vendredi 30 juin 2006

Billy Wilder est l'un des plus grands. Ce film-ci, une de ses délicatesses. Arte a eu la belle idée de le proposer hier soir. Je possède le DVD. Je l'ai acheté après avoir découvert le film en salle, à Paris, lors d'une rétrospective il y a quelques années. Je voulais m'assurer l'indéfectible présence de cette si belle histoire dans mon univers couleur guimauve et noir, couleur péché et mort, couleur enfance et enfer. Mon tropisme pour les comédies romantiques est un péché mignon auquel je ne renoncerais pour rien au monde. Je suis persuadée que l'on atteint quelque chose d'aussi essentiel pour le coeur humain que lors de la représentation d'une tragédie grecque ou shakespearienne. Un indicible virtuel qui requiert un accès d'abandon en présence du sentiment maladroit que l'on éprouve à enlancer les (trop) jolies choses. Il n'est nulle émotion plus noble qu'une autre. Là où le coeur se fend et se déchire, comme le rideau d'un théâtre, celui de notre scène psychique, nous apprenons quelque chose sur nous-mêmes.. Nous ne sommes que des éphémères qu'un léger souffle emporte plus loin que nous n'aurions pu le penser. Les trois-quarts du temps (et plus encore, hélas) nous sommes en représentation. Être fort signifie ne point se nourrir des faiblesses des autres et n'avoir aucun scrupule ou retenue à cacher les siennes. Il ne s'agit pas nécessairement de faire montre d'impudeur ou d'exhibitionnisme ; il suffit d'un soupçon de générosité pour soi et les autres : rien de très grand ni de très profond, une bonne intention. Un moment de grâce qui, comme ses frères, ne durera pas, mais pour oeuvrer un instant de foi peut compter double. Il faut se dire, se dévoiler pour que l'être véritable ait une chance de s'élever. Qu'importe la chute, plus tard. Il est très difficile d'oeuvrer dans la gamme de la légèreté et des intermittences du coeur, de même qu'il est absolument impossible, à moins d'avoir du génie, d'écrire avec des bons sentiments sans risquer le ridicule ou la niaiserie. Voici les raisons pour lesquelles j'aime les comédies romantiques ; j'y vois une certaine perfection dans l'art de créer un film - et une oeuvre d'art d'une manière générale. "Actually, I don't much care for young men. Never did." En fait, je ne me soucie pas des jeunes hommes. Cela n'a jamais été mon habitude... Telle est la déclaration de la candide Ariane alias Audrey Hepburn. Rien de vulgaire ne semble pouvoir atteindre cette créature délicate, sortie tout droit du songe aérien et ensorcelé d'un bon génie. Audrey Hepburn est presque trop belle pour être humaine. Le film est très osé quand il sous-entend que la jeune fille et le séducteur d'âge mûr entretiennent une relation qui n'a rien de pure ou de platonique. Wilder n'est pas aussi habile que Lubitsch, peut-être, mais il me paraît plus sincère. Malgré une ou deux précautions prises pour que la certitude du spectateur quant à la pureté de l'héroïne demeure, il n'y a aucune doute... Lorsqu'Ariane cherche une de ses chaussures à la fin d'un après-midi, il est sous-entendu très délicatement qu'elle s'est déshabillée... Et si tel n'était pas le cas l'histoire n'aurait aucune crédibilité, car Gary Cooper incarne un requin dans la mer des passions. Il aime désinvoltement et joue les coeurs dans un poker où il ne cesse de tricher. Cary Grant aurait refusé le rôle à cause de la différence d'âge entre lui (53 ans) et Audrey Hepburn (25 ans de moins). Gary Cooper (56 ans) le remplace très efficacement mais j'ai toujours pensé que Cary était fait pour ce rôle. Je n'aurais résisté ni à l'un ni à l'autre. Ariane, l'intègre, veut jouer à égalité avec le séducteur et s'invente un passé amoureux aussi détaillé qu'improbable. L'homme réécoute la liste de ses amants imaginaires et ne sait plus à quel saint se vouer : joue-t-elle ou bien n'est-elle qu'une fille facile (celles que Bénabar a si bien réhabilitées dans une magnifique chanson Bénabar. )? Il en devient fou. Comment ce loup de mer des relations amoureuses peut-il se laisser prendre à sa comédie ? Ne s'est-il pas rendu compte qu'elle était intacte ? La scène est à la fois hilarante et profondément triste. Les jeunes filles aussi brisent les coeurs avec leurs doigts mignons qui sont des pinces de crabe.

