lundi 29 mai 2006
(Penelope Cruz et Carmen Maura pendant le tournage)

Cannes a sacré hier Pedro Almodovar en tant que cinéaste des femmes, en attribuant à toutes les actrices le prix d’interprétation. Une fois n’est pas coutume, il me paraît difficile de n’être pas d’accord. Tous ses films ne parlent que des femmes. Lorsqu’il est question des hommes, ceux-ci sont soit démissionnaires, soit lâches, parfois cadavres (objet que les femmes manipulent), ou bien encore (dans le meilleur des cas) travestis, aspirant peut-être à la générosité de la féminité. Certes, cette amplitude de sentiments et ce tourbillon de mouvements est quelquefois hystérique, mais elle est le symbole de la vie, qui est bouleversement, et non vulgarité.

La démesure est saine dans cet univers. Etrangement, Almodovar paraît très sage dans ce film, comme s'il se sentait assez sûr de lui pour faire une ascèce. Ce qu'il perd en bigarrure, il le gagne au centuple en force.

Volver est le récit bouillonnant, chaleureux et coloré de plusieurs destins de femmes entremêlés. Le film lui aurait été inspiré, a-t-il précisé, par le portrait de sa mère.

Rarement un film m'aura autant donné d'appétit ; la faim m'a harcelée du début à la fin!

Faim. Avoir de l'appétit pour l'existence est certainement une vertu. C'est un signe de grandeur de la part de l'artiste que de provoquer un ébranlement aussi physique.

Faim. De chair, de nourriture, de vie. On pourrait prendre à bras le corps l’écran et étreindre chacun des personnages, tant ces femmes paraissent vivantes ! Penelope Cruz est radieuse dans sa fatigue de femme pressée – exprimant une force à la Anna Magnani

- et chacune de ses femmes est belle à sa façon, même si elles ne correspondent pas toutes aux canons en vigueur dans notre société. La tante Paula, une vieille femme, possède un rayonnement que l’on ne retrouve quasiment jamais dans le cinéma. Pourtant, il y a des tas de vieilles de ce genre dans le monde, aux quatre coins de notre quartier. Mais le cinéma est trop souvent, de nos jours, l’art de la sensualité facile, l’apologie du corps sans défauts, la vénération d'une beauté à une seule dimension.

Hommage magnifique à la réalité, au monde des vivants (et des morts, dans une certaine mesure - il y a plusieurs façons de l’être : symboliquement, pour une part, par amnésie ou incompréhension…) J’ai songé, en plusieurs endroits, à Monteiro. La fougue, la sagesse, le respect de la vieillesse des méditerranéens, mais pas seulement. J’ai ressenti la présence d’une divinité incarnée. Notamment, lors de la préparation des repas qui est, curieusement mais simplement au premier abord, mêlé à un rite funéraire secret (le cadavre dans le congélateur). Monteiro joue aussi à cache-cache avec ses cadavres. La mort chez Almodovar paraît naturelle, même lorsqu’elle est criminelle. Pourquoi en avoir peur ? Tout n’est que jeu, somme toute. Si crime il y a (et c'est le cas), il est expié. Inutile de ressasser. Il faut du cran et ces femmes en ont toutes.

L’histoire n’est pas ce qui m’importe le plus lorsque je mange un film d’Almodovar. Je recherche une forme de vérité, d’impudeur, de robustesse dans ses films. Peut-être même que j’essaie d’y trouver une raison d’être meilleure avec mon prochain.

Le prix qu’on lui a attribué pour le scénario est presque une erreur, car la force du cinéaste ne réside pas tant dans l’agencement des divers plans, dans la ligne d’horizon qu’ils dessinent, que dans le regard qu’il pose sur chacun d’entre eux.

Et ce regard est un coup de soleil, mais il ne blesse pas, il fait revivre.

Volver signifie "revenir". D'entre les morts ou parmi les vivants - car on peut mourir sans le savoir ou le vouloir, à l'abri d'un silence coupable. Mais ce retour signifie plus vraisemblablement le cycle de la vie symbolisé par trois générations de femmes, les trois figures éternelles : la mère, l'amante et l'enfant. Ces figures ne sont que pièces, parfois dédoublées (les deux soeurs de la même génération par exemple) d'une image plus grande, celle qui nous contient : l'existence humaine.

