mercredi 10 mai 2006
Dans l’avant-propos aux Travaux d’Hercule, Agatha Christie fait discuter son personnage avec un certain Docteur Burton. Ce passage est riche en clins d’œil. Dame Agatha Christie cite souvent Shakespeare et les œuvres de la littérature classique. Ici il faut comprendre qu’elle fait référence à Robert Burton, celui qui écrivit l’Anatomie de la mélancolie.
« Dr Burton interrupted his melancoly. »
Il s'agit d'un plaisant clin d'oeil, de l'insertion dans la réalité fictionnelle du roman, dans la diégèse si l'on veut parler savant ("La diégèse est l'univers spatio-temporel désigné par le récit." dixit Gérard Genette in Figures III), d'une autre réalité qui n'appartient pas au cours du récit.
De même, ici :
« Dites-moi, pourquoi ce prénom, Hercule ? - Vous voulez dire mon nom de baptême ? - A peine un nom de baptême, rechigna l’autre. Tout à fait païen. Mais pourquoi ? C’est ce que je veux savoir. Une idée fantasque de votre père ? Un caprice de votre mère ? Des raisons familiales ? Si je me souviens bien, car ma mémoire n’est plus ce qu’elle était, vous aviez un frère nommé Achille [1] , n’est-ce pas ? (…) - Seulement un petit laps de temps. Le Docteur Burton s’éloigna avec tact de ce sujet. (…) Songez à cette conversation imaginaire. Votre mère et feue Madame Holmes , assises en train de coudre ou bien de tricoter : "Achille, Hercule, Sherlock, Mycroft…" Poirot ne parvenait pas à partager l’amusement de son ami. - Dois-je comprendre que, quant au physique, je ne ressemble pas à un Hercule ? Le regard du Docteur Burton examina de part en part Hercule Poirot : sa personne proprette affublée de pantalons rayés, d’une veste noire comme il faut, d’un pimpant nœud papillon. Son regard remonta des chaussures chics en cuir jusqu’à son crâne d’œuf et à l’immense moustache qui ornait le dessus de sa lèvre. »
Agatha Christie fait s'entrechoquer deux univers fictionnels, le sien et celui de Conan Doyle.
Dans les deux cas, il s'agit à chaque fois d'une forme de métalepse.
La métalepse (du grec metalêpsis qui signifie "transposition"), ainsi que l'expose Genette, dans son excellent ouvrage (qui m'a remonté le moral, ces jours derniers : ses exemples sont savoureux, le livre est bien écrit et intelligent.)
C'est une intrusion du narrateur ou du narrataire [Mot inventé par Barthes. Personne à qui l'on fait un récit, par opposition au narrateur : « Le narrataire ne se confond pas plus avec le lecteur que le narrateur ne se confond avec l'auteur » (J. Rey-Debove, Sémiotique)] extra diégétique dans l'univers diégétique (le cadre de l'histoire que vous êtes en train de lire) ou de personnage diégétiques dans un univers métadiégétique (comme dans le second extrait de Dame Christie que je cite) ou l'inverse. Dans tous les cas, c'est le fait de franchir une limite qu'en général l'auteur respecte scrupuleusement. Genette la décrit ainsi, ailleurs : « frontière mouvante mais sacrée entre deux mondes : celui où l’on raconte, celui que l’on raconte ».
La métalepse est souvent confondue avec la mise en abyme.
[1] Dans Les quatre.
Quelques chapitres...
Les roses du Pays d'Hiver
Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.
!doctype>
Rechercher sur mon JIACO
Qui suis-je ?
- Holly Golightly
- Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
Almanach barrien
Rendez-vous sur cette page.
En librairie
Lettres
Voyages
Écosse
Kirriemuir
Angleterre
Londres
Haworth
Allemagne
Venise
New York
Liens personnels
Le site de référence de J.M. Barrie par Andrew Birkin (anglais)
Mon site consacré à J.M. Barrie (français ; en évolution permanente)
Site de la Société des amis de J.M.Barrie (français ; en construction)
Liens affiliés à ce JIACO
"Une fée est cachée en tout ce que tu vois." (Victor Hugo)
Blog Archive
- 2020 (1)
- 2019 (1)
- 2018 (4)
- 2017 (8)
- 2016 (1)
- 2015 (22)
- 2014 (15)
- 2013 (22)
- 2012 (34)
- 2011 (20)
- 2010 (34)
- 2009 (66)
- 2008 (74)
- 2007 (143)
-
2006
(447)
- décembre(21)
- novembre(19)
- octobre(20)
- septembre(21)
- août(33)
- juillet(23)
- juin(43)
- mai(44)
- avril(62)
- mars(50)
- février(51)
-
janvier(60)
- janv. 31(3)
- janv. 30(3)
- janv. 27(1)
- janv. 26(1)
- janv. 25(4)
- janv. 24(3)
- janv. 23(3)
- janv. 22(1)
- janv. 20(2)
- janv. 19(3)
- janv. 18(2)
- janv. 17(1)
- janv. 16(2)
- janv. 15(1)
- janv. 13(5)
- janv. 12(2)
- janv. 11(2)
- janv. 10(3)
- janv. 09(1)
- janv. 08(1)
- janv. 07(2)
- janv. 05(4)
- janv. 04(2)
- janv. 03(2)
- janv. 02(2)
- janv. 01(4)
- 2005 (217)
Archives
-
►
2018
(4)
- ► juillet 2018 (1)
- ► avril 2018 (1)
- ► février 2018 (1)
-
►
2017
(8)
- ► juillet 2017 (6)
- ► avril 2017 (1)
-
►
2015
(22)
- ► décembre 2015 (3)
- ► octobre 2015 (1)
- ► avril 2015 (1)
-
►
2014
(15)
- ► juillet 2014 (3)
- ► janvier 2014 (1)
-
►
2013
(22)
- ► novembre 2013 (1)
-
►
2012
(34)
- ► novembre 2012 (1)
- ► juillet 2012 (12)
- ► avril 2012 (1)
-
►
2011
(20)
- ► décembre 2011 (1)
- ► octobre 2011 (1)
- ► septembre 2011 (1)
- ► janvier 2011 (1)
-
►
2010
(34)
- ► novembre 2010 (1)
-
►
2009
(66)
- ► juillet 2009 (11)
- ► avril 2009 (8)
-
►
2008
(74)
- ► novembre 2008 (1)
- ► septembre 2008 (4)
- ► juillet 2008 (17)
- ► avril 2008 (11)
-
►
2007
(143)
- ► décembre 2007 (8)
- ► novembre 2007 (6)
- ► juillet 2007 (14)
- ► avril 2007 (18)
- ► février 2007 (16)
-
▼
2006
(447)
- ► décembre 2006 (21)
- ► novembre 2006 (19)
- ► octobre 2006 (20)
- ► septembre 2006 (21)
- ► juillet 2006 (23)
- ► avril 2006 (62)
- ► février 2006 (51)
- ► janvier 2006 (60)
-
►
2005
(217)
- ► décembre 2005 (62)
- ► novembre 2005 (98)
- ► octobre 2005 (49)