mercredi 14 mai 2014
{Détail d'un tableau de Brian T. Garofolin}
Pour soutenir le travail de la Compagnie le Tambour des Limbes, qui va donner naissance à l'adaptation que j'ai écrite à partir de l'oeuvre, magnifique, de J. M. Barrie, vous pouvez faire une donation ici... Pour que cette oeuvre très peu connue de Barrie soit enfin connue en France, s'il vous plaît, aidez-les ! Merci pour eux, par avance. (Je précise que je ne perçois aucun centime et ne fais que jouer les messagers !)
vendredi 2 mai 2014
Quelques photos de nos comédiens pour l'adaptation du Petit Oiseau blanc à contempler ici. Je suis très enthousiaste et c'est peu dire !!!
{Merci à Avril Dunoyer pour les portraits.}
samedi 12 avril 2014
Thibault Truffert dans le rôle de Barrie / le Capitaine W— (je n'aurais pas pu mieux choisir moi-même !)
au Théâtre 13, lors de la sortie de résidence. Pierre Boucher et Garance Silve,
dans les rôles de L'Homme et de La Femme qui attendent l'enfant qui ne viendra jamais, devant le berceau-cercueil. Photographies d'Avril Dunoyer. Source : ici.
au Théâtre 13, lors de la sortie de résidence. Pierre Boucher et Garance Silve,
dans les rôles de L'Homme et de La Femme qui attendent l'enfant qui ne viendra jamais, devant le berceau-cercueil. Photographies d'Avril Dunoyer. Source : ici.
vendredi 11 avril 2014
(Les premiers essais pour la maquette de Pilkington (admirez ses attributs : l'hameçon et la toise), réalisés par notre accessoiriste / marionnettiste, Cerise Guyon. Cf. page Facebook de la compagnie Le tambour des Limbes.)
***
Texte de présentation, lu hier, lors de la sortie de résidence au Théâtre 13 :
La paume du conte
Un jour, sans raison ni état d’âme particuliers, le reflet vous nargue
dans le grand miroir. Votre double glacé menace de prendre votre place. C’est
arrivé à de meilleurs que vous (à Sir James)… Une ride, un cheveu blanc, de la
bedaine, des varices, les commissures immobiles d’une bouche prenant son élan
pour s'écrier : « NON ! »… Vous vous surprenez dans une pose
crispée, celle de la grande personne – pressée et qui a déjà, sans le savoir,
dépassé de plusieurs coudées sa vie rêvée. Très sérieux, vous dites alors : « Je ne sais pas comment c'est arrivé, mais cette mythologie
qui avait occupé une place si importante dans mon enfance a cessé d'exister.
Tout du moins, je n'y ai plus pensé. » Vous parlez de tas de choses, de
Peter Pan et de bien d’autres contes qui furent importants pour vous, jadis, et,
cependant, s’évanouirent (pchitt !) du jour au lendemain, sans que vous
puissiez rendre compte de leur disparition. Soufflés comme une chandelle !
Pourtant, cela ne vous avait pas donné l’impression de changer l’ordre établi :
il semblait même qu’il faisait toujours clair autour de vous, les ombres ne
vous avaient encore pas emporté. Que Peter Pan soit mort ou vivant pour vous et
d’autres, cela a peu de poids ! Tout ce petit monde tourne et s’agite sans
discontinuer, n’est-ce pas ? Puis, tout à coup, quelque chose ou quelqu’un
finit tout de même par tirer votre manche (où vous ne cachez pas
d’atouts !) et vous vous souvenez…
Oui… Vous vous
souvenez vaguement de l’enfance sauvage, lorsque réel et fiction ne faisaient qu'un,
quand tout était possible. Et vous ouvrez un livre, au hasard, pour caresser la
paume d’un conte oublié. Son auteur est le fils d’un modeste tisserand et d’une
sorte d’ogresse. Il est né en 1860 et mort en 1937. Un Écossais. Petit et moustachu.
