lundi 27 janvier 2020
Ce billet est dédié à Fred, qui, comme moi, recoud son âme...
Je vous recommande la lecture de son livre consacré à Étienne Daho.
***
Nous sommes ce dont nous sommes en deuil. Ce que nous pleurons est ce qui nous manque. Ce qui nous manque est ce qui troue la mémoire, ce qui échappe à notre prise. À jamais. Autrui. Autrui en nous aussi. Peut-être est-ce la quarantaine roulée en chien de fusil. Peut-être est-ce le sentiment que, de ma vie, je n'ai pas sucé tous les sucs, fait trop peu et suis passée à côté de grandes choses, non pas les plus grandes (aimer et être aimée), admettons-le, mais certaines qui étaient à portée et dont je me suis jugée indigne, autant par peur d'échouer que par cette idée folle que j'aurais, le cas échéant, trahi un destin en les saisissant. Je pensais que devait m'échoir la mauvaise part, ou la plus petite. Avoir un destin infernal est plus acceptable que de n'en avoir aucun, lorsque l'on est convaincu, de mille manières, de n'être qu'un triste accident dans la vie des autres. On n'estime jamais à leur juste violence le pouvoir des mauvaises fées de l'enfance, celles qui se penchent sur le berceau pour souffler des sorts de mort. Bien sûr que la magie, comme la chance dont elle est jumelle, est exponentielle. Et l'inverse est parfaitement vrai. La triste mine, le cœur gros entraînent à eux le malheur. C'est pourquoi il faut saisir la magie par le col et ne plus la lâcher ! C'est l’œuvre d'une vie, à bien y songer. J'ai été ainsi une très grande partie de ma vie. Puis les termites (j'appelle ainsi les gens qui trouvent moyen de vous ronger à l'os, de tordre votre sens vital et d'éteindre, très lentement et très sûrement, votre feu de Joie) m'ont eue. Mais c'est fini ! Je sens que je peux VOLER, escalader la lune, caresser les étoiles ! Je le veux ! Peut-être est-ce de simple saison — la mienne. Peut-être parce qu'un beau film est toujours et seulement un film qui ne parle que de nous. Voilà, j'ai pleuré. J'ai pleuré pour les personnages de Lelouch et pour moi, qui étais en quête de l'auteur de mes jours littéraires, pour les amours défuntes et pour les erreurs. J'ai pleuré ce qui est semé aux quatre vents par des mains tremblantes. J'ai pleuré ce qui est à jamais perdu, wasted and lost. Pauvre Rutebeuf.
Chaque jour, je remettais mes pas sur le sillon d'hier et, funambule aux pieds gourds, j'avançais sur cette ligne imaginaire qui s'enfonçait dans l'obscurité du souvenir. J'étais précise, je surjetais le présent ; il n'y avait plus d'avenir ; je faisais de la dentelle en évidant les émotions, pour ne garder que le noyau incassable et je m'y brisais. De lui germeraient peut-être des mots et des phrases. Je ne savais emprunter d'autres chemins que cette rigole. J’aimais trop les rites, de même que j'affectionne encore les reconnaissances, les ressemblances et les concordances, à l'instar, je le présume, de tous ceux qui ont une conscience quasi permanente de la mort. Frapper soi-même le temps, lui imprimer son propre mouvement, faire surgir ses échos hurleurs, pour s’en croire possesseur et maître, voilà qui me manquait. Oui, il ne me manquait que la grâce absolutiste de l’oubli pour que le paravent du passé ne laissât plus rien entrevoir du tout. J'étais un montreur d'ombres. Je ne l'ignore point : je battais de la fausse monnaie... Sur le chemin du retour, j’ai identifié très distinctement l’ennemi, cette anomalie, en moi, qui faisait fleur ou tache. Oui, il y avait toujours eu cette chose lourde et dissonante en moi, qui m'obligeait à pencher d'un côté ou de l'autre. Je le percevais d’emblée dans le regard des autres