dimanche 28 mai 2006

J’ai dégusté, frustre gloutonne, avec l’appétit d’un cétacé ce trop court essai. Ne suis-je pas le ventre qui abrite Pinocchio et son vieux Gepetto ? Impressionniste, Tournier caresse et flatte quelques livres et auteurs qui ont décillé son existence. Le premier d'entre eux est le plus célèbre roman de Selma Lagerlöf. Il laisse entrevoir la croisée, mais le livre délaissé, on regrette que la percée ne soit pas plus grande, plus profonde, et l’on a envie de se substituer au maître de céans. Mais l’étincelle a allumé un incendie. Dans mon esprit. Le vôtre de même, très certainement. Le souffle de Tournier ranime mes amours parfois chétives. Peut-être est-ce l’ultime mérite de cet ouvrage, de cette déclaration d’amour - en bonne et due forme. En effet, Michel Tournier possède cette qualité rare, qui est générosité, vertu même (et mériterait de figurer aux côtés des exigeantes cardinales nommées prudence, justice, courage et tempérance). Il est un frère qui partage ce qu’il aime, ce qui lui fait vivre, le nourrit. Sa définition du bonheur est, de ce point de vue, radieuse et lucide :

« Le bonheur, c’est très simple. Il n’y a qu’une seule condition, mais alors absolument nécessaire : aimer passionnément quelque chose ou quelqu’un. Si vous n’aimez rien, ni personne, vous êtes perdu, votre vie est finie avant d’avoir commencé. Au contraire, si vous vous passionnez pour la botanique, la musique indienne, le rugby ou les timbres postes, si vous voulez absolument tout savoir sur l’Egypte des pharaons, si vous passez vos nuits l’œil collé à un télescope parce que les étoiles vous fascinent, si vous adorez par-dessus tout une femme, un homme ou un enfant (ou les trois à la fois), et si vous êtes prêt à tous les sacrifices qu’exigera votre passion… alors peut-être serez-vous un grand écrivain, un peintre célèbre ou un naturaliste de renommée mondiale, mais ce qui est sûr et certain, c’est que vous aurez une vie digne d’être vécue. »
Tournier sautille de l’amour à la passion, de la passion à l’adoration, sans distinction conceptuelle. Il faut bien comprendre qu’il parle d’intensité, de ce que Descartes appellerait la dévotion. Il n’est pas question de flammèche d’émotion, de sentiment qui s’éteint en un claquement de doigt, faute de soins et surtout de foi – ai-je déjà dit que ce qui m’attire chez Barrie est cette foi en l’impossible, moi qui n’en possède aucune lorsque s’agit de Foi ? Le feu de l’esprit et du cœur requiert l’ardeur, quelque chose qui s’apparente à la grandeur de l’âme, qui n’est pas seulement état mais complexion. A mort ceux qui n’ont que de petites passions ai-je souvent envie de hurler ! L’homme se mesure sur l’échelle de ses passions. L’amour est viscéral ou n’est que médiocre fantaisie, pitance pour l’estomac incommensurable de l’arracheur des heures et des minutes. Je ne lis pas pour passer le temps. Je hais cette expression. Ne courons-nous pas au coude à coude avec lui ? Je ne passe pas le temps : je le vole, je le dupe, je le (dé)double, je le fustige, mais je refuse de le perdre. Je lis pour m’enfler de ma propre vanité et de quelques autres sentiments plus précieux ceux-là. Puis, je m’envole. Je suis montgolfière quand je lis. Je suis. Tournier a raté l’agrégation de philosophie (par bonheur !) sinon il ne serait pas devenu le conteur, l’écrivain libre, qu’il est. Il a conservé la rigueur de l’exercice mais l’activité douloureuse de la pensée en exercice ne l’a pas excipé de sa fantaisie, de son imaginaire. Pourtant, il ne cesse de répéter - et je ne suis pas certaine qu’il ait toujours été pris au sérieux - que tous ses livres sont des traités de philosophie déguisés, surtout ceux destinés aux plus jeunes… Justement ! Il précise que son Vendredi ou la vie sauvage (destiné aux plus jeunes) est bien supérieur à son Vendredi ou les limbes du Pacifique (philosophiquement viable). Je ne résiste pas au bonheur de citer ce qu’il écrit au sujet du Tour du monde en quatre-vingts jours de Verne :
« Le caractère philosophique de ce roman d’aventures est couronné par un coup de théâtre qui sort tout droit de La critique de la raison pure de Kant. Le philosophe allemand nous explique en effet que le temps et l’espace, même réduits à leurs dimensions les plus purement théoriques, n’en sont pas moins des intuitions de la sensibilité qui ne peuvent se réduire aux concepts de la raison abstraite.* Le temps et l’espace, il faut les vivre avec nos yeux et nos muscles, aucune construction abstraite ne remplacera cela. Et il nous donne l’illustration saisissante de son propos : “ Si le monde entier se composait d’un seul gant encore faudrait-il que ce fût un gant droit ou un gant gauche, et cela la raison seule ne le comprendra jamais.”»
Ce livre vous fera gagner une ou deux heures de bonheur. * Puis-je ajouter que l’imagination est la fonction qui fait liaison entre les deux, ce que Kant nomme le schématisme ? Je pense déjà à des développements fructueux...
samedi 27 mai 2006
Michel Tournier vient de sortir un nouvel opus sur un de mes sujets favoris. Ce livre constituera ma friandise du jour et je viendrai vous livrer mes impressions. Quatrième de couverture :

Au fond de chaque chose un poisson nage

Poisson de peur que tu n'en sortes nu

Je te jetterai mon manteau d'images.