Un Puck ratatiné comme une vieille pomme reinette oubliée deux hivers de suite
dans un grenier. Un ancien enfant. Sur la couverture, en évidence, sur fond
vert (comme il se doit) un titre cachant bien son jeu : Le Petit Oiseau blanc. Roman publié en 1902, à Londres, et traduit
sur un coup de tête, pour la première fois, en français, en 2006. Que vous
l’ayez déjà lu ou non, vous devriez en connaître l’histoire, car les grands
romans sont toujours, nous dit Nabokov, de grands contes de fées (à condition
que l’on ne se méprenne pas sur le sens de l’expression « contes de
fées »). Vous pouvez ajouter ensuite que les grands contes de fées disent
tous la même chose…
Toutes les
histoires qui éveillent notre intérêt commencent par ces mots.
Il était une
fois…
Once upon a
time…
Quel que soit
notre âge, nous nous crispons un peu lorsque nous entendons cette antienne,
sûrs et certains que l’on va enfin parler de nous, que notre tour est venu.
Nous tendons l’oreille vers la voix qui réveille en nous cet ancien enfant que
nous n’avons pas fini d’oublier (un parmi d’autres exilés de notre mémoire).
Il était une
fois…
Once upon a
time…
Un homme de
quarante-deux ans, au milieu du gué, qui créa un mythe pour mieux dire ce qu’il
était, pour mentir vrai comme personne d’autre avant lui. Le mythe (celui de l’éternel
enfant ; Peter Pan, puisqu’il faut nommer ce meurtrier…) devait d’ailleurs
presque (oui, presque) effacer l’homme et les autres œuvres de l’auteur de la
mémoire collective. Le « Il était une fois » est la clef, car il
contient autant le début qu’il annonce déjà la fin de l’histoire – bien sûr, on
ne peut conter que ce qui est achevé.
Fini. Mort. Perdu.
« L’espoir est
une mémoire qui désire, le souvenir une mémoire qui a joui » dit Balzac.
Barrie, lui, messager des Entre-deux, écrit dans l’interstice qui sépare ces
deux continents, celui du Jamais et du Jamais-Plus, et il suture ces deux
espaces que nous traversons, bon gré mal gré. Et Peter joue les cerbères aux
portes du Jamais. Et Barrie est l’Enchanteur, mais un Enchanteur peut-être trop enchanté par sa
créature. À la fin, en tout cas…
Précisément… Barrie
diffuse un enchantement qui lui est propre, une inimitable magie. Il y a
également quelque chose d'empoisonné dans son œuvre, de dangereux pour le
lecteur ou le spectateur. Barrie est un peintre et joue en virtuose sur toute
la gamme des émotions, passant du morbide au féerique en une seule phrase. Mais,
en dépit des apparences, c’est un réaliste avant tout, comme il ne cessera de
le répéter – sans compter qu’il est un extraordinaire explorateur de sa psyché.
Le Petit Oiseau blanc est une œuvre
si mystérieuse que même son auteur n’en connaissait probablement pas tous les
secrets, mais il les exhibait – presque malgré lui. Le narrateur, le Capitaine
W–, célibataire entre deux âges, prisonnier d’une impossibilité (celle d’être
un homme entier, de tuer l’enfant en lui), joue les anges gardiens et
peut-être, dans quelque recoin de son esprit, les croque-mitaines et les
Pilkington (dont le Capitaine Hook est un avatar). Fantaisie ! Visions
douces ou amères. Il s’y perd, Barrie. Il s’enivre du jeu d’être un autre. Et
cela lui coûte son mariage. Et il tisse avec ce roman le filet qui ramène à lui
cinq délicieux orphelins, les petits Llewelyn Davies, dont il devint le très
dévoué tuteur. Et, comme dans la plupart de ses écrits, il y a là un secret
qu'il faut trouver… C’est à vous de jouer ! Roger
Lancelyn Green, un de ses biographes exprime cela parfaitement : « On
dit que chacun de nous porte un roman en soi. Barrie écrivit en pleine
conscience le sien (…). En écrivant, l’œil collé sur les enfants Davies, Barrie
a puisé en lui, inconsciemment, dans les replis les plus intimes de son âme,
avec plus de vérité et de spontanéité qu’il n’en avait l’intention. En agissant
de la sorte, il fut pris à son propre jeu, car tel est le génie : le
reflet de quelque chose de plus profond et de plus universel que l’esprit n’en
a conscience. » Tout livre s’ouvre comme une fenêtre ou… une cage :
il est porteur d’un secret qui ne se livre pas au premier venu – mal venu. Le
livre, comme la cage, est fait pour se refermer. Sur nous !