et, parfois, dans leur gêne ou leur retenue polie. Rien n'avait changé depuis l'’école maternelle. Je peux encore mentalement tracer les contours de ce qui me sépare d'eux. Cette zone impénétrable, cet espace de flottaison. On dirait un immense plateau que je porte (mais de moins en moins souvent à présent) à bout de bras et qui les maintient à distance. Sur ce plateau, il y a les têtes de tous mes revenants. Patte-de-canne me hante encore. Arrière, mon remords ! Patte-de-canne, la petite vieille, qui m'attendait à la fenêtre... J'avais huit ans, guère plus. Elle attendait de moi l'amour que je ne pouvais lui offrir, n'en ayant pas assez pour moi-même. Elle attendait mon sourire pour en boire le miel, sans savoir l'effroi qui s'emparait de moi, lorsque je laissais ses mains caresser mon visage et sa voix répéter mon prénom. Un dimanche après-midi, je l'ai tuée. J'ai pris la décision de ne plus jamais passer devant sa fenêtre. Après avoir disparu de son champ de vision pendant deux jours, elle est sortie de sa maison et m'a attendue à l'autre bout du chemin. Je me suis enfuie, pour la première fois. Elle m'a appelée. J'ai couru plus vite. Elle m'a attendu plusieurs jours, au même endroit, n'imaginant pas quel horrible monstre j'étais devenu. Je fuyais, fuyais... Je lui avais permis de m'aimer un peu, par faiblesse ou par pitié, et je l'avais abandonnée de toute la force de mon être, parce que je n'étais pas assez riche pour lui offrir une raison de vivre. Je me sentais volée, en danger. J'avais trahi son affection, parce que j'avais peur que la mort ne fût logée dans les plis de sa blouse. Je n'ai jamais pardonné à la petite Céline cette forfaiture. Pardonnerai-je à la Céline majuscule ses autres crimes ? N'ai-je donc pas le droit de vivre pour moi, rien que pour moi, aujourd'hui, sans que l'on me vole mes désirs, ma liberté ?
J'ai toujours été prévenue contre le risque de laisser glisser les heures dorées et pensais m'être prémunie de cette inconsistance de caractère et d'âme. Et pourtant... Le savoir ne protège de rien. Il est quelque chose de plus puissant que le savoir : l'aveuglement volontaire, qu'on le pratique par peur, par lâcheté ou bien parce que l'on naît coupable des fautes de nos ancêtres.
Pour son quarante-neuvième film, Claude Lelouch revisite les vies et la mémoire de deux de ses personnages — mais n'est-ce pas la même chose ? Nous ne sommes trop souvent que cendres et grains du souvenir avec quelques onces des rêves hérités. De ces heures dorées — piqûres d’éphémères sur la paume de notre âme — nous remplissons en vain nos mains vides. Poussière de fée ou poudre aux yeux. À la fin, croyez-moi, ce qui compte le plus, ce sont nos ratés et la trace de l'absence. Nous devenons ce qui nous fait défaut. Il m'est un peu étrange de penser que je n'avais pas été très touchée, il y a 25 ans ou plus, lorsque j'avais visionné Un homme et une femme pour la première fois. Ce qui me manquait, à cette époque, c'était bien la mémoire, une mémoire spécifique, celle des choses évanouies que l'on a juste frôlées, celle de l'irrémédiable intime. Je vivais alors dans le plein et le futur — les rondeurs de l'enfance, de l'âme —, l'insouciante et légère éternité de la jeunesse. J'en suis désormais à la saison des possibles presque éteints, même si je suis encore pour un petit moment dans la fleur de l'âge. Ils sont presque éteints, non pas parce que je les aurais soufflés ou parce que j'aurais renoncé, mais parce que le temps ne passe qu'une seule fois, même pour quelqu'un comme moi qui n'ai pas une notion verticale ou horizontale du temps, mais une vision en tourbillon ou en spirale...