Ces vers de Lanza del Vasto décrivent la démarche de ces auteurs dits " pour les jeunes ". Ayant des vérités trop graves à exprimer, ils les dissimulent sous des histoires de voyage, de pêche, de chasse, de naïves amours. Si les lecteurs adultes les prennent à la légère et rangent leurs livres dans le rayon du second ordre de leur bibliothèque, c'est qu'ils ont réussi leur coup : le manteau d'images a joué son rôle. Les jeunes lecteurs, eux, ne s'y trompent pas. Ils dévorent ces vérités mystérieuses, profondes et cruelles si joliment enveloppées et qui nourrissent leur sensibilité. On dit parfois d'un enfant qui aime la lecture qu'il est " sage comme une image ". A-t-on mesuré toute la dangereuse et profonde sagesse des images ?

Ne serait-ce que par égard pour cette lucidité, Tournier demeurera important pour moi.

« Maman ! - Je suis occupée. Tais-toi ! - Maman ! - Oui ? Pourquoi ne vas-tu pas jouer ? - Parce que je vais mourir demain. - Ah, très bien. Mais qui t’a mis une telle idée en tête ? - Personne, mais j’ai mangé de la confiture. - Et depuis quand la confiture fait-elle mourir les petits garçons ? - C’était de la confiture interdite. - Aux pêches ? - Oui. - Tu as lu l’étiquette collée sur le pot ? - Oui. - Avant ou après l’avoir mangée ? - Après. - Ce n’est donc pas un suicide, tu me rassures. Tu vois, tu as appris quelque chose de fondamental aujourd’hui : on meurt toujours de son ignorance. - Maman, il y a quelque chose qui m’ennuie. - Quoi encore ? - Je ne sais pas lire. - Tiens, c’est vrai ça ! Mais tu as lu ? - Je ne sais pas si j’ai réellement lu, mais je savais ce qui était écrit sur le pot. - Qu’as-tu lu sans lire ? - Confiture de pêches cuite au chaudron. Sucre de Canne 45%, pêches 10%, pectine de fruit, acide citrique et… petit garçon 45 %. - Je vois. C’était bel et bien ce pot… - De la confiture de petit garçon ! - De la confiture aux pêches. - Je vais mourir ? - Oui. - Demain ? - Non. - Quand ? - Maintenant. - On ne peut pas faire autrement ? - Non. - Pourquoi ? - Tu le sais bien. - Et si on disait que je suis déjà mort ? Un mort ne peut pas mourir. - Détrompe-toi. On peut toujours mourir davantage. »
«Il est certain que rien n’anime plus puissamment une affection que de dissimuler une partie de son objet, en le plongeant dans une sorte de pénombre qui en découvre assez pour nous prévenir en sa faveur tandis qu’elle nous laisse le soin d’imaginer le reste. Sans compter que l’obscurité s’accompagne toujours d’une espèce d’incertitude, l’effort que fait la fantaisie pour compléter l’idée accélère le mouvement des esprits et apporte un degré supplémentaire de force à la passion. »
Hume, Traité de la nature humaine, « Les passions », partie III, section IV
« (…) l’absence détruit les passions faibles tandis qu’elle accroît les fortes ; tout comme le vent mouche une chandelle et attise un incendie. Une longue absence affaiblit naturellement notre idée et diminue la passion ; mais lorsque l’idée est assez forte et assez vive pour s’entretenir elle-même, le malaise qui provient de l’absence accroît la passion et lui apporte une force et une violence nouvelles.»
Ibidem
vendredi 26 mai 2006

Lire et relire, George Eliot, c'est être en aussi bonne compagnie qu'avec Henry James, Edith Wharton ou Virginia Woolf. La langue est ferme, presque sévère, et pourtant généreuse et lumineuse. Autopsie des consciences, ironie et petits coups de griffe, telles sont les manières de la dame. Et lorsque la traduction est de Sylvère Monod, je n'ai aucun scrupule à me promener en langue française dans les allées géométriques de Middlemarch, qui est comme chacun le sait un chef-d'oeuvre. Il est plus difficile d'énoncer en quoi réside sa perfection... Je m'aventurerai peut-être un jour à le faire. P. 111, je lis ces mots : "Je ne m'intéresse pas à son Xisuthrus et à son Fee-fo-fum et compagnie (...)" J'apprends grâce à une industrieuse note que Fee-fo-fum est le cri de l'ogre. On en trouve trace dans un conte anglais du XIIIe siècle pour enfants, Jack le tueur de géants. Fee-fo-fum ! J'ai su quelque chose à ce sujet, dans une autre vie. La mémoire est une trappe.