Ce qui demeure en nous, le livre refermé, ce n’est pas ce qu’il nous a
donné, mais bel et bien ce qu’il nous a dérobé, sans que l’on s’en aperçoive.
Et ce souvenir, cette impression, ce sentiment, cette marque qui subsistent en
nous des mois et des années après sont la rencontre véritable avec son auteur,
le contact établi entre l’âme du lecteur et celle de l’auteur. Ce qui a fait ricochet en nous, l’onde de
choc, c’est cela qui dit, mieux que la plus détaillée et précise des biographies,
ce que fut l’homme et ce que nous pouvons apprendre de certain sur lui. À cet
égard, Le Petit Oiseau blanc est un
roman parfait. Bien qu’étrange dans sa composition – un patchwork, des histoires
enchâssées, dont une seule parle de Peter Pan, il faut le redire –, il fait preuve
d’une cohérence souterraine plus grande qu’on ne le croit d’abord. Sa
complexité ne se découvre réellement qu’après de nombreuses lectures. Ce roman
est une sorte d’autoportrait de Barrie et un miroir pour le lecteur capable de
s’aventurer assez loin. Mais pour cela il faut avant tout se défaire du piège
d’une apparente simplicité. Et jetez au feu ou aux orties Peter Pan, car il
n’est presque pas question de lui, même s’il a, tout de même, avouons-le, sa
petite importance… Toutefois, ce n’est,
certes pas, le Peter Pan que vous connaissez, mais un de ses frères d’âme plus
ancien…
Les lecteurs, qui rencontrent pour la première fois Barrie au détour
d’un texte, sont en général très surpris, mais rétrospectivement, avec un
certain retard sur l’émotion induite. Le sang coule de la blessure, mais bien
après le coup porté. L’offrande d'un sentiment pur et clair masque le prix que
le lecteur devra payer, in fine. On ne peut comprendre et aimer pleinement
Barrie que si l'on accepte d'être « faible » à l'égard de ses propres émotions
et, bien sûr, cette faiblesse n'en est pas une, mais elle requiert un courage
que tous les lecteurs ne se savent pas posséder. Perdre la maîtrise de ses
émotions, pour les ressentir vraiment, telle est l’exigence barrienne. Être audacieux
et fou comme un enfant, en somme ! Le
Petit Oiseau blanc est cette expérience, le retour à un Ailleurs oublié.
Seuls les artistes – en particulier, les écrivains et les comédiens – ne
quittent jamais l’enfance. Seuls, ils ont en commun avec les enfants l’art du
« Faire-Semblant », le « Make-Believe ». Tôt ou tard, pour
la plupart, nous nous égarons ; et, au cœur du bois du Faire-Semblant,
nous trouvons, hélas, non pas le loup, mais l’arbre de la connaissance et tout
est fini. Le monstre, c’est nous. Le loup, c’est nous. Le Faire-Semblant est le
jeu suprême, celui qui nous permet de vivre autant de vies qu’il est de fruits
à l’arbre de la connaissance – mais tant que l’on n’en goûte aucun. Parfois,
nous revenons sur nos pas dans ce bois, de la manière dont on prend, à un
carrefour, sans y penser, un chemin jadis familier ; mais il ne mène plus
au Repaire du Jadis. Le bois disparaît lorsque l’on devient savant, dès
l'instant où on le cherche. Il demeure tant que l’on croit dur comme fer, tant
que l’on ne s’étonne pas de sa présence. Voilà l’une des vérités que nous
révèle le très écossais James Matthew Barrie dans Le Petit Oiseau blanc. Ce bois est celui de la conscience aux yeux
mi-clos et de la mémoire, bien entendu. Dans ce bois, court à perdre haleine
l’enfance. Tout ce que nous plantons et dissimulons dans ce bois dit ce que
nous serons plus tard. Barrie, lui, y apprit très vite que la seule femme qui
compte réellement, c’est la mort, que l’on tète au sein de la mère, en même temps
que les histoires et le mensonge. Il fut donc conscient dès les premières
années de la vie, avant l’arrivée de la Fée Puberté, que tout est mythique. Le
mythe est la trace du Bois désormais perdu. Le livre est le jardin de la
mémoire. Les Jardins de Kensington, cadre féerique de ces histoires, sont
peut-être, à cet égard, une métaphore du Jardin d’Éden.
