mercredi 31 décembre 2008
Pour J.S. que j'admire et pour qui j'éprouve une grande affection.

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Aujourd'hui, j'ai encore et toujours envie de parler de J.M. Barrie. J'ai acquis des livres rares, des vieux journaux, des traces de lui, relevées en Amérique et en Angleterre, durant ces (longs) derniers mois, dont certaines pièces rarissimes et d'autres tout simplement émouvantes.







(Lire un article de Chesterton, comme si je le lisais dans un magazine actuel est une drôle de sensation...)

  Tout ceci est posé ici et là dans la maison et attend les déploiements de ma patience et de ma ferveur. Je trouverai le temps, bien sûr ; on le trouve toujours pour ce que l'on aime vraiment. Tôt ou tard.

J'écoute de la cornemuse. En ce moment, je vis, du moins en imagination, en Écosse. Je rêve des îles que j'irai visiter, peut-être, au printemps. Et quand je pense en riant qu'il est des êtres en ce monde qui n'aiment pas la cornemuse... (Vilain ! Oui, toi, qui ne me liras pas de toute façon ! Oser conspuer un tel instrument... ! Et mon amour de mari qui se frotte les mains, car son seul défaut est de ne point aimer la cornemuse !) Je suis ouatée dans une joie féroce. C'est à peine si j'entends le glas qui sonne dans l'Église d'à côté.

On dirait que rien de grave ne peut m'arriver ces jours-ci. Pourvu que...
Et que j'aime cet opus 24 ! Il conviendrait bien à cet enterrement qui se prépare à côté. Comment ne pas songer à sa propre mort en pensant à la mort des choses et des êtres, de ce temps qui passe et que des fous célèbrent un 31 décembre, alors qu'ils devraient plutôt le pleurer...

Puis, il y a peu, j'ai reçu des mains du facteur un étrange colis que j'ouvre...

Et, à l'intérieur, une petite merveille que je découvre...

Moment d'émotion prodigieux provoqué par un ami, également ami de Barrie, à qui je dois une ombre qui ne me quitte pas et que vous pouvez admirer ici.

Grâce à James Matthew Barrie, j'ai pu rencontrer quelques personnes magnifiques et trouver un écrivain qui a fait de sa vie une œuvre qui se confond avec son existence quotidienne. Il n'est pas un modèle pour moi - il serait un idéal par trop inaccessible -, il est mieux que ça : il est une île-mère pour moi, le creux de la main qui recueille la poussière que je suis. Je l'aime comme seul un enfant aime quand il aime sans savoir qu'il aime. Appelez ceci innocence, si vous voulez. Mais il ne s'agit pas de cela. Il est de ces rares êtres, morts ou vivants, que j'aime pour toujours.

Terminons l'année en partant à la rencontre d'une dame...



Ellen Terry, oui, c'est elle ! L'auriez-vous reconnue ? A seize ans, puis dans les années 1880. Le temps et la nature ne sont pas favorables aux femmes, hélas.

Ellen Terry (1847 - 1928) dont on m'a dit qu'elle était une très belle actrice de l'époque victorienne - édouardienne, fut prise pour modèle par de grands artistes peintres.

[Tableau de George Frederic Watts, vers 1864]


[En Lady Macbeth, peinte par John Singer Sargent (1889).]

Je la rencontre souvent au détour de mes lectures sans réellement bien la connaître, mais je suppose que ces coïncidences d'elle à moi ne sont pas que fortuites. Nous fréquentons le même monde.

Elle joua le rôle d'Alice, dans une pièce de J. M. Barrie, Alice Sit-By-The-Fire [Cf. cette page où il en est question passim], et évoque l'auteur - ainsi que Lewis Carroll, puisqu'elle compare les deux hommes-écrivains, mais j'en parlerai sur la page idoine (dès que je prends le temps de regagner le monde de Dodgson) - avec beaucoup de tendresse et d'admiration, dans son autobiographie, intitulée sobrement The Story of My Life.