Si l’on songe qu’il y a indubitablement – si tant est que les statistiques soient une preuve - plus de fous à l’extérieur qu’à l’intérieur, on comprendra mieux l’acharnement de Lancaster à investir les lieux. La plus grande terreur de Jonathan Lancaster avait été, de tout temps, d’être enfermé dans un hôpital psychiatrique. « De tout temps » remontait à la prime enfance de cet être hermaphrodite. Devenir psychiatre, au sein de ce qu’il continuait d’appeler un « asile », parmi les « fous », et ce malgré les remontrances empesées de la gent médicale, lui garantissait, au moins symboliquement, de disposer des clefs de l’établissement. Etre gardien de la normalité l’éloignait, songeait-il complaisamment en caressant son menton imberbe, du rôle d’aliéné ou d’interné. D’aucuns choisissent un métier pour des raisons moins claires ou, pire, moins essentielles. L’exercice de sa profession s’enchaînait logiquement avec les manifestations bruyantes ou privées de son caractère. Lancaster n’avait donc pas choisi d’être psychiatre, mais les choix ne sont de toutes les façons que des consolations sémantiques. Sa nature profonde le lui avait enjoint froidement. Il était entré dans cette profession par une des mêmes portes que certains de ses patients : une phobie. La peur de devenir fou, que les bien informés (ce qui prouve la compétence de ces derniers, car le mot est absent de la plupart des dictionnaires) nomment lyssophobie. Il avait longtemps été persuadé de son atypie par l’absence d’écho que lui renvoyaient les visages fermés de ses camarades de classe. Plus tard, à l’adolescence, sa solitude s’était transformée en ascèse de contacts humains, une privation graduelle de mots et de gestes. Mais il n’était pas naïf : à quoi bon cette mortification, si personne n’essayait de vous en détourner, si aucune tentation ne venait vous flatter les neurones ou la langue ? Johnny était seul. Le Docteur Lancaster cultivait les fous avec la facilité désarmante et innocente de ceux qui s’occupent de légumes ou de fleurs. A la face du monde, il s’efforçait autant que possible de paraître discret et raisonnable. Mais qui aurait été assez innocent pour être dupe de ses circonlocutions et de ses gestes maniérés qui dissimulaient une pensée et des gestes choquants ? Les tomates, pour arriver à une maturité (de taille et de goût) satisfaisante doivent faire l’office de soins rigoureux. En bon jardinier, Lancaster ne négligeait jamais de couper les gourmands qui poussaient entre les tiges maîtresses des plants. Avec une dextérité et un savoir-faire comparables, il éliminait tout ce qui dans ses patients gênaient le développement de leur folie personnelle et avait le pouvoir de les ramener à une certaine forme de raison. Il exaltait, au contraire, l’originalité de leurs maux, en cajolant leurs penchants secrets et inavouables, savourant leur embarras. Ainsi, à force de persuasion, Johnny avait ouvert un zoo – unique en son genre - qui n’avait pour visiteurs que par les habitués de Sainte-Gilberte, hormis les thérapeutes, qui ignoraient tout de cet espace mi-réel mi-imaginaire. Les spécimens qui avaient donné le plus de fil à retordre au bon docteur était un psychotique, féru d’hindouisme, qui avait l’habitude de couper l’oreille droite ou gauche, je ne sais plus (celle qui était réputée être celle de la sagesse) des malchanceux qui passaient à portée de son cutter, une linguiste renommée qui ne s’exprimait que par écrit, traçant les syntagmes en lettres capitales et les morphèmes différenciateurs en minuscules, superposant ainsi deux réalités distinctes qui dans son esprit ne se recoupaient jamais, un amateur de langues de chat (qui arrachait celle des félins qui avaient le malheur de croiser son chemin), une délirante qui sentait des odeurs de merde partout et accusait Saint Antoine de Padoue de lui envoyer ces fragrances, une amoureuse compulsive et, last but not least, un écrivain raté. Le plus dangereux était ce dernier et Lancaster lui offrait quelques photos d’éditeur à lacérer, à défaut de lui procurer un représentant de cette espèce en chair et en os. Johnny eût été capable de lui amener un directeur de collection littéraire ou un lecteur professionnel pour exacerber ses doigts vengeurs, s’il n’avait craint des représailles ; avec les chats, au moins, il ne se gênait pas et en offrait un par semaine au dégustateur de langues félines, car il craignait qu’il ne perdît la main. Les autres fous n’étaient pas en reste : le spécialiste en culture indienne avait l’autorisation - le devoir - de manier son sabre miniature sur des oreilles (malheureusement) postiches, le Nez avait à disposition des bacs remplis d’excréments d’origines très diverses, la linguiste avait pour son plaisir une presse dans sa chambre et une multitude de journaux dans lesquels elle découpaient des lettres qui lui permettraient de composer des missives anonymes, tandis que, pour sa part, l’amoureuse transie avait la charge de contempler les portraits de tous ses amours non consommées jusqu’à ce que les photos perdent leur éclat et soient poissées par ses larmes.