Ce que Pierre Gripari écrivait au sujet de Dickens, on pourrait le proclamer
de Barrie : « Il y a, pour un romancier, deux façons d’être vrai. La
première, la moins intéressante, c’est de faire du reportage, du réalisme, du
documentaire. La seconde, c’est d’être vrai en tant que créateur, d’être poreux
et perméable, de ne pas tricher avec ce qui vient des profondeurs. (…) Ses
personnages, il ne les décrit pas, il les enfante, il les modèle, il les
sculpte. Leurs mouvements, leurs actes ne sont pas constatés de l’extérieur,
mais projetés du dedans. La voix dont ils nous parlent ne vient pas du dehors,
elle surgit du fond de nous-mêmes. (…) C’est un initiateur, un guide, qui nous
prend par la main et nous fait découvrir avec lui ce pays inconnu, incongru,
ridicule, dramatique, terrifiant : notre âme. »
Comme Peter Ibbetson, nous vivons tous deux vies : une vie réelle et
une vie chimérique ; celle que, bien trop sûrs de nous, nous nommons réelle ne
l'est pas tant que cela. Elle s’expose effrontément à soi et aux autres, mais
elle ne dit pas grand-chose sur nous – pas l’essentiel en tout cas, car il est
inavouable. La vie réelle, c'est celle de l'âme et cette vie-là est
invisible : elle ne se traduit que par des serments muets et des
frôlements, par des effrois et des promesses rarement tenues. Elle parle notre
langue maternelle, qui est incommunicable, singulière jusqu’à être tragique.
Pouvoir contempler un instant le visage de l’âme est chose impossible et, néanmoins,
c’est que Barrie nous permet de faire très souvent dans Le Petit Oiseau blanc, au moyen d’un conte, d’une histoire d’amour
et d’un bouquet de regrets.
Tout le monde connaît Barrie, de même que tout le monde connaît le
petit enfant caché en soi. Oui, vous le connaissez, cet enfant aux dents de
lait qui ne fait pas plus de bruit qu’une petite souris et qui ressemble
étrangement à Peter Pan, l’Enfant du Jadis, l’enfant que nous avons assassiné
pour devenir ces messieurs et ces dames, ces tout à fait ratés, ces reflets
glacés.
Il y a des monstres et il y a des proies, comme il y a des enfants éternels
et des êtres qui font, de temps en temps, l’enfant, mais ne l’ont jamais été,
puisque l’enfance pour eux ne fut jamais un état durable et solide, tout juste une
simple étape subie avec impatience, un flottement agaçant, dans une
métamorphose dont ils savaient d’emblée la finalité. Il est des êtres qui sont
engagés dans un processus de détérioration consenti et qui, jamais, ne peuvent
croiser le fer avec l’enfant qu’ils furent. De telles choses ne se décident
pas. On naît enfant ou homme, sans rien avoir à redire, ou si peu. La liberté dans
l’entre-deux est la parure que l’on offre au destin : élégance ou fureur.
Il faut peut-être aller à l’écriture comme à la guerre. Les enfants font, eux aussi, toutes les guerres, semble nous dire
Barrie, dans un soupir. Il faut vivre comme on prépare un assassinat :
le sien. Ou, plus exactement, il faut tuer un possible, le premier, cette autre
version de soi que l’on n’a pas choisie, dans l’enfance, et la dissimuler, au
pied de l’arbre de la connaissance. Ce double assassiné reviendra nous hanter. L'auteur
du conte est ce double inconnu et pressenti ; ce double, Barrie le nommait
M’Connachie et, parfois, je le crois, le Capitaine W—, dont il est question
ici.
