mardi 15 novembre 2005

J'ai traduit, pour ma thèse, certains fragments de ce texte très pénétrant et clair comme de l'eau de roche. Si ! Si !

Ryle y parle notamment des illusions (rétrospectives ou autres) qui nous assaillent parfois et nous rendent dupes d'un jugement erroné.

"Mais le pur argument fataliste ne repose que sur la seule base qu’il était vrai qu’une chose donnée se produirait, avant qu’elle ne se produisît, c’est-à-dire que ce qui est devait être - et non pas que ce qui était su par quelqu’un devait être. Pourtant, même quand nous essayons fermement de garder cet aspect à l’esprit, il est très facile, par inadvertance, de réinterpréter le principe initial et de supposer qu’avant que la chose ne se produisît il était su par quelqu’un qu’il était écrit que ça arriverait." (p. 17)

"Au contraire, dans ce cas, il est parfaitement clair pour nous que c’est l’événement qui rend vraies les vérités postérieures à son sujet, et non les vérités postérieures qui font advenir l’événement. Ces vérités postérieures sont des dépouilles de fantômes par les événements, non pas les événements des dépouilles fantômes par ces vérités à leur sujet, puisqu’elles appartiennent à la postérité, et non à l’ascendance des événements (…) Pourquoi le slogan : "Tout ce qui est, toujours devait être" semble impliquer que rien ne peut être empêché, quand le slogan inverse "Tout ce qui est, sera toujours [ayant été]" ne semble pas impliquer ceci ? Nous ne sommes pas préoccupés par le fait notoire que quand le cheval s’est déjà échappé il est trop tard pour fermer la porte de l’écurie. Nous sommes quelquefois préoccupés par l’idée que, comme le cheval va soit s’échapper soit ne pas s’échapper, fermer la porte de l’étable par avance est ou vain ou non nécessaire. Une large part de la raison à cela réside dans le fait que, en pensant à un prédécesseur rendant son successeur nécessaire, nous assimilons involontairement la nécessitation à une nécessitation causale. Un coup de feu fait vibrer les fenêtres quelques secondes plus tard, mais les vibrations des fenêtres ne font pas advenir le coup de feu quelques secondes plus tôt, même si elles peuvent être une parfaite preuve que le coup de feu s’est produit quelques instants plus tôt. (...) Les événements ne peuvent être les effets de leurs successeurs, pas plus nous ne pouvons être la progéniture de notre postérité." (p. 21)

"(…) un événement ne peut être une des implications d’une vérité. Des événements peuvent être des effets, mais ils ne peuvent être des implications. Les vérités peuvent être des conséquences d’autres vérités, mais elles ne peuvent être causes d’effets ou effets de causes. " (p. 22)

La vérité appartient au registre de la pensée et du langage ; le fait à celui de du monde réel.

« L’avalanche est inévitable d’un point de vue pratique, mais n’est pas logiquement fatale. Seules les conclusions logiques peuvent être fatales, les prémisses étant données, mais une avalanche n’est pas une conclusion. La doctrine fataliste, en revanche, affirme que toute chose est absolument et logiquement fatale, dans le sens où cette avalanche n’est pas absolument ou logiquement fatale, mais dans la mesure où nous sommes absolument et logiquement sans pouvoir. L’infortunée montagne, quant à elle, est seulement dans une situation critique et désespérée et le cycliste, de son côté, se trouve dans un danger irréel, dans le sens où il n'est pas contraint par la Loi de Contradiction à prendre le chemin qu’il prend, comme les nombres impairs sont liés à suivre les nombres pairs. De quelle sorte de chaînes sont ces chaînes purement logiques ? » (p.23)

"La théorie fataliste essaie de rendre les événements tributaires de l’inéluctabilité des conclusions des arguments valides." (p. 24)

"Nous pouvons dire qu’une personne particulière ne se serait pas noyée si elle avait su nager. Mais nous ne pouvons pas tout à fait dire que sa regrettable noyade eût été évitée par des leçons de natation. Car eût-elle pris des leçons qu’elle ne se serait pas noyée, et alors nous n’aurions pas eu pour sujet de discussion cette regrettable noyade, de laquelle nous voulons dire que ceci aurait pu être empêché. Nous sommes laissés complètement dépourvus de tout « ceci ». Des fatalités parées ne sont pas des fatalités. Bref, nous ne pouvons, en logique, dire de quelle fatalité elle a été empêchée – et cela résonne du même écho que dire qu’il est logiquement impossible d’empêcher quelles que fatalités que ce soit." (p.25)

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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