux, expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voilà qui revient, en essayant d’imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate, tout en portant son plateau avec une témérité de funambule, en le mettant dans un équilibre perpétuellement instable et perpétuellement rompu, qu’il rétablit perpétuellement d’un mouvement léger du bras et de la main. Toute sa conduite nous semble un jeu. Il s’applique à enchaîner ses mouvements comme s’ils étaient des mécanismes se commandant les uns les autres, sa mimique et sa voix même semblent des mécanismes ; il se donne la prestesse et la rapidité impitoyables des choses. Il joue, il s’amuse. Mais à quoi donc joue-t-il ? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café.
Lorsque le je distant, offert au regard et à la perception et le je intérieur, insondable, inviolable se rejoignent, à de rares instants, il y a comme un léger trouble ou un recul de soi en soi-même. L'impression est celle que l'on éprouve dans le viseur d'un appareil photographique. Préhension et appréhension. Perception et aperception. Je songe à Kant. Il me faudra parler de lui à ce sujet. Un autre jour. On peut reconnaître dans le jeu cette mise à distance et en présence des diverses instances du je. Un court texte de Freud dit magistralement tout ceci autrement. Mais la relation me paraît évidente, bien que forcée ici par un manque de temps pour la dire comme je le désire. Le psychanalyste n'est pas phénoménologue. Il ramène tout à un présupposé, à un priori, qu'il suppose vrai ou pour le moins vraisemblablement efficient et véridique. J'ai longtemps eu le sentiment que Freud pouvait lire entre et dans mes pensées. Ce sentiment doit être partagé par ceux qui le lisent en ayant la sensation de se découvrir. Le petit essai de Freud Der Dichter und das Phantasieren est le genre d'études freudiennes subtiles et pertinentes que j'aime lire. Freud explique que nos fantaisies quotidiennes, nos rêves éveillés procèdent d'un mécanisme identique au jeu enfantin et à la création littéraire. "Je crois que la plupart des hommes, en certaines périodes de leur vie, forgent des fantaisies." Le propre de ces fantaisies est leur caractère plus ou moins tabou pour ceux qui les créent ou les abritent, car ils s'imaginent déchoir de leur statut d'adulte en s'y adonnant, présentant instinctivement la parenté de ces "rêves éveillés" avec le jeu de l'enfant, devenu condamnable. Or, Freud expose magistralement ici le lien qui unit le mécanisme du jeu à celui de la création littéraire (par exemple). "(...) chaque enfant qui joue se comporte comme un poète." Il faut entendre le mot de poésie dans son étymologie grecque, bien entendu. Le jeu de l'artiste est aussi un faire valoir pour les désirs étouffés de l'être qui trouvent alors moyen de s'exprimer, voire être satisfaits pour une part, dans cet univers illusoire (mais sérieux, car ce n'est pas le sérieux le contraire du jeu, mais la réalité) ouvert par l'oeuvre. Jeu, fantaisie (rêve éveillé par exemple, mais il en est d'autres à la portée du sujet qui s'ignore artiste de l'instant) et création ont en commun une nature identique, qui engage imitation, consolation et sublimation de l'inflexible réalité. "Les désirs insatisfaits sont les forces motrices des fantaisies."

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