De temps en temps, moins souvent à présent, bien sûr, je reçois des messages de gens qui ont lu les Roses, il y a 14 ans ou plus récemment, qui les découvrent trop tard ou de manière asynchrone, et qui se demandent si la persona qui animait ces blancs d'Internet existe encore, réellement ou symboliquement. Oui, je suis là et le serai toujours pour ceux que j'ai aimés, même si j'en ai perdu quelques-uns en chemin, souvent par ma faute, parfois parce qu'ils sont morts. Je n'oublie jamais rien ni personne, pour le moment, et je suppose que la pire chose qui puisse advenir n'est pas de mourir, mais d'oublier ou d'être oublié. Voilà une mort plus terrible que la destruction physique — pourriture de la carcasse ou de la viande.
Je vous recommande la lecture de son livre consacré à Étienne Daho.
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Chaque jour, je remettais mes pas sur le sillon d'hier et, funambule aux pieds gourds, j'avançais sur cette ligne imaginaire qui s'enfonçait dans l'obscurité du souvenir. J'étais précise, je surjetais le présent ; il n'y avait plus d'avenir ; je faisais de la dentelle en évidant les émotions, pour ne garder que le noyau incassable et je m'y brisais. De lui germeraient peut-être des mots et des phrases. Je ne savais emprunter d'autres chemins que cette rigole. J’aimais trop les rites, de même que j'affectionne encore les reconnaissances, les ressemblances et les concordances, à l'instar, je le présume, de tous ceux qui ont une conscience quasi permanente de la mort. Frapper soi-même le temps, lui imprimer son propre mouvement, faire surgir ses échos hurleurs, pour s’en croire possesseur et maître, voilà qui me manquait. Oui, il ne me manquait que la grâce absolutiste de l’oubli pour que le paravent du passé ne laissât plus rien entrevoir du tout. J'étais un montreur d'ombres. Je ne l'ignore point : je battais de la fausse monnaie... Sur le chemin du retour, j’ai identifié très distinctement l’ennemi, cette anomalie, en moi, qui faisait fleur ou tache. Oui, il y avait toujours eu cette chose lourde et dissonante en moi, qui m'obligeait à pencher d'un côté ou de l'autre. Je le percevais d’emblée dans le regard des autres et, parfois, dans leur gêne ou leur retenue polie. Rien n'avait changé depuis l'’école maternelle. Je peux encore mentalement tracer les contours de ce qui me sépare d'eux. Cette zone impénétrable, cet espace de flottaison. On dirait un immense plateau que je porte (mais de moins en moins souvent à présent) à bout de bras et qui les maintient à distance. Sur ce plateau, il y a les têtes de tous mes revenants. Patte-de-canne me hante encore. Arrière, mon remords ! Patte-de-canne, la petite vieille, qui m'attendait à la fenêtre... J'avais huit ans, guère plus. Elle attendait de moi l'amour que je ne pouvais lui offrir, n'en ayant pas assez pour moi-même. Elle attendait mon sourire pour en boire le miel, sans savoir l'effroi qui s'emparait de moi, lorsque je laissais ses mains caresser mon visage et sa voix répéter mon prénom. Un dimanche après-midi, je l'ai tuée. J'ai pris la décision de ne plus jamais passer devant sa fenêtre. Après avoir disparu de son champ de vision pendant deux jours, elle est sortie de sa maison et m'a attendue à l'autre bout du chemin. Je me suis enfuie, pour la première fois. Elle m'a appelée. J'ai couru plus vite. Elle m'a attendu plusieurs jours, au même endroit, n'imaginant pas quel horrible monstre j'étais devenu. Je fuyais, fuyais... Je lui avais permis de m'aimer un peu, par faiblesse ou par pitié, et je l'avais abandonnée de toute la force de mon être, parce que je n'étais pas assez riche pour lui offrir une raison de vivre. Je me sentais volée, en danger. J'avais trahi son affection, parce que j'avais peur que la mort ne fût logée dans les plis de sa blouse. Je n'ai jamais pardonné à la petite Céline cette forfaiture. Pardonnerai-je à la Céline majuscule ses autres crimes ? N'ai-je donc pas le droit de vivre pour moi, rien que pour moi, aujourd'hui, sans que l'on me vole mes désirs, ma liberté ?
