lundi 6 avril 2009
(Pour Virginia.)
Sainte-Sévère, petit village de l'Indre, sans grand intérêt (je n'ai aucun goût pour mon "pays" natal, bien au contraire... et je hais assez fort la campagne et les villages français qui suscitent en moi une angoisse d'enfermement assez effroyable, donc ce n'est pas par chauvinisme que j'écris ces quelques lignes, mais afin de partager une émotion pure et inattendue...), au cœur de la France, non loin de l'endroit qui vit naître l'auteur de ces lignes, on célèbre le facteur François immortalisé par le génie d'un cinéaste, Jacques Tati, dans Jour de fête, son premier long métrage.
Nous sommes allés visiter La Maison jour de fête, ce week-end, parce que j'aime beaucoup Jacques Tati et son univers, car il s'agit bel et bien d'un homme-univers, une persona burlesque et lunaire, qui insuffle vie à des détails insignifiants, leur donnant la portée d'un monde, et qui extrapole l'éternité cachée dans des instants infinitésimaux. Le génie de Tatie est inexplicable et je ne suis pas certaine que tout le monde puisse y être sensible. Il s'inscrit, cependant, dans la lignée d'un Chaplin et d'un Keaton. Ceux qui lui ont succédé lui ont beaucoup emprunté aussi, il me semble, comme Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro.
La beauté de son travail tient à des petits riens, parfois subtils, à un jonglage des sons, à un "équilibrisme" des êtres et des choses dans un univers qui ne cesse de se mouvoir et de rechercher son centre de gravité. Je dois reconnaître que j'ai éprouvée une émotion vibrante à me retrouver plongée, comme par magie, dans le décor et la vie du film. Expérience très troublante provoquée par un procédé de scénovision. Je crois que Tati aurait apprécié.
Ma caméra n'a pas fonctionné ce jour-là, je n'ai donc pu prendre que quelques mauvaises photographies avec mon IPhone.
Sainte-Sévère, petit village de l'Indre, sans grand intérêt (je n'ai aucun goût pour mon "pays" natal, bien au contraire... et je hais assez fort la campagne et les villages français qui suscitent en moi une angoisse d'enfermement assez effroyable, donc ce n'est pas par chauvinisme que j'écris ces quelques lignes, mais afin de partager une émotion pure et inattendue...), au cœur de la France, non loin de l'endroit qui vit naître l'auteur de ces lignes, on célèbre le facteur François immortalisé par le génie d'un cinéaste, Jacques Tati, dans Jour de fête, son premier long métrage.
Nous sommes allés visiter La Maison jour de fête, ce week-end, parce que j'aime beaucoup Jacques Tati et son univers, car il s'agit bel et bien d'un homme-univers, une persona burlesque et lunaire, qui insuffle vie à des détails insignifiants, leur donnant la portée d'un monde, et qui extrapole l'éternité cachée dans des instants infinitésimaux. Le génie de Tatie est inexplicable et je ne suis pas certaine que tout le monde puisse y être sensible. Il s'inscrit, cependant, dans la lignée d'un Chaplin et d'un Keaton. Ceux qui lui ont succédé lui ont beaucoup emprunté aussi, il me semble, comme Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro.
(Keaton, Tati et Lloyd)
La beauté de son travail tient à des petits riens, parfois subtils, à un jonglage des sons, à un "équilibrisme" des êtres et des choses dans un univers qui ne cesse de se mouvoir et de rechercher son centre de gravité. Je dois reconnaître que j'ai éprouvée une émotion vibrante à me retrouver plongée, comme par magie, dans le décor et la vie du film. Expérience très troublante provoquée par un procédé de scénovision. Je crois que Tati aurait apprécié.
Ma caméra n'a pas fonctionné ce jour-là, je n'ai donc pu prendre que quelques mauvaises photographies avec mon IPhone.
