vendredi 30 décembre 2005

"J’ignore si mes sentiments naissent de ma maladie ; ce que je sais, c’est que, malade ou en bonne santé, je foule aux pieds la lâcheté des hommes, refuse toute consolation et toute tromperie puérile, et j’ai le courage de supporter la privation de tout espoir, de regarder avec intrépidité le désert de la vie, de ne rien me dissimuler de l’infélicité de l’homme, et d’accepter toutes les conséquences d’une philosophie douloureuse mais vraie. "

Leopardi, à ranger aux côtés des hommes les plus lucides : Nietzsche, Schopenhauer, Cioran et quelques autres.
"On sait qu'une grande douleur - comme toute grande passion - n'a pas de langage extérieur. J'ajouterai qu'elle n'a pas non plus de langage intérieur. Autrement dit, l'homme affligé d'une profonde douleur n'est pas capable de concevoir précisément et de rapporter à lui-même aucune idée, aucun sentiment relatif à l'objet de sa passion ; idée ou sentiment qu'il pourrait exprimer en lui-même en roulant ses pensées et, pour ainsi dire, en exerçant sa douleur. Il éprouve mille sentiments, voit mille idées confuses ensemble, ou plutôt n'éprouve, ne voit qu'un sentiment, une idée immense, en laquelle sa faculté de sentir et de penser demeure absorbée, sans pouvoir ni l'embrasser tout entière ni l'analyser en ses éléments afin de définir chacun d'eux. Alors, il n'a en vérité pas d'idées, il ne connaît même pas réellement la cause de sa douleur ; il est plongé dans une espèce de léthargie ; il se lamente (comme je l'ai observé sur moi-même) il pleure comme au hasard, en général, sans savoir se dire exactement pour quoi. Ces dramaturges qui, à l'occasion des grandes passions, introduisent des monologues en se fondant sur la convention qui permet à leurs personnages de dire tout haut ce que dans la réalité ils garderaient dans leur for intérieur, savent pourtant bien qu'en de telles circonstances l'homme ne dit rien, ne s'entretient même pas avec lui-même. Et parmi ces dramaturges, il y en a de très grands (Shakespeare lui-même) qui procèdent ainsi, pour ne pas dire tous."

Je vous offre, à tous et à toutes, visiteurs de passage sur ce JIACO, un livre hilarant, en guise de voeux pour l'année 2006.
J'ai débuté ce blog il y a trois mois. Je ne sais combien de temps je continuerai, je prends beaucoup de plaisir à échanger avec vous tous. Je vous remercie de votre attention et vous souhaite le meilleur.
Les fins d'année me rendent nerveuse et triste. Je n'aime guère les bilans et les constats d'échec, qui semblent être un passage obligé vers l'autre rive. Je crois, en effet, avec Schopenhauer, que seule la douleur est positive. J'oublie souvent les petites réussites de mon existence au profit de mes grands ratages. Et ils sont innombrables. Je hais les cotillons, les cartes de voeux et cette hystérie collective. Pourquoi faire tant de bruit ? Pour masquer le bruit de notre solitude ?

«La compensation d'avoir tant souffert c'est qu'ensuite on meurt comme des chiens. » (Cesare Pavese, Le métier de Vivre)


Mais la vie est très belle, avec ou sans Capra. Ne vous fiez pas à mes propos. J'aime bien mettre les pieds dans le plat. 

A très bientôt.
En 2006. 



Au bout de combien de mots une vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Ou plutôt, combien y a-t-il de mots au minimum pour dire ce que l’on n’ose se dire qu’à soi ?

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La peur de la peur.
Les gens ont moins peur de la mort, d’après eux, que peur de la souffrance.
La peur de la peur est la peur de quelque chose qu’on ne peut imaginer pour ne l’avoir jamais vécu auparavant. L’imagination est fermée. L’homme est en lui-même, seul. L’angoisse est la peur de cette solitude, de ce morcellement de l’individu qui doit former un tout. Il s’agit d’inventer un comportement, qui ne peut être dicté ni par les autres ni par les choses. L’expérience est ce qui rattache le sujet au monde dans lequel il vit. Par la répétition, l’homme reproduit le monde qu’il porte en lui. Le sujet combat ses peurs, quelles qu’elles soient, en agissant, ou plus exactement en s’occupant, ce qui permet de les mettre à distance. Il n’accepte pas le fait que ces peurs lui appartiennent et, par ces mises à distance répétées, se crée l’illusion qu’elles lui viennent de l’extérieur. Refuser sa peur revient à refuser une part de soi, à entrer en conflit avec une part de son être.
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Le secret derrière la porte (The secret beyond the door) de Fritz Lang
Une jeune femme, Celia (Joan Bennett), riche héritière, entreprend un voyage au Mexique avec une amie et y rencontre un regard, celui qui – elle le dira plus tard – « l’a sifflée ». Il y a d’emblée entre eux la représentation d’un meurtre : deux hommes s’affrontent au couteau pour une femme, dont les yeux brillent de fierté.
L’homme collectionne des pièces où des crimes ont été commis. Ce ne sont pas des copies, précise-t-il, tous les objets sont authentiques. Il a reconstitué les chambres dans leurs moindres détails. Celia est horrifiée et lui reproche de lui avoir dit qu’il collectionnait des « pièces heureuses ». Il la reprend et lui souligne qu’il n’a jamais rien dit de tel. Il a affirmé collectionner des pièces harmonieuses, ce qui ne signifie pas – il a raison – la même chose. Celia a buté sur un mot. Son mari est si hanté par l’idée du crime qu’il pourrait ou aurait pu commettre qu’il en devient presque un assassin pour de bon. Ceci nous ramène à un précédent billet. Celia ressemble à la femme qu’incarne Joan Fontaine, dans Soupçons, le film d’Hitchcock. Elle est prêtre à mourir de la main de l’homme qu’elle aime. Mais, peut-être, ces deux femmes jouent-elles à se faire peur et goûtent-elles les joies du risque… Cette idée est à explorer. En tout cas, le film d'Hitchcock et celui de Lang sont en résonance.
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"Your fear itself of death removes the fear." / "Votre crainte même de la mort écarte la crainte. " Milton, Le paradis perdu.

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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