Pour son quarante-neuvième film, Claude Lelouch revisite les vies et la mémoire de deux de ses personnages — mais n'est-ce pas la même chose ? Nous ne sommes trop souvent que cendres et grains du souvenir avec quelques onces des rêves hérités. De ces heures dorées — piqûres d’éphémères sur la paume de notre âme — nous remplissons en vain nos mains vides. Poussière de fée ou poudre aux yeux. À la fin, croyez-moi, ce qui compte le plus, ce sont nos ratés et la trace de l'absence. Nous devenons ce qui nous fait défaut. Il m'est un peu étrange de penser que je n'avais pas été très touchée, il y a 25 ans ou plus, lorsque j'avais visionné Un homme et une femme pour la première fois. Ce qui me manquait, à cette époque, c'était bien la mémoire, une mémoire spécifique, celle des choses évanouies que l'on a juste frôlées, celle de l'irrémédiable intime. Je vivais alors dans le plein et le futur — les rondeurs de l'enfance, de l'âme —, l'insouciante et légère éternité de la jeunesse. J'en suis désormais à la saison des possibles presque éteints, même si je suis encore pour un petit moment dans la fleur de l'âge. Ils sont presque éteints, non pas parce que je les aurais soufflés ou parce que j'aurais renoncé, mais parce que le temps ne passe qu'une seule fois, même pour quelqu'un comme moi qui n'ai pas une notion verticale ou horizontale du temps, mais une vision en tourbillon ou en spirale...
De temps en temps, moins souvent à présent, bien sûr, je reçois des messages de gens qui ont lu les Roses, il y a 14 ans ou plus récemment, qui les découvrent trop tard ou de manière asynchrone, et qui se demandent si la persona qui animait ces blancs d'Internet existe encore, réellement ou symboliquement. Oui, je suis là et le serai toujours pour ceux que j'ai aimés, même si j'en ai perdu quelques-uns en chemin, souvent par ma faute, parfois parce qu'ils sont morts. Je n'oublie jamais rien ni personne, pour le moment, et je suppose que la pire chose qui puisse advenir n'est pas de mourir, mais d'oublier ou d'être oublié. Voilà une mort plus terrible que la destruction physique — pourriture de la carcasse ou de la viande.
Parce que mon monde est spirale, les choses s'y déroulent de manière concomitante et me touchent en diagonale.
Car la pensée est sombre ! Une pente invisible
Va du monde réel à la sphère invisible;
La spirale est profonde, et, quand on y descend,
Sans cesse se prolonge et va s'élargissant (…)
Oh ! cette double mer du temps et de l'espace
Où le navire humain toujours passe et repasse,
Je voulus la sonder, je voulus en toucher
Le sable, y regarder, y fouiller, y chercher,
Pour vous en rapporter quelque richesse étrange,
Et dire si son lit est de roche ou de fange.
Mon esprit plongea donc sous ce flot inconnu,
Au profond de l'abîme il nagea seul et nu,
Toujours de l'ineffable allant à l'invisible...
Soudain il s'en revint avec un cri terrible,
Ébloui, haletant, stupide, épouvanté,
Car il avait au fond trouvé l'éternité.
Victor Hugo, "La pente de la rêverie" in Feuilles d'automne
Cet été, déjà à sa moitié, a été entrelacé de films. À celui de Lelouch, se sont joints ceux de Pawel Pawlikowski, Cold War et Ida
qui étaient remisés depuis un moment dans l'une des bibliothèques de la maison que j'ai quittée en décembre. Le point commun entre ces trois films est le contretemps. Or, le kairos ou ce que d'autres, sans souci de notre langue, nomment le timing est la chose essentielle en amour. Les planètes sont alignées ou elles ne le sont pas. La chimie mystérieuse est à l'oeuvre ou pas. Les aimants ont la juste polarité ou pas. Questions de rythme et de trajectoire. Tomber amoureux est l'expression d'une chorégraphie des âmes. Il y a la chute et, presque toujours, la fin brutale. Ce que refuse Ida, précisément : les suites de chute, de couches... L'amour est un absolu ou il n'est que vulgarité, il n'y a pas de demi-mesures, et je crois que chacun des personnages de ces films en est conscient, à des degrés divers. Et toute la beauté de l'amour tient sur la pointe de cette chute au ralenti. Et, puisque le chagrin chante encore plus haut et plus fort que le bonheur, les amours retenues par le temps, par nos maladresses ou par nos fautes et notre aveuglement sont les plus inspirantes pour l'art.
