lundi 2 juin 2008
Non, je n'évoque pas le film admirable 
ni le livre (Il Disprezzo) non moins dépourvu de valeur.
Je ne songe qu'au simple et entier mépris, ce sentiment de pure offense et de honte mordante que l'on peut ressentir face à une personne à la place de cette dernière, qui n'aurait jamais l'idée et la grandeur d'éprouver pour elle-même cette glaciation de la conscience. Le mépris est donc, dans quelques circonstances, le sentiment d'une noblesse non respectée en l'homme, d'un piétinement de ses possibles qualités (parfois, il est vrai, supposées à tort), et la colère du spectateur face à cette négligence d'autrui et à ce tort qu'il se fait d'abord à lui-même.
Il n'est pas non plus exclu de se mépriser un peu soi, en certaines occasions ; et, pour ce faire, de se tenir comme à distance respectueuse de son moi et de le juger sévèrement. Hygiène nécessaire et salvatrice tant qu'elle est tempérée par un amour-propre assez sûr, mais point trop, au risque de verser dans l'excès d'orgueil. Amour-propre que l'on prendra pour une saine estime de soi, qui n'est en rien redevable à la conception rousseauiste, bien au contraire.
Je prétends, par conséquent, que le mépris est un généreux bienfait que l'on accorde, lorsque ce mépris est profondeur et réflexion, et non l'expression d'une émotion superficielle ou déraisonnable.
C'est ainsi que je méprise un certain nombre d'êtres, non pas parce que je me sens supérieure à eux, mais parce que je les aime encore assez pour n'être point tentée de faire preuve du plus insolent (et parfois lâche) des cynismes à leur égard et parce que je ne suis pas encore tout à fait indifférente à leur sottise.
L'espoir de les voir s'améliorer, de s'élever jusqu'au faîte de leur être véritable, demeure en moi ; c'est ainsi que la fatale déception de cet idéal, en guise d'horizon, nourrit souvent mon mépris ; mais, jamais, n'effleure de trop près mon arrogance à aimer et à vivre au-dessus de mon apparente condition intellectuelle et sensitive.


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Mais on peut penser à mon antipode et concevoir ainsi le mépris - il est vrai, pour d'autres raisons que les miennes...

MÉPRIS, s. m. (Morale) L'amour excessif de l'estime fait que nous avons pour notre prochain ce mépris qui se nomme insolence, hauteur ou fierté ; selon qu'il a pour objet nos supérieurs, nos inférieurs ou nos égaux. Nous cherchons à abaisser davantage ceux qui sont au-dessous de nous, croyant nous élever à mesure qu'ils descendent plus bas ; ou à faire tort à nos égaux, pour nous ôter du pair avec eux ; ou même à ravaler nos supérieurs, parce qu'ils nous font ombre par leur grandeur. Notre orgueil se trahit visiblement en ceci : car si les hommes nous sont un objet de mépris, pourquoi ambitionnons-nous leur estime ? Ou si leur estime est digne de faire la plus forte passion de nos ames, comment pouvons-nous les mépriser ? Ne seroit-ce point que le mépris du prochain est plutôt affecté que véritable ? Nous entrevoyons sa grandeur, puisque son estime nous paroît d'un si grand prix ; mais nous faisons tous nos efforts pour la cacher, pour nous faire honneur à nous-mêmes.
De-là naissent les médisances, les calomnies, les louanges empoisonnées, la satyre, la malignité & l'envie. Il est vrai que celle-ci se cache avec un soin extrème, parce qu'elle est un aveu forcé que nous faisons du mérite ou du bonheur des autres, & un hommage forcé que nous leur rendons.
De tous les sentimens d'orgueil, le mépris du prochain est le plus dangereux, parce que c'est celui qui va le plus directement contre le bien de la société, qui est la fin à laquelle se rapporte l'amour de l'estime.

[Encyclopédie de Diderot et d'Alembert]

En gage aimable de mon plus profond mépris à qui le mérite...

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