Des deux hommes elle dit ceci :
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"Il n’y a pas deux hommes plus dissemblables que M. Dodgson et M. Barrie ; pourtant, il y a plus de points communs entre eux qu’on ne le pense.
Si, au coeur des bibliothèques, Alice au pays des merveilles est le classique de la littérature enfantine, et l’un de ceux qui est, peut-être, plus aimé par les enfants adultes que par les autres, Peter Pan est le classique enfantin des scènes théâtrales et, là encore, les enfants les plus vieux sont les admirateurs les plus fervents. Je suis une très vieille enfant, presque assez âgée pour être une "belle arrière-grand-mère" (un rôle que j’ai supplié M. Barrie d’écrire pour moi) et je vais voir Peter, année après année, et l’aime davantage à chaque fois. Il y a un avantage à être un enfant adulte : vous n’avez plus peur des pirates ou du crocodile."
Je ne résiste pas à l'idée de donner traduction rapide d'un extrait (puisqu'il y est question de J. M. Barrie) d'une de ses lettres, si révélatrice de son esprit, mais également de la manière dont il concevait son oeuvre.

"Je devins une amoureuse passionnée de Monsieur Barrie à travers Sentimental Tommy et je lui écrivis sans ambages pour lui dire l'immense plaisir que j'avais pris à sa lecture. En guise de réponse, je reçus une lettre de Tommy en personne !

Chère Mademoiselle Ellen Terry,
Vous m'étonnez, tout simplement. J'ai remarqué que M. Barrie, l'auteur (le prétendu auteur) et sa maîtresse femme avaient en leur possession une lettre qu'ils voulaient me celer. J'ai donc mis la main dessus et il s'est avéré qu'elle était de vous et il n'y avait pas une seule ligne pour moi dedans! Si vous aimez le livre, c'est moi que vous aimez et non pas lui, et c'est à moi que vous devriez adresser votre amour, et non pas à lui.
Corp [N.D.T. : Corp Shiach, personnage du roman, de trois ans plus âgé que Tommy] pense, cependant, que vous n'aimez pas faire le premier pas et, si telle est l'explication, je vous demande permission de joindre ici mon amour fiévreux (ne parlez pas de ceci à Elspeth) [N.D.T. : Elspeth, la soeur de Tommy, qui est très proche de lui et jalouse dans le roman...] et de dire que je désire que vous veniez jouer avec nous dans le Den (ne laissez pas entendre à Grizel [N.D.T. : amoureuse officielle de Tommy] que je vous ai invitée). À la minute où je vous ai vue, je me suis dit : "Le genre que j'aime !" et, pendant que les gens s'agitaient autour de moi, je pensais seulement à votre jeu d'actrice, je me demandais quel était le meilleur moyen de faire de vous mon esclave consentante et je peux affirmer que je crois avoir "trouvé un moyen" - et, par le plus grand des bonheurs, ceux précisément que je désire le plus me soumettre sont ceux qui sont le moins capables de me résister... Nous nous amuserions follement. Vous seriez Jean MacGregor, prisonnière dans le Queen's Bower, mais je grimperais au péril de ma vie pour vous sauver et vous vous évanouiriez dans mes bras solides et Grizel ne sursauterait-elle pas quand elle viendrait vers nous, pendant que nous nous chuchoterions de doux petits riens le long de la Promenade des Amants ? Je pense qu'il est permis de dire par écrit que je ne les considérerais, en effet, que comme des petits riens (parce que Grizel est réellement mienne), mais tant qu'ils sont doux, qu'est-ce que cela peut faire (à ce moment)  ? De plus, il est possible que vous m'aimiez vraiment et, désinvolte, je ferais disparaître vos larmes sous mes baisers. Corp est un peu nerveux à ce sujet, parce qu'il dit qu'il y en a déjà deux qui m'aiment, mais je me sens confiant, car je peux bien m'en sortir avec plus de deux. Je compte sur vous pour venir au Cuttle Well, [situé dans le Den, lieu de rendez-vous des amoureux] samedi, quand la cloche de huit heures sonnera. Je suis "Votre bienveillant commandant",
T. Sandys.
P.S. : Pouvez-vous apporter quelque armure du Lyceum avec vous, ainsi que deux œufs durs ?"

[Merci de ne point réutiliser mon travail et mes notes. Je ne sais pas exactement à quoi pense Barrie quand il parle de "Lyceum armor", je suppose qu'il fait référence à un costume du théâtre Lyceum mais j'ai un doute... ]

Bien à vous, tous.

Je vous offre mon meilleur sourire millésimé 2008 pour l'enterrer.

Prenez soin de vous.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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