mardi 27 mars 2007

Ce sont les mots de Dickens à sa belle-soeur, Mary Hogarth, en 1835, lorsqu'il évoque son travail dans une manufacture de cirage, alors qu'il n'était encore qu'un enfant (12 ans - nous retrouvons toujours cet âge fatidique dans la littérature...) et que son père était emprisonné pour dettes. Quelle belle revanche sur la vie que le parcours littéraire de ce monstre victorien !


(Remarquez ceci : je porte des gants couleur guimauve sur ces extraits. Pourquoi sont-ils devenus noirs le lendemain, dans les Jardins de Kensington ? Cette métamorphose participe de ma "terrible aventure"...)

****
J'aime beaucoup Londres, parce que chaque nom


m'évoque les romans où j'ai coutume de me lover - dans la position du foetus ou du grabataire (qui est la même et non sans raison). Je m'y sens en famille, comme si chaque quartier ou le moindre personnage historique constituait à lui seul une branche de mon arbre généalogique. Je remercie mes parents de m'avoir abandonnée à la naissance ; je le dis sans cynisme ni arrière-pensée, encore moins avec la voix embuée, mais du ton conquérant, railleur et très orgueilleux de Peter Pan ; grâce à eux, j'ai eu le pouvoir de choisir qui je suis, réellement. Être un enfant autochtone, comme j'aime m'appeler, n'est pas à la portée de tout le monde. J'aime ma différence.

Aujourd'hui, je l'aime.

Je me demande, tongue-in-cheek, pourquoi les parents ne rendent pas plus souvent ce service à leurs enfants.

J'ai commencé à ranger ici, dans l'herbier, mes souvenirs dans le plus grand des désordres. En effet, sitôt les valises déposées à Londres - hélas, pas les deux poches ou les deux cloques sous mes yeux, mais elles ont leur utilité : recueillir une provision de larmes afin de nourrir mes histoires, car elles sont le lait maternel de mes personnages ; je suis un pélican à ma façon, qui est parfois celle de Strindberg -, nous nous sommes dirigés en direction de l'époque victorienne.


[La Reine Victoria qui trône encore, mais dans les Jardins de Kensington.]

Avant Barrie, il y eut Dickens et le premier n'oublia pas le second, pas plus que votre modeste cicérone ne manqua de rendre hommage au Dieu du Roman. Je lui dois tant d'heures de bonheur, peut-être mes moments de lecture les plus intenses, que ce saut dans le temps est la moindre des choses.

Petit détour dans Londres, afin de rendre visite à Charles, dont l'existence est plutôt mystérieuse. Je vous recommande cette biographie, joliment illustrée, que j'ai achetée et lue sur place :


Bien que succincte et très subjective, elle constitue un agréable et précis point de départ pour faire connaissance avec le grand romancier. Peter Ackroyd est un auteur qui a mes faveurs. Sa superbe biographie de Londres n'est pas étrangère à mon admiration. J'ai acquis aussi, lors de cette légère et diluée pause anglaise, une biographie de Shakespeare dont j'espère le meilleur.

Assez de palabres ! Je vous emmène au Dickens Museum par la pensée. Suivez-moi ! Cette maison est celle où il a achevé Pickwick et Oliver Twist.

* Sur le seuil de sa maison :


Dickens-exterieur par misshollygolightly

* Entrée :



Dickens-entree par misshollygolightly



* Son bureau :



Dickens-singe par misshollygolightly

* Dédicace de Dickens à Andersen (leur amitié fit long feu) :


Dickens-andersen par misshollygolightly



* The drawing-room (la salle de réception et non pas la salle d'étude ; j'ai fait un lapsus dans la vidéo, a slip of the tongue, même s'il écrivait aussi dans cette pièce...) :




Dickens-drawing par misshollygolightly



* Les divers visages de Dickens à travers le temps :


Dickens-visage par misshollygolightly



* Promenade dans la maison :


Dickens-promenade par misshollygolightly





* Feuilletons 
(comme chacun sait, Dickens publiait ses romans en feuilletons, dont voici des exemplaires) :


Dickens-feuilletons par misshollygolightly


La chambre de Mary Hogarth (soeur de sa femme) :


Dickens-chambre par misshollygolightly 


Mary Hogarth était adorée par Dickens et sa mort brutale lui causa une peine durable. Il conserva ses vêtements dans un placard pendant des années et les regardait de temps à autre. Il ôta d'un de ses doigts une bague et la porta jusqu'à sa propre mort... Dora, la petite Nell et Florence Dombey portent l'empreinte de Mary.

* La lingerie :


Lingerie par misshollygolightly



* Détails :


Florence et Paul Dombey, deux personnages dickensiens adorés : vitrail. Il y a quelques vitraux délicieux dans cette petite maison.


L'autre femme, une actrice aimée de Dickens, Ellen Ternan. Il quittera sa femme pour elle, mais surtout parce qu'il était malheureux avec cette épouse usée et dépressive.


Catherine Dickens, jeune.



La même... plus tard. Le temps n'a aucune indulgence envers les femmes.


Un tableau de Robert W. Buss, offert à la maison Dickens par le petit-fils de l'artiste et qui me plaît infiniment. Il représente Dickens et ses personnages. Il est inachevé mais je crois que l'aime encore plus ainsi. On a le sentiment que l'ombre de l'imaginaire recouvre la réalité.

TO BE CONTINUED...
Le meilleur est à venir.

Nous allons maintenant suivre les traces de Barrie...

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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