mercredi 24 mai 2006
J'aime infiniment traduire parce que je m'instruis constamment, parce que cela nourrit ma passion dévorante pour l'écriture et la lecture, parce que je me sens l'âme d'une exploratrice. En donnant une version française au roman de Barrie qui va sortir en septembre, j'étais tombée sur cette phrase :
J’étais le seul survivant de l’infortunée Anna Pink. Si épuisé étais-je qu’ils durent me porter jusqu’à leur cabane, et grande fut ma gratitude quand j’ouvris les yeux dans cet édifice romantique, au lieu de me retrouver dans la cabine de Davy Jones.

Je me suis demandée qui était ce Davy Jones. Mes recherches m'entraînèrent dans des contrées lointaines. Pour résumer, je rédigeai cette note : Expression qui signifie la mort. Jones est peut-être une corruption du nom Jonas, le prophète jeté dans la mer, qui passa trois jours et trois nuits dans le ventre d’une baleine. La première occurrence de cette expression se trouverait dans le livre de Tobias Smollett [je ne crois pas vous avoir déjà parlé ici même de Roderick Random], Adventures of Peregrine Pickle (en 1751) : « Ce même Davy Jones, selon la mythologie propre aux marins, est le démon qui préside aux esprits malins des profondeurs, et qui prend diverses formes, perché sur le gréement les soirs où la tempête fait rage, responsable des naufrages et des autres dommages auxquels sont exposés les navigateurs (…) » Ainsi cette « cabine » désignerait le fond de la mer, les profondeurs de l’océan. Personne ne sait si ce Davy Jones fut une personne réelle. Certaines légendes disent qu’il s’agissait d’un pirate redoutable, qui aimait faire marcher ses victimes sur la planche (à l’instar de Crochet !), avant qu’ils ne tombent dans les abîmes de l’océan… Le Brewer’s dictionary of phrase and fable offre une autre perspective, de surcroît : Davy serait un abâtardissement de Duffy, un terme indien pour fantôme.
lundi 22 mai 2006
Wim Wenders demeure pour moi celui qui a réalisé un chef-d'oeuvre, Les ailes du désir,

un film exigeant, poétique et humain, aux côtés de Peter Handke en ce qui concerne le scénario. J'ai toujours beaucoup aimé l'idée que je me fais depuis toujours, dans mon for intérieur, des anges. Je ne crois pas plus à ces êtres qu'aux fées, mais je fais semblant ; et faire semblant est aussi bien que réellement le faire ou le vivre. Je plagie quelque peu une déclaration de mon bien-aimé Barrie mais je ne trouve pas de meilleure façon d'exprimer ce vécu.

Wim Wenders a mis en images ma conception imaginaire des anges qui est tangence, murmure et fugue. Un ange tombe amoureux et pour prix de cette chute devient mortel. N'en sommes-nous pas tous arrivés à ce point ? Les plus chanceux d'entre nous, en tout cas.

Il y a quelques mois, j'avais découvert en salle son dernier film, Don't come knocking. Je pensais en parler ici même et puis je me suis retrouvée dans un maelström. Le temps est une denrée rare. Tout à coup je pense à lui, par association d'idées, et j'éprouve le besoin de jeter ces quelques lignes à l'eau, dans cette petite bouteille (d'encre et non pas de whisky) qu'est mon devenue mon JIACO. J'ai retrouvé, comme dans chacun de ses films, une sensation d'étrangeté qui surpique l'exposition de faits plutôt réalistes. Mélodie triste et douce. Tout pour plaire à une mélancHollyque.

La vie n'est pas une maladie ni un poison. La vie ressemble plutôt au sac à main d'une femme : un n'importe quoi où se frôlent les univers les plus hétéroclites. La beauté surgit du commun, du chaos et du hasard. C'est la récompense d'une vanité audacieuse au coeur de nos histoires personnelles.

Un acteur un peu raté, déglingué comme une guitare dont toutes les cordes serait cassées, s'enfuit d'un tournage et part à la recherche de son passé. Autrefois, il fut célèbre. Il n'est plus qu'un acteur de seconde main. Il s'en moque. Il a dépassé depuis longtemps cette ligne de fuite. Il va revoir sa mère qu'il a abandonnée hier, il y a dix ou vingts ans. Il est poursuivi par un type qui veut le contraindre à regagner le tournage du film.

