lundi 15 mai 2006
Humeur du jour, en marge de mes billets stevensoniens : love. Avec Sinatra, Harry Bellafonte et quelques autres, Nat King Cole, j'ai le coeur en joie. J'ai une passion inextinguible pour les crooners - to croon « chanter des chansons sentimentales » - question de classe, de charme, de beauté, d'élégance, de bien-être. Impression que rien de grave ne peut advenir dans un monde bercé par ces voix.
Mon homonyme, Holly Golightly, éprouve cette sensation avec Tiffany. Je connais deux endroits au monde où je ne ressens jamais la moindre contrariété. Ce sont les palais du raffinement, d'un certain art de vivre suranné et désuet (les deux adjectifs ne sont pas tout à fait synonymes). Un célèbre café parisien qui est l'une des grandes avenues de ma cartographie intérieure. Non, ce n'est pas le Flore, que j'exècre ! Vous m'offensez ! Et, non, je ne suis pas snob, malgré Boris Vian ! J'aime me sentir en sécurité. C'est aussi simple que cela. Lorsque je me déplace, j'ai besoin que l'on prenne soin de ma petite personne, si mal à l'aise partout elle se rend.
Rares sont les lieux où je puis me décrisper. Un des endroits au monde que je préfère : le Harry's bar à Venise.
Qui n'a jamais mis les pieds dans ce lieu exigu ne peut expliquer les palpitations qui agitent ma carcasse lorsque j'évoque les nappes jaune paille (le ton fut choisi pour mettre en évidence le teint des dames, d'après M. Cipriani), la douceur du bellini (qui ne m'a jamais saoulée et qui n'a pas le goût de celui du Florian), la saveur généreuse du risotto (un de mes plats préférés), le ballet lent et précis des serveurs qui enroulent et déroulent, avec un soin exquis, une nappe qui chasse l'autre, avant le dessert (je n'ai jamais pu reproduire ce geste), les petits pains en spirale qui ont le goût d'une brioche aérienne... Le luxe discret. Le lieu est figé dans une autre époque, celle d'Hemingway (j'aime cet homme, ce grand suicidé des Lettres), qui en avait fait son lieu de perdition.

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Holly Golightly
Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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