Il y a presque 15 ans, j'ai chuté. Personne dans mon entourage ne l'a su, sauf un ami très intime, mon meilleur ami, David. J'ai continué à faire semblant, j'ai prétendu, make-believe du prestidigitateur, que rien n'était advenu... J'ai fini par y croire moi-même. Il est différentes façons d'aimer et de mentir, même pour les intégristes du cœur. Il est des confusions et des loupés. J'ai souffert. J'aspirais à l'absolu. J'étais écartelée entre divers mondes irréconciliables.
Il s'appelait S., il avait un an de moins que moi, il me rappelait Cary Grant, il riait fort, il s'exprimait en chansons. C'était fatal. J'ai comprimé dans mon petit cœur-caillou tout cet amour trop grand pour moi. J'ai étoffé ce que Winnicott appelait un faux self et ce qui me paraît être, à mi-chemin de la vie, une persona. J'ai pris 35 kilos. Je me suis métamorphosée en un ectoplasme, dont seule la maternité m'a sauvée pour une part, mais pas complètement. Je savais que tout cela finirait mal, mais je suis très forte pour écrire des histoires dans le réel, pour me conter. En juillet dernier, il s'est passé quelque chose. Le verrou a sauté. Trop de mensonges subis. J'ai décidé de tout plaquer en trente secondes. Fini de jouer avec la mort et avec mon être profond. J'ai commencé à chercher S. Il me fallait rétablir la vérité sur notre fin tragique, 14 ans plus tôt. Il y avait une promesse floue, tacite, irréelle entre nous. J'ignorais si elle pourrait être tenue. J'ai écrit à S. avec les premiers mots d'une chanson de Miossec (immense artiste que je pouvais plus écouter pendant 14 années) que nous aimions tant, que nous aimons toujours.
Il m'a répondu de même.
et...
J'ai perdu 27 kilos en un temps record, sans effort. Il me reste un peu de chair à consumer et quelques stigmates — mes blessures de guerre. J'écris un livre sur l'absence et la mémoire. Sur la mutilation (in)volontaire, sur les amours qui sont comme des corps fantômes... sur les frissons de la mémoire...
Le 4 octobre dernier, nous nous sommes revus, à Quimper.
Je l'aime comme je l'ai aimé. Je l'aimerai comme je l'aime. Ce n'est pas un choix, c'est une évidence.
Il est toujours très grand, rit un peu moins fort et parle toujours la langue des chansons. C'était et c'est toujours fatal entre nous. C'est parfait ainsi.
Nous nous aimons toujours.
Je ne (me) mens plus. J'ai cassé un peu (beaucoup) de porcelaine, mais je me suis envolée vers lui. Je ne vis plus auprès de George Sand. Je me suis installée en Bretagne avec ma fille, lestée de 250 cartons de livres, de CD et de DVD.
Je mets un point final aux Roses de décembre qui sont nées avec S. et se referment doucement alors que nous nous retrouvons. J'écrirai ailleurs, anonymement, des chroniques littéraires et cinématographiques. Ici, je ne donnerai plus que des informations concernant mon travail sur James Matthew Barrie et mes publications en rapport avec ce héros de mon existence. Je vous annonce d'ailleurs pour 2020 deux nouvelles soirées sur France Culture dont j'aurai la charge. La vie de Céline-Albin Faivre, mon pseudonyme, ne sera désormais que barrienne. Je compte vivre des vies littéraires parallèles sous une autre identité.
L'autre vie commence. L'endroit ou l'envers de la première. En Bretagne, dans une ville de pêcheurs, une ville désuète, merveilleuse, au bord de la mer, berceau d'artistes divers. J'ai fait la chose la plus folle de ma vie et, en même temps, c'était la plus raisonnable qui fût.
Je suis vivante et heureuse.
En retard de 14 ans, mais je coïncide enfin avec moi-même, sans mauvaise foi, sevrée, enfin, de la peur.