Sur sa route, qui n'a pas de but réel, il retrouvera un ancien amour de dix secondes mais la partition est déchirée. Il a aimé avec la rapidité et la dévinvolture d'un alcoolique qui enfile son énième verre. Deux enfants, trop grands pour l'être encore vraiment, qui ne se connaissent pas, qui ignorent tout de leur père vont le croiser. Le ballet est mal chorégraphié. L'un (Sarah Polley, fragile et douce, dont j'ai fait la connaissance dans l'excellent film d'Isabel Coixet, Ma vie sans moi) le devine et est prête à l'aimer, car elle sait tout de la perte - elle porte sa mère sous son bras dans une urne ; l'autre lui en veut à bon droit. Ils se retrouvent dans le no man's land de leur mémoire. Et puis... Et puis...

Ce film m'évoque Honky-Tonk Man d'Eastwood : une tendresse identique veine ce long métrage sinueux. Mais Wim Wenders est moins désespéré que Clint. Mais, paradoxalement, peut-être plus pessimiste, car il ne fait pas de cette histoire un drame ou une tragédie (le malheur est noble) mais l'écrit et la filme comme une banalité de plus dans l'existence de ces êtres.

Bande annonce ici.

Interview et extraits.

dimanche 21 mai 2006

Le film de Christian Vincent ne porte pas tout à fait bien son nom. Je ne donnerai pas quatre étoiles à ce film, trois peut-être, tout au plus. De toute façon, en matière de palace, je préfère le Gritti. My heart belongs to Venezia. J'ai une réticence opiniâtre face aux comédies françaises qui sont, en général, et à mon goût, de très mauvais films ou des films vaguement médiocres, possédant à peine les moyens de leurs basses ambitions. Rares sont celles qui provoquent en moi le rire franc, profond, salvateur, contagieux dans son impertinence. Car il s'agit de cela : je ne vais pas au cinéma pour vulgairement me distraire, plonger dans l'oubli de mon existence personnelle ; le cinéma ou la lecture ne sont pas simplement une giclée de morphine ; je suis attentive aux échos, au ton. Mon esprit fait une partie de squash avec les personnages ; l'écran est l'un des quatres pans de la salle où se projette mon âme. Je suis très méfiante lorsqu'il s'agit de José Garcia, que j'imagine, avec une immense injustice très certainement, en trublion sans profondeur. Il m'évoquait trop un vilain sergent... J'ai tort. J'aime que l'on me contredise. Il le fit, hier. Je suis habituée aux screwball comedies (comédies loufoques in French), à Lubitsch, à Wilder et à quelques autres. Nécessairement, je suis très difficile et exigeante en cette matière. Mon rire ressemble au dernier baiser de Mrs. Darling. Il faut aller le décrocher. Comme la lune. Autant s'y prendre de bonne heure et viser haut. Alléchée par la supposition émise, ici et là, que ce film était une comédie dans le style de celles que j'afffectionne, je me suis rendue d'un pas légèrement précipité à cette invitation de la salle obscure. Que nenni ! Dire de ce film qu'il a un esprit lubitschien serait se moquer. Ou penser que le spectateur est idiot et inculte. Je me souviens que l'on avait dit une chose comparable - les critiques sont des paresseux qui s'engouffrent dans n'importe quel raccourci même s'il y a une impasse au bout - en parlant d'Intolérable cruauté,
l'un des mauvais films de Frères Coen (ils ont réalisé d'excellents films, dont The Barber, par exemple). J'avais détesté ce film sans surprise et sans culot. On remarquera la parenté entre les deux affiches... "Epatez-moi !", ai-je envie de créer aux artistes ! Malgré un scénario qui tient en une ligne, sans vigule ni point-virgule, il s'agit d'un film doué d'une écriture assez précise et nerveuse. Le film ne manque pas de rythme et les acteurs débordent d'allant. Isabelle Carré est belle, enfantine, mutine. Garcia est presque délicat, malgré sa désinvolture, ou peut-être à cause d'elle. François Cluzet n'a pas le beau rôle, mais il est émouvant dans cet emploi de "Belle au bois dormant", éveillé par la luminosité de cet escroc en robe décolletée. Garcia et Carré. Un couple qui ne ressemble pas aux modèles. Ils dorment ensemble une nuit ; il ne se passe rien. Mais vous savez que "rien", c'est pire que tout. Et meilleur. J'ai pris grand plaisir à déguster cette friandise délicieuse. Dans le numéro de Mai de Positif,
Isabelle Carré explique dans un entretien comment elle s'est préparée pour ce film, les improvisations qu'elle s'est permises avec son complice, José Garcia, et les références qu'elle avait en tête. Lorsqu'elle descend l'escalier du palace, pour la première fois, elle chantonnait intérieurement à la manière de Marilyn Monroe. Je crois bien qu'elle a intercepté le secret de ce film joyeux : il donne moyen, un instant, d'être un autre, un personnage. Les clients intermittents des palaces savent cette vérité : on prend plus de plaisir à jouer qu'à se frotter aux dorures. Il restera toujours quelques paillettes collés dans la prunelle, au bout des doigts... Voir le billet de Siréneau sur le même sujet.
samedi 20 mai 2006

