mardi 28 février 2006

parlait d'incandescence dans ses poèmes. J'ai pensé à elle et à sa poésie fine et triste, qui brûle l'âme, après avoir vu le film. Je crois aux associations d'idées qui révèlent malgré nous ce que mure notre jugement infirme. Incandescent ! Le mot dit ce film mystérieux, beau, troublant, à la pureté aussi diaphane que le monde regardé à travers une bille de verre
ou à travers les filtres dont Kieslowski a usé dans ce film magistral. Le film fait jaillir une réalité plus belle que celle dans laquelle nous vivons. La lumière qui éclaire la vie des deux Véronique est celle des choses muettes, souterraines, et qui pourtant nous gouvernent sans que nous en soyons toujours conscients, sinon à de rares instants de nos vies... Nous apposons alors le nom de coïncidences ou de hasard. Ce point d'intersection est fimé au début, lorsque l'une et l'autre s'aperçoivent sans comprendre. Qu'est-ce qui lie les deux Véronique, la polonaise et la parisienne, la morte et la vivante ? Pourquoi, Véronique et le marionnettiste s'éprennent-ils l'un de l'autre de cette manière si romanesque et si nécessaire ? Le film est un mystère. Un mystère doit laisser la place au silence de la suggestion. Celle-là même dont use le marionnettiste afin de faire venir Véronique jusqu'à lui. Si elle parvient à le rejoindre par la seule force de sa pensée, qui comprend cet étrange cheminement de leurs âmes, il saura qu'elle est sienne. Kieslowski a parfaitement compris cette vérité insaisissable. J'ai été émue aux larmes par la pureté de l'image, de l'histoire ; je ne saurais parler de la musique de Zbigniew Preisner qui éclaire le film, qui arrache en nous l'émotion, qui ouvre une profondeur métaphysique dans l'image qu'elle déchiquète pour mieux la montrer. La jeune Irène Jacob (24 ans à l'époque) paraît si fragile, si innocente, prête à se briser, à tomber comme le fait la danseuse en bois,
mais aussi son double dans l'autre ville. Heureusement que Kieslowski est passé à côté d'Andie MacDowell (son premier choix) car il est certain qu'elle n'aurait pas été aussi magnifique qu'Irène Jacob. Quelle chance, également, qu'il ait renoncé à ses deux mauvais titres : La choriste et La doublure... La double vie de Véronique est notre histoire si nous avons le courage de la lire. La première souffre et meurt pour que la seconde vive pleinement, avec le sentiment de son absence et la conscience confuse d'une autre existence, d'un ailleurs, d'une vérité qui la dépasse. Les seuls défauts sont imputables à au moins deux coupes qui eussent été nécessaires : le passage concernant l'amie de Véronique la parisienne qui s'apprête à divorcer (Kieslowski en parle dans son livre :
) mais également celle où la Véronique polonaise partage certains instants de la vie de sa tante ; notamment le court passage avec l'avocat (un nain) de cette dernière. Ces erreurs ne servent à rien, sinon à encombrer l'esprit du spectateur. L'une des images les plus frappantes est celle de l'enterrement, qui nous donne la sensation que nous sommes à la place de Weronika, dans un cercueil de verre, et que la terre tombe sur nous :
Un livre va bientôt sortir sur ce film ; j'espère qu'il ne travestira pas la pensée du cinéaste en autopsiant ce qui n'a de valeur que dans le non-dit... L'édition MK2 du DVD est à la hauteur de l'excellent travail auquel ils nous ont habitués. Lien : http://irenkaaa.free.fr/double/

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