Peu importe ce qui adviendra.
Tout ira bien !
Il y a presque 15 ans, j'ai chuté. Personne dans mon entourage ne l'a su, sauf un ami très intime, mon meilleur ami, David. J'ai continué à faire semblant, j'ai prétendu, make-believe du prestidigitateur, que rien n'était advenu... J'ai fini par y croire moi-même. Il est différentes façons d'aimer et de mentir, même pour les intégristes du cœur. Il est des confusions et des loupés. J'ai souffert. J'aspirais à l'absolu. J'étais écartelée entre divers mondes irréconciliables.
Il s'appelait S., il avait un an de moins que moi, il me rappelait Cary Grant, il riait fort, il s'exprimait en chansons. C'était fatal. J'ai comprimé dans mon petit cœur-caillou tout cet amour trop grand pour moi. J'ai étoffé ce que Winnicott appelait un faux self et ce qui me paraît être, à mi-chemin de la vie, une persona. J'ai pris 35 kilos. Je me suis métamorphosée en un ectoplasme, dont seule la maternité m'a sauvée pour une part, mais pas complètement. Je savais que tout cela finirait mal, mais je suis très forte pour écrire des histoires dans le réel, pour me conter. En juillet dernier, il s'est passé quelque chose. Le verrou a sauté. Trop de mensonges subis. J'ai décidé de tout plaquer en trente secondes. Fini de jouer avec la mort et avec mon être profond. J'ai commencé à chercher S. Il me fallait rétablir la vérité sur notre fin tragique, 14 ans plus tôt. Il y avait une promesse floue, tacite, irréelle entre nous. J'ignorais si elle pourrait être tenue. J'ai écrit à S. avec les premiers mots d'une chanson de Miossec (immense artiste que je pouvais plus écouter pendant 14 années) que nous aimions tant, que nous aimons toujours.
Est-ce que désormais tu me détestes
D'avoir pu un jour quitter Brest
La rade, le port, ce qu'il en reste
Le vent dans l'avenue Jean Jaurès
Je sais bien qu'on y était presque
On avait fini notre jeunesse
On aurait pu en dévorer les restes
Même au beau milieu d'une averse
Pourquoi viens-tu si tard ?
et...
Le 4 octobre dernier, nous nous sommes revus, à Quimper.
Je l'aime comme je l'ai aimé. Je l'aimerai comme je l'aime. Ce n'est pas un choix, c'est une évidence.
Il est toujours très grand, rit un peu moins fort et parle toujours la langue des chansons. C'était et c'est toujours fatal entre nous. C'est parfait ainsi.
Nous nous aimons toujours.
Je ne (me) mens plus. J'ai cassé un peu (beaucoup) de porcelaine, mais je me suis envolée vers lui. Je ne vis plus auprès de George Sand. Je me suis installée en Bretagne avec ma fille, lestée de 250 cartons de livres, de CD et de DVD.
Je mets un point final aux Roses de décembre qui sont nées avec S. et se referment doucement alors que nous nous retrouvons. J'écrirai ailleurs, anonymement, des chroniques littéraires et cinématographiques. Ici, je ne donnerai plus que des informations concernant mon travail sur James Matthew Barrie et mes publications en rapport avec ce héros de mon existence. Je vous annonce d'ailleurs pour 2020 deux nouvelles soirées sur France Culture dont j'aurai la charge. La vie de Céline-Albin Faivre, mon pseudonyme, ne sera désormais que barrienne. Je compte vivre des vies littéraires parallèles sous une autre identité.
L'autre vie commence. L'endroit ou l'envers de la première. En Bretagne, dans une ville de pêcheurs, une ville désuète, merveilleuse, au bord de la mer, berceau d'artistes divers. J'ai fait la chose la plus folle de ma vie et, en même temps, c'était la plus raisonnable qui fût.
Je suis vivante et heureuse.
En retard de 14 ans, mais je coïncide enfin avec moi-même, sans mauvaise foi, sevrée, enfin, de la peur.
Peu importe ce qui adviendra.
Tout ira bien !
FIN
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- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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