Le chagrin est exponentiel. Un rien l'engraisse. Tout est prétexte à son extase. Rien ne peut traiter un chagrin d'amour. Il meurt de lui-même dans la plupart des cas car l'inconstance des âmes et la paresse l'assassinent. A petit feu. Comme une mort par arsenic, un poison délivré peu à peu, chaque jour. Il naît adulte et meurt en ayant la taille d'un atome. Il faut savoir l'envisager comme un personnage qui fait de l'ombre à votre jeu ou comme un convive indélicat qui prend part au festin de votre vie, à votre table, et se goinfre de vos joies ou mets les plus délicats. Il mourra par anorexie. Le chagrin vit tant qu'il existe, tant qu'il existe, chez son propriétaire, quelque chose à dévorer. La chair des souvenirs que l'on porte à sa bouche, la moelle des jolies choses passées que l'on suce. Il demeure tant que l'on retient ce qui nous attache encore à l'être perdu. Puis, lorsqu'il ne reste que l'ombre, l'écho et le squelette de ces choses, il meurt de mort naturelle. Il serait mort-né si nous n'étions pas tous autant que nous sommes des thésaurisateurs du bonheur. Ne parlent du chagrin d'amour que ceux qui ne le vivent pas. Il est l'indicible pour celui qui est atteint pour cette affection. Sagesse. En effet, il n'y a rien à dire puisqu'il ne reste rien. L’état d’âme est le flux de la conscience incarnée dans un objet, une idée, une part de soi ou d’un autre, qui se détache de l'être et part à la dérive dans les limbes du vécu. Le sujet mélancolique s'identifie à l'objet perdu et sombre avec lui. Le chagrin d'amour n'a guère eu la faveur des philosophes, en tant que cas sérieux pour une étude. C'est un tort. Si j'étais meilleur penseur [je ne me masculinise pas, mais j'use du masculin comme neutre ; rien de plus irritant pour moi que cette féminisation intempestive des mots, au mépris du bon sens et des règles du français ! Je ne suis pas vieux jeu ! Je trouve ceci affligeant.], je m'attellerais à cette tâche. Le chagrin d'amour est une flaque. Le chagrin d'amour est un trou noir. Il est les deux à la fois. On le croit profond, il n'est que surface ; on le croit superficiel, on le caresse, et la main plonge tout entière, puis le bras, puis le reste. Le chagrin d'amour est une tromperie. Il ne se laisse pas regarder en face, car on n'y voit jamais qu'un reflet de soi et non ce que l'on attend de voir : l'autre ou ce qui est à jamais perdu. Le chagrin d'amour est un deuil sans cadavre. Mais la mort d'un idéal ou d'une illusion n'est-ce pas aussi grave ? En tout cas, c'est dramatique à défaut d'être tout à fait tragique. C'est un chagrin aristocratique. Mais il en est d'autres, moins beaux, mais parfois tout aussi destructeur, comme le dégoût de soi. Il y a le chagrin du chagrin, qui ne s'arrête nulle part mais fait son miel de tout, même du néant. C'est le chagrin existentiel. Peut-on en guérir une fois atteint ? Je ne sais pas. Je n'y ai goûté que du bout des lèvres et je ne l'ai pas aimé. Les Allemands disent ce chagrin avec un mot très poétique. “Der Weltschmerz”. Mot allemand de genre masculin. Il désigne une forme de pessimisme et de mélancolie. Littéralement, on peut le traduire par “le mal du monde”. Le mot, chez les poètes allemands, désigne la douleur de vivre. C’est aussi une manière de concept qui a trait à la philosophie de l’existence. Le mot a été crée par le poète Jean Paul afin de décrire l’humeur déployée par Byron, dans des œuvres telles que Manfred et Childe Harold's Pilgrimage. Le Weltschmerz est exprimée, en France, dans les œuvres de Vigny, par exemple. Qui peut oublier le suicide de Chatterton ?*
La mort de Chatterton par Henry Wallis, 1856. Chatterton par Serge Gainsbourg Chatterton suicidé Hannibal suicidé Démosthène suicidé Nietzsche fou à lier Quant à moi Quant à moi Ça ne va plus très bien Chatterton suicidé Cléopâtre suicidée Isocrate suicidé Goya fou à lier Quant à moi Quant à moi Ça ne va plus très bien Chatterton suicidé Marc-Antoine suicidé Van Gogh suicidé Schumann fou à lier Quant à moi Quant à moi Ça ne va plus très bien Un antidote possible : Dani, l’héroïne de Truffaut (entre autres ! Mais c’est ce qui, en premier lieu, me relie à elle…) et son dernier album, Laissez-moi rire. J’aime les femmes qui ont des voix râpées par le tabac et l’alcool. Dani.  
 * En souvenir, une de mes chattes se nomme Kitty Bell.
vendredi 19 mai 2006
En réponse à la fin de ce billet-ci. Tel était le sort des suicidés en Angleterre. Afin qu'ils ne puissent jamais trouver le repos (à cause du bruit) et qu'ils ne soient pas enterrés avec les autres morts, les dignes macchabées. Qu'on ne puisse pas les confondre surtout ! Le suicidé est un criminel. Je mesure à quel point la tolérance de mon cher Hume (avec le temps, je me rends compte à quel point il est le philosophe que j'ai le plus de bonheur à lire et celui qui me paraît le plus sage en bien des endroits ; ses provocations sont saines et calculées afin de produire une réflexion soudaine, qui est un feu exigeant, qui n'a de cesse d'être nourri par la pensée) sur ce sujet était courageuse.
Mais la vie d'un homme n'a pas plus d'importance pour l'univers que celle d'une huître. Et quand bien même elle serait d'une si grande importance, l'ordre de la nature l'a effectivement soumise à la prudence de l'homme, et nous oblige, constamment, à nous déterminer à son sujet.
Essai sur le suicide