Ariane Vidéo envoyée par misshollygolightly

Billy Wilder La fin du film est l'une des cinq dernières minutes dans l'histoire du cinéma que je préfère. Bien que je connaisse l'issue de cet amour-là, je ne parviens jamais à me déprêter avec mes larmes. Pour qui aime Billy Wilder, ce livre-ci est indispensable. Il s'agit de conversations au seuil de la fin de la vie d'un grand homme, dans une intimité élégante...

« Si l’on étudie de plus près l’origine de ce problème de la réalité du monde extérieur, on trouve qu’à cet emploi abusif du principe de raison appliqué à ce qui échappe à sa juridiction vient s’ajouter encore une confusion particulière faite entre ses formes. Ainsi, la forme qu’il affecte relativement aux concepts ou représentations abstraites est transportée aux représentations intuitives, aux objets réels ; on prétend attribuer aux objets un principe de connaissance alors qu’ils ne peuvent avoir qu’un principe d’existence. Ce qui est réglé par le principe de raison, ce sont les représentations abstraites, les concepts unis dans les jugements ; chacun de ces concepts tire, en effet, sa valeur, sa portée et l’on peut dire sa réalité, qui prendra ici le nom de vérité, uniquement de la relation établie entre le jugement et quelque chose de distinct de lui, son principe de connaissance, auquel il faut toujours remonter. Par contre, ce n’est pas à titre de principe de connaissance que le principe de raison régit les objets réels ou représentations intuitives, mais à titre de principe de devenir, autrement dit comme loi de causalité ; l’objet est quitte envers lui par cela seul qu’il est « devenu », c’est-à-dire qu’il est sorti comme effet d’une cause ; la recherche d’un principe de connaissance n’aurait ici aucune valeur, ni aucun signification ; cette recherche porte sur une toute autre catégorie d’objets. C’est pour cette raison que le mode de l’intuition, tant qu’on n’essaie pas de le dépasser, n’engendre, dans celui qui l’observe, ni doute ni inquiétude ; il n’y a place ici ni pour l’erreur ni pour la vérité, reléguées l’une et l’autre dans le domaine de l’abstrait, de la réflexion. Devant les sens et l’entendement, le monde se révèle et se donne avec une sorte de naïve franchise pour ce qu’il est, pour une représentation intuitive, qui se développe sous le contrôle de la loi de causalité. »

Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation, je souligne.

Dans le passage qui précède l’extrait que nous venons de choisir, Schopenhauer énumère les difficultés qui se sont présentées aux philosophes quant à la réalité du monde extérieur, il les résout et les réduit à deux erreurs (ou plutôt à deux confusions) qui, selon lui, ont toujours été faites : appliquer le principe de raison au sujet, et assimiler (ou mélanger) les modes, différents en espèces, de l’intuition et de la réflexion. L’intuition est le fait de l’entendement ; la réflexion celui de la raison ; la première est une représentation, la seconde une représentation au carré. « Principe de connaissance » s’oppose à « principe d’existence » ou « de devenir » comme raison à entendement, ou comme construction intellectuelle à loi de causalité

En un mot, le monde n’est rien d’autre que ce qu’il se donne à être pour un sujet, il est bien réel, si tant que l’on n’oublie pas qu’il est représentation de l’entendement, qu’il n’est que représentation de l’entendement. Il ne faut donc pas chercher un fondement aux objets ou un double supérieur de chaque réalité ; les choses « tiennent toutes seules », ou plus exactement sujet et objet tiennent ensemble.. Elles n’ont pas de cause ; elle sont. Elles existent par le contact ou la rencontre de mon être avec elles dans mes représentations. Si tous les sujets disparaissent, les représentations, et partant les choses elles-mêmes aussi ; toutefois, elles seront toujours, mais pour personne, et non pas en tant qu’ »objets ». Je n’en suis donc pas cause car « il n’y a que des objets qui puissent causer quelque chose, et ce quelque chose est toujours lui-même un objet. » [1] Schopenhauer renvoie ainsi dos à dos matérialistes et idéalistes : « Il n’y a point d’objet sans un sujet ; tel est le principe qui condamne à tout jamais le matérialisme. »[2] ; «Le matérialisme ne s’aperçoit pas qu’en posant le plus simple objet, il pose par là même le sujet ; de son côté, Fichte n’a pas pris garde qu’avec le sujet (de quelque nom qu’il l’appelât) était posé l’objet, sans lequel le sujet est inconcevable »[3] ; « le sujet est posé en même temps que l’objet, et réciproquement »[4]. La représentation est le point d’intersection d’un objet et d’un sujet, où l’un et l’autre sont inséparables. L’erreur des réalistes et des idéalistes étant de vouloir soumettre le premier ou le second à l’autre, en vertu du principe de raison. Le principe de raison ne s’applique qu’à l’objet, puisqu’il est déductible a priori du sujet, puisqu’il est la manière propre du sujet de percevoir ou de connaître le monde. Schopenhauer va reprocher à Kant son idéalisme moyen - un idéalisme qui s’affirmait véritablement comme tel dans la première édition de la Critique de la Raison Pure, mais qui s’effrite dans les autres éditions - qui reconnaît hors du sujet l’existence d’un objet. Afin de préserver l’existence de cet objet, Kant met en place le schématisme des concepts purs de l’entendement qui permet d’harmoniser les rapports entre le sujet et l’objet (entre l’intuition donnée et le concept pensé). Pour Schopenhauer, le sujet et l’objet ne font qu’un, même si le réel (c’est-à-dire la Volonté, un réel non déterminé, une force naturelle) ne cesse pas pour autant d’exister selon lui. Là est le problème que pose la philosophie de Schopenhauer.

Chez Kant, l’homme a deux facultés principales : la réceptivité et la spontanéité, la sensibilité qui reçoit et l’entendement qui pense. Mais si la sensibilité reçoit, il faut qu’elle soit passive et donc qu’une chose lui soit « donnée ». C’est cette passivité et ce qu’elle implique : l’existence de quelque chose hors du sujet que refuse Schopenhauer. Ce « quelque chose » est la chose en soi dont le sujet kantien ne connaît que le phénomène. Or, selon Kant, le sujet ne possède pas d’intuition intellectuelle, donc il ne saisit pas immédiatement la chose en soi. En outre, son intuition sensible ne lui sert de rien pour connaître les phénomènes qui, sans l’entendement, resteraient à l’état de sensation. En résumé, le sujet kantien n’a pas d’intuition intellectuelle et son intuition sensible est incomplète. Schopenhauer perçoit beaucoup de contradictions dans tout ceci. L’erreur principale est la suivante, et se ramène à l’une des deux erreurs fondamentales citées plus haut : le mélange de la réflexion et de l’intuition. Pour Schopenhauer, l’entendement n’est pas une faculté de réflexion - il laisse ce rôle à la raison -, mais une faculté d’intuition ! L’entendement perçoit le rapport de cause à effet qui existe entre les êtres et les choses, et replace la série des choses dans ses ordonnées, que sont l’espace et le temps. Les formes a priori de la sensibilité kantienne deviennent donc le fait de l’entendement, car ce ne sont pas les phénomènes qui donnent l’espace et le temps, puisqu’ils n’existent pas en dehors du sujet qui les perçoit, et encore moins la chose en soi, qui ne peut être conditionnée, mais c’est donc bien le sujet qui les possède en lui, qui les ajoute. Sans ces formes, l’intuition ne pourrait être, elle dépend donc du sujet. L’entendement qui apporte ces formes ne raisonne pas, ne réfléchit pas, mais il intuitionne, il retient les objets qui viennent se prendre dans son filet, constitué d’une maille faite d’espace et de temps. Tel est le raisonnement simplifié de Schopenhauer. « Mais de la sorte, Kant fait intervenir la pensée dans l’intuition (…) Mais alors l’objet de la pensée redevient un objet particulier, réel ; et par le fait la pensée perd son caractère essentiel de généralité et d’abstraction ; au lieu de concepts généraux, elle a pour objets des choses particulières, et ainsi l’intuition est amenée à son tour à intervenir dans la pensé. »[5] La pensée n’a pas pour objet le particulier, le singulier, le réel, mais le concept, au contraire de l’intuition qui, bien qu’intellectuelle, n’est jamais rationnelle. C’est ainsi qu’il faut comprendre le sens de cette remarque : « Ainsi, ce n’est nullement, parce qu’une idée est extraite de plusieurs objets qu’elle est générale ; c’est, au contraire, parce que la généralité, en vertu de laquelle elle ne détermine rien de particulier, lui est inhérente comme à toute représentation abstraite de la raison, c’est pour cela dis-je, que plusieurs choses peuvent être pensées sous le même concept. » [6] L’idée n’est jamais intuitive, puisqu’elle ne peut jamais comprendre en elle-même le singulier, tandis que l’intuition ne peut jamais être générale, puisqu’elle est toujours singulière. La généralité de l’idée provient de la raison qui la construit en vue de s’adapter à la plupart des objets qu’elle est chargée de penser et non de son rapport aux représentations intuitives : elle n’est pas le fruit d'un dénominateur commun de toutes les représentations intuitives en vue d’un objet ; l’idée va de la raison vers les intuitions sensibles et non l’inverse. Ceci permettant, dans l’esprit de Schopenhauer, de séparer radicalement le monde de l’intuition et de la réflexion.

L’intuition intellectuelle n’était pas possible dans la philosophie kantienne, parce que n’étant doté que d’un intuitus derivatus (c’est-à-dire que je ne crée pas l’intuition qui se donne à moi) et non d’un intuitus originarius (celui de Dieu qui est le Créateur de ce qu’il intuitionne, sa connaissance n’est donc pas distincte de son intuition), mais elle l’est chez Schopenhauer, car le sujet est maître de cette intuition. Intellectuelle ne veut pas dire la même chose pour les deux philosophes, car l’entendement n’a pas le même rôle chez l’un et chez l’autre. Schopenhauer est contre l’usage métaphysique du principe de raison, car ce principe est logique et n’exprime qu’une nécessité logique, qui n’a rien à voir avec la nécessité empirique, telle que la perçoit l’entendement, à travers le principe de causalité. Le principe de raison est une traduction rationnelle du principe de causalité perçu par l’entendement ; c’est pourquoi l’on risque de prendre une abstraction pour une réalité, si l’on fait un usage métaphysique du principe de raison appliqué au monde physique (causalité), si on l’on croit que ce principe peut désigner la chose en soi et l’expliquer, si l’oublie que ce principe est inné à l’homme. Un principe d’existence du monde objectif (représentatif) et non un principe de connaissance qui, lui, supposerait une harmonie possible entre mes facultés et une réalité (en soi) indépendante de celles-ci. Voici pourquoi Schopenhauer critique le schématisme kantien, qui lui semble contradictoire dans la mesure où il donne raison à la fois aux matérialistes et aux idéalistes, en ajoutant à l’intuition (qui donne raison aux matérialistes) un concept de l’entendement, une catégorie (qui donne raison aux idéalistes), sans lequel l’intuition demeure « aveugle » pour le sujet. L’union de l’entendement et de l’intuition, par l’intermédiaire de l’imagination, produit un objet empirique. L’usage réel de l’entendement selon Kant devrait s’appliquer à l’intuition de la chose en soi, usage auquel il a très vite renoncé, de part la scission opérée entre le sujet connaissant et l’objet connu. Cette scission empêche l’entendement d’avoir son usage réel : l’homme a deux types de connaissance, et ces deux types sont incomplets et ont besoin l’un de l’autre ! Schopenhauer porte l’idéalisme à son paroxysme tout en accordant une réalité au monde qui, bien qu’humain et différent de la chose en soi, n’en est pas moins réel. Il est réel parce qu’il existe pour l’homme et que l’homme n’existe que par ce même réel. La représentation est l’expression de l’interdépendance d’un sujet et d’un objet ; en effet, le sujet lui-même est une représentation pour lui-même et se perçoit au milieu d’un réel qui est également représentation. C’est ainsi que le réel nous est immédiat, intuition intellectuelle. Kant croit qu’avec une intuition appropriée à notre entendement (une intuition intellectuelle), nous pourrions avoir une connaissance des choses en soi (usage réel de l’entendement). Or, tel n’est pas le cas. L’entendement est obligé de coopérer avec l’intuition sensible et, à cet égard, Kant craint plus que toute autre chose la contamination des principes intellectuels (intellectualia) par les sensitiva (principes issus de la connaissance sensible). « Sont intellectuelles les connaissances qui sont le fait de l’entendement, et de telles connaissances portent aussi sur notre monde sensible ; mais sont dit intelligibles tous objets qui ne peuvent être représentés que par l’entendement et sur les quels aucune de nos intuitions sensibles ne peut porter. Mais comme il faut, cependant, qu’à chaque objet corresponde quelque intuition possible, on devrait se figurer un entendement qui intuitionnerait immédiatement les choses ; mais nous n’avons pas le moindre concept d’un tel entendement, ni par suite des êtres intelligibles sur lesquels il porterait.»[7] Ou bien la connaissance intellectuelle porte sur des objets sensibles (le concept a une intuition fourni par les sens) ou bien elle demeure une forme sans contenu (les principes intellectuels ne trouvent pas de contenu idoines). C’est ainsi que Kant renonce à l’usage réel de l’entendement, présent dans la Dissertation. Selon le philosophe de Königsberg, l’intuition est passive, alors que Schopenhauer nous la décrit comme le fruit d’une activité du sujet, c’est pourquoi chez ce dernier elle est intellectuelle. En vérité, Kant ne renonce pas à la connaissance de la chose en soi, même si, paradoxalement, il admet qu’elle est inaccessible à l’homme. «L’entendement a pourtant un usage réel. Mais, dans cet usage, il construit ses concepts, et ne les contemple pas intuitivement. (…) En Dieu seul concept et intuition s’identifient, et c’est seulement alors que l’on pourrait parler d’une connaissance directe et immédiate de l’objet. Kant semble parfois rêver pour l’homme d’une connaissance de type divin.» [8] C’est ainsi que le schématisme « est à l’homme ce que l’intuitus originarius est à Dieu. »[9] La philosophie schopenhauerienne diffère de la philosophie kantienne, en ce que la première s’intéresse moins à la connaissance de la chose en soi qu’à l’existence du monde qui nous entoure. En effet, le monde dans la philosophie schopenhaurienne ne tient que par la pensée du sujet, alors que le monde kantien tient par la pensée de la chose en soi. Différence de taille qui explique que Schopenhauer reproche à Kant ses compromis aux dépens de l’idéalisme. Kant renonce à un idéalisme absolu afin de défendre la chose en soi, alors que la pensée de Schopenhauer est telle qu’elle n’a pas besoin de faire un sacrifice de ce type : la chose en soi, conçue par Schopenhauer, ne cesse de se manifester, sa connaissance est intuitive, puisque nous en sommes l’objectivation. Cette chose « tient » toute seule. Paradoxalement, la chose en soi kantienne ne continue d’exister que par sa liaison avec un sujet qui la pense, mais sans jamais pouvoir la connaître : si Kant était le tenant d’un idéalisme absolu, où tout existe par une dépendance avec le sujet, la chose en soi disparaîtrait dans sa philosophie, puisqu’elle existe précisément en dehors du sujet, de même que sans Dieu la philosophie cartésienne s’écroule. Quel besoin Kant a-t-il de conserver la chose en soi si ce n’est la volonté de préserver cet usage réel de l’entendement qui existe en germe, mais qui lui confère une destination supérieure ?

[1] Ibidem, p. 40.

[2] Ibidem, p. 58.

[3] Ibidem, p. 63.

[4] Ibidem, p.61.

[5] Ibidem, p. 550.

[6] Ibidem, p. 72-73.

[7] KAnt, Prolégomènes, § 4, note, AK IV, 316.

[8] Note 2 de F. Alquié dans sa traduction de la Dissertation de 1770, dans la Pléiade.

[9] R. Daval, La métaphysique de Kant, éd. Beauchesne, 1949.

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