Sur cette page de YouTube, le film en petits morceaux, pour vous faire une idée avant d'acheter le DVD qui n'existe pour le moment qu'en zone 2 anglais - un DVD français sortirait en 2010. Le film est en couleur - hélas, Jacques Tati qui désirait son film ainsi (il avait filmé avec deux caméras : une pour avoir le film en couleur, l'autre pour l'avoir en noir et blanc au cas où la couleur n'aurait pas fonctionné) n'a pas pu le voir sous cette forme.
qui vous replongera dans la poésie, la magie des films de cet homme vraiment extraordinaire, ainsi que ce petit livre qui condense les grandes idées des films de Tati,
sans omettre le manuscrit du livre d'André Pierdel, son accessoiriste, que nous avons eu la chance de rencontrer.
Il est en vente à la "Maison Jour de fête". J'espère qu'un éditeur le publiera. Mais les éditeurs sont rarement à la hauteur de leur mission, de ce qui devrait être leur mission : les grands éditeurs font en général de l'argent et vendent des produits plutôt que des livres et les petits jouent souvent de combines, plus ou moins honnêtes, ou des compromis parfois douteux pour survivre - les exceptions sont trop rares dans le milieu. J'ai commencé à dévorer ce manuscrit et je peux vous garantir que ce texte mérite d'être publié : c'est un témoignage précieux sur une époque, sur certains films ; Pierre Étaix en a signé la préface. André Pierdel est un magicien au sens propre du terme et il a participé à 180 films ! C'est, en outre, une personne charmante. Cf. cette page-ci où vous pouvez l'entendre lors d'un entretien très intéressant. Jour de fête fut son premier film, où il a joué plusieurs rôles, et surtout il en fut l'accessoiriste très inspiré.
L'idée des chaussures coupées est la sienne, par exemple.
C'est grâce à lui que cette maison a pu voir le jour car il a vendu grand nombre d'objets qu'il avait gardés après le tournage. C'est ainsi que devant nous est reconstitué l'univers du film. Cette expérience dépasse le seul cadre du film, car c'est dans les secrets du Cinéma, sa magie, son essence que nous pénétrons.
Allez à Sainte-Sévère, vous rencontrerez dans une certaine mesure Jacques Tati, son esprit sans aucun doute.
Magnifique !
Quand je pense à Tati, je pense toujours à cette grande silhouette qui prend la main du petit garçon dans Mon oncle et je me plais à croire qu'il prend aussi la mienne quand les jours sont tristes.
Il est en vente à la "Maison Jour de fête". J'espère qu'un éditeur le publiera. Mais les éditeurs sont rarement à la hauteur de leur mission, de ce qui devrait être leur mission : les grands éditeurs font en général de l'argent et vendent des produits plutôt que des livres et les petits jouent souvent de combines, plus ou moins honnêtes, ou des compromis parfois douteux pour survivre - les exceptions sont trop rares dans le milieu. J'ai commencé à dévorer ce manuscrit et je peux vous garantir que ce texte mérite d'être publié : c'est un témoignage précieux sur une époque, sur certains films ; Pierre Étaix en a signé la préface. André Pierdel est un magicien au sens propre du terme et il a participé à 180 films ! C'est, en outre, une personne charmante. Cf. cette page-ci où vous pouvez l'entendre lors d'un entretien très intéressant. Jour de fête fut son premier film, où il a joué plusieurs rôles, et surtout il en fut l'accessoiriste très inspiré.
L'idée des chaussures coupées est la sienne, par exemple.
C'est grâce à lui que cette maison a pu voir le jour car il a vendu grand nombre d'objets qu'il avait gardés après le tournage. C'est ainsi que devant nous est reconstitué l'univers du film. Cette expérience dépasse le seul cadre du film, car c'est dans les secrets du Cinéma, sa magie, son essence que nous pénétrons.
Allez à Sainte-Sévère, vous rencontrerez dans une certaine mesure Jacques Tati, son esprit sans aucun doute.
Magnifique !
Quand je pense à Tati, je pense toujours à cette grande silhouette qui prend la main du petit garçon dans Mon oncle et je me plais à croire qu'il prend aussi la mienne quand les jours sont tristes.
Libellés :cinéma,Jacques Tati,Jour de fête
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