Le suicide était considéré comme un homicide - techniquement on ne peut nier que cela en soit un. Un suicide raté était passible de sanctions pénales. Les corps des suicidés étaient envoyés en salle de dissection. Les choses s'améliorèrent peu à peu sous le règne de Victoria. Un fragment [la traduction est en prose, car je n'ai guère le temps de m'adonner à la poésie en ce moment, malheureusement ! ] dit les tourments de ces morts sans sépulture véritable : Mort ! Depuis longtemps mort ! Depuis longtemps mort ! 
Et mon coeur est une poignée de poussière 
Et sur ma tête les roues passent 
Et mes os sont secoués dans la douleur 
Car dans une tombe peu profonde ils ont été jetés 
Seulement un yard* sous la rue 
Et les sabots des chevaux frappent, frappent 
Les sabots des chevaux frappent 
Le supporter dans ma peau et dans mon cerveau 
Sans que jamais ne cesse le flux des gens qui marchent 
Ils roulent ; ils se pressent ; ils se marient ; ils enterrent 
Clameur et bagarre, les cloches qui sonnent et le fracas 
Et, ici, en-dessous, c'est tout aussi terrible 
Car je pensais que le mort avait la paix, mais ce n'est pas le cas N'est-il pas triste de ne pas avoir la paix dans la tombe ? 
Mais agité de haut en bas, d'avant en arrière 
Même les morts me fuient 
Et d'entendre un mort jacasser 
Est suffisant pour rendre fou 
Pauvre de moi ! 
Pourquoi ne m'ont-ils pas enterré assez profond ? 
Est-il aimable de m'avoir creusé une tombe aussi sommaire ? 
Moi, qui ne fut jamais un paisible dormeur 
Peut-être le suis-je encore mais à moitié mort 
Alors, je ne peux être totalement sourd 
Je crierai aux pas des gens au-dessus 
Et quelqu'un, sûrement, quelque gentil coeur viendra 
M'enterrer, m'enterrer 
Plus profond, ne serait-ce qu'un peu plus profond 
Alfred Tennyson (1809-1892) 

* Moins d'un mètre.  

 Puisqu'il est question de poésie, j'enjoins ceux qui en ont l'intérêt à lire ce volume de La Pléiade, orné du portrait de Keats :
qui est un régal pour mon coeur.
Quelques livres achetés ce matin, sur le net, afin de perfectionner mon éducation (victorienne) :
  • Une petite encyclopédie holmésienne :

  • Ce que mangeait Jane Austen et ce que savait Charles Dickens :

La première page de ce singulier manuel :

  • Un guide londonien écrit par le fils de Charles Dickens.

  • Et un livre qui manque à ma collection : George Meredith: A Tribute par J. M. Barrie...
jeudi 18 mai 2006
J'ai toujours eu un faible pour les désespérés, les brûlés, les piqués, les gens abîmés. Moi, qui n'ai jamais su que pleurnicher là où il aurait fallu se tenir raide sur la corde. Je crois que Miossec, avec Cali et quelques autres pour la jeune génération de chanteurs, fait partie de ceux-là. Il y a de la beauté dans la déchéance. Les grands Tragiques de l'Antiquité l'ont compris. Keats de même lorsqu'il évoque "la joie de la souffrance". J'ai un appétit pour le malheur, ou plus exactement pour le sublime auquel il conduit parfois, lorsque l'on tente de se relever. Souffrir est encore vivre et le pire n'est que l'absence d'émotion. Madame, une chanson en alexandrins, écrite en hommage à Juliette Gréco : miossec.  

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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