Dans ce livre, qui n’est ni une biographie, ni un roman, ni un conte,
mais qui est « simplement » littérature, donc mythe originel, Barrie nous livre
son secret, qui est tout autant sa façon de vivre que sa manière d’écrire. Car
l’un n’est que le reflet de l’autre. Ce roman réaliste, tendre et cruel, est le
livre qu’un fils a écrit en pensant à sa mère qui l’a à la fois trop aimé et
pas assez aimé ; c’est le livre écrit par un homme qui ne put renoncer à être
garçon pour devenir pleinement homme ; c’est le livre qui donne à voir la
naissance et la mort de l’enfance, le combat des ombres et de la lumière... Le Petit Oiseau blanc est une biographie
fictive de l’homme Barrie, une biographie que le lecteur peut porter comme une broche
épinglée à son cœur, bijou que l'on ouvrirait à l'envi pour y trouver à chaque
fois quelque chose de nouveau pour l'esprit et d'intrigant pour la mémoire,
avec cette révélation secrète à l’intérieur : on ne peut que déchoir du bonheur, comme de l'enfance… et cette vérité
est le battement secret du conte, de tout conte…
C’est pourquoi Le Petit Oiseau
blanc ne parle que de nous ! Et des enfants rêvés et assassinés. Les
Enfants du Jadis, ceux que nous fûmes et que nous avons reniés et (presque) oubliés !
Céline-Albin
Faivre
***
Tous mes remerciements à Rémi Prin et aux comédiens, ainsi qu'à toute l'équipe technique pour ce beau moment.
mercredi 26 mars 2014
Tout cela commence à devenir réel... Rendez-vous ici.
jeudi 20 mars 2014
Fragment (mis à la poubelle) d'un texte écrit pour la présentation de l'adaptation du Petit Oiseau blanc au Théâtre 13, à Paris, le 10 avril, à 15h.
Cher Jamie… Mon cher James…
Pardonnez-moi de vous réveiller… (Un temps.) Pardonnez-nous de venir fouiller cette Morgue, ces Limbes, ces blancs du texte… Là où vous avez rangé tous vos remords et nos regrets, tous les glorieux personnages que nous aurions pu être si… Tous les personnages auxquels vous n’avez pas trouvé de rôles, sans pouvoir vous résigner à les supprimer… Toutes ces peaux qui auraient pu être la vôtre… Ces Ombres adorées qui se détachaient de vous, sans cesse… et tombaient en gerbe comme des larmes…
Voilà près de dix ans que je vous ai rencontré à la faveur d’un délicieux hasard. Mais il n’est pas de hasard pour celui qui écrit de solides histoires, n’est-ce pas ? Je ne sais lequel de nous deux a rêvé de l’autre le plus fort, mais nous nous sommes finalement rencontrés, jouant tous les deux les funambules sur la ligne du temps – celle qui transperce les âmes des vivants et des morts ! Je suis née trente-sept ans après votre mort, mais j’ose croire que j’ai simplement chu de l’un de vos rêves. Je suis une modeste rognure de songe, tout juste utile à donner, ici et là, un peu d’écho français à votre écossaise voix. (Soupir.) Ailleurs, vous dites qu’il n’est JAMAIS de seconde chance dans l’existence. Pourtant, vous m’en avez offert une et il me semble que vous n’avez cessé de donner des secondes chances, saisies ou non au vol, à vos personnages, rétablissant ainsi, dans la fiction, les droits et les devoirs d’une justice terrestre un peu défaillante… Comme si les Limbes de la fiction étaient la patrie de tous les exilés de l’Enfance, de tous les blessés de la Mère ! Comme si chaque homme ou femme qui pleure nourrissait de ses larmes le glorieux enfant du Jadis. Vous ne tirez de nous que de nobles larmes. Dois-je le préciser ? (Un temps.) À cela, on reconnaît l’écrivain de génie : lorsqu’il se prend un peu pