vendredi 19 janvier 2007
... quelques extraits en images du livre de Sebastian Peake, le fils de Mervyn, qui consacre un livre à son père, sobrement intitulé The Man and His Art, et dont il parle sur son blog. Le livre est très beau. Il relate la vie du grand auteur et est richement illustré. Peake était un génie, aussi bien capable de dessiner l'inquiétante étrangeté que de peindre des oeuvres de facture très classique. Ses mots sont à la hauteur de ses images et réciproquement. Il est un cas presque unique dans l'histoire de la littérature. Si le lire ne vous donne pas de l'audace, vous êtes perdu à jamais pour la littérature. Je ne peux concevoir que l'on découvre son oeuvre sans en être bouleversé pour la vie entière.
C'était un aventurier de l'imaginaire, qui n'avait peur de rien et qui partait à la conquête de lui-même dans des univers obscurs et magnifiques, dont l'absurdité ou la bizarrerie vous paraissent, à la lecture, très logiques et naturels. Et puis Fuchsia, c'est moi. Et je sais aussi que je ne suis pas la seule à le penser.

Ici Mervyn et sa femme Maeve, 

l'auteur d'un très beau livre de souvenirs, A World Away, que j'ai eu le plaisir et la chance de lire. Je ne peux que le recommander à tous ceux qui aiment Mervyn Peake.
Des illustrations tirées de Gormenghast :








 Une blanche-Neige qui me plaît beaucoup avec son petit air hautain :




et des personnages hors du commun :


Je suis désolée mais ces copies ne sont pas de belle qualité, car le livre est grand et mon scanner petit et je savais comment le manoeuvrer sans abîmer les pages. J'essaierai de montrer d'autres pages, car celles-ci ne sont pas inédites.

Lily a écrit un billet enthousiaste sur le premier volume de la trilogie.

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Je désirais simplement présenter, avant le week-end, en quelques lignes, cette petite pièce, en quatre scènes, que Barrie avait écrite pour l'amusement des enfants Davies, The Greedy Dwarf. Dix jours après sa représentation mourrait la reine Victoria et quelques mois plus tard George partirait chez Wilkinson (Cf. le milieu de cette page-ci ou reportez-vous à mon édition du Petit oiseau blanc). La fin d'une époque.



Le titre m'évoque le nain Quilp, un odieux personnage du Magasin d'antiquités de Dickens.


[caricature de Joseph Clayton Clarke]

Je ne sais si mon intuition est juste, car hélas il ne reste pas, à ma connaissance, d'exemplaires de ce texte, très mince et en grande partie révélé par le programme. Toutefois, grâce à l'immense et insurpassable travail du biographe de Barrie, Denis Mackail (qui assista à cette pièce alors qu'il avait neuf ans sans savoir qu'il écrirait bien des années plus tard la vie de Barrie ! Cette coïncidence n'était-elle pas belle ?)


et à celui d'Andrew Birkin nous pouvons reconstituer l'ambiance et le contenu de la pièce. Il s'agissait d'une pantomime, dans la plus pure tradition victorienne. Le Noël précédent, Barrie avait emmené George et Jack à un tel spectacle, Les enfants dans les bois.
L'année suivante, il décida de faire quelque chose de plus amusant : écrire sa propre pantomime ! Son but était de "faire se tordre de rire tous ceux qui ont quatre ans"comme il l'écrit à l'un de ses compagnons de cricket... Et si le terme "moral" apparaît dans le programme, c'est une petite pique destinée à la gouvernante des enfants Davies, Mary Hodgson. On trouvera écho de ceci, encore une fois, dans Le petit oiseau blanc. Cette gouvernante se disputait avec Barrie l'affection des enfants et était outrée par le comportement de l'auteur, qui aimait tant les histoires...

La pièce fut donnée dans sa salle d'étude.
Ah que j'aurais aimé assisté à cela ! Il y eut une seule et unique représentation. Les spectateurs furent tous invités ; c'étaient des enfants. Cette représentation eut lieu le 7 janvier 1901, l'après-midi. Ce ne sera pas la première pièce privée que donnera Barrie, coutumier du fait.

Les costumes étaient dans le style des illustrations de Kate Greenaway (j'ai parlé d'elle ici en un mot). Tous les acteurs, à l'exception de Gerald du Maurier, avaient plus de trente ans ; Barrie lui-même allait vers ses quarante-et-un ans.


En lisant le programme, on apprend que Miss (!) Sylvia du Maurier a été ramenée en hansom cab de l'année 1892 (!) afin de jouer le garçon à cheval sur les principes" ! Barrie, quant à lui, jouait le rôle du vilain garçon de l'école. Il portait une perruque. Il effrayait les enfants avec son déguisement en faisant peut-être un peu son Capitaine Crochet pour l'occasion... Son morceau d'anthologie était la scène où, afin de se battre, il enlevait les douze (vous avez bien lu !) manteaux qu'il portait sur lui. Gerald du Maurier (le fameux nain ! Il interpréta alors son premier rôle dans une pièce de Barrie.) de son côté, se servait de ses mains à la place de ses pieds, tandis qu'un autre acteur lui prêtait ses menottes. Madame Barrie jouait le rôle de la Brave Petite Fille, elle se tira de tous les dangers qui la menaçait, mais finit par se déguiser en fauteuil, recouverte d'une couverture... Porthos, le saint-bernard bien connu, joua aussi son rôle à la perfection, qui consistait à manger un biscuit et à boire du lait.

Grâce à Andrew Birkin et à ses trente ans (est-ce aussi un peu de mon destin de tisser ma vie avec celle de Barrie, de repriser son ombre ? Si tel est le cas, j'y consens de tout coeur, ce rôle me plairait assez) de passion pour Barrie et la famille Davies, grâce à son oeuvre, nous avons moyen de lire le programme de la pièce, d'en apprécier l'humour, d'être touchés par tant d'amour de la part d'un poète qui s'adresse à l'enfance, et émerveillés par ce pouvoir que, finalement, nous possédons tous d'enchanter la vie des autres. Oui, chacun d'entre nous, et sans limite, que nous soyons doués ou non.
Je me rappelle de ma soutenance de D.E.A. de philosophie, il y a quelques années, lorsque j'avais plus ou moins sidérés mes juges en faisant preuve d'autant de foi enfantine que de maturité tragique - je parlais de la mort de l'être aimé dans ce texte que je présentais - en affirmant que la magie n'était pas un vain mot mais une manière très simple de déplacer son regard dans le halo des choses et des êtres.
Ce n'est point naïveté de ma part que de le croire et de l'exprimer. Il suffit de tellement peu pour ouvrir la voie d'un bonheur quotidien, durable, et pour faire entrer le merveilleux, comme le soleil qui cogne à la fenêtre, dans notre coeur et dans celui des autres.

Ce matin, j'ai reçu une belle lettre rose-mauve, écrite en violet, d'une personne que j'aime tant, d'une amie qui n'a pas peur d'exprimer ces sentiments. C'est exactement ce dont je parle et ce que Barrie fait vivre encore aujourd'hui pour moi et quelques personnes à travers le vaste monde.


Le programme de la pièce présente un dessin assez proche d'une photo de Peter Davies, que j'ai jointe également dans cette présentation. L'auteur est nommé "Peter Perkin" ! La photo le montre plus jeune qu'il ne l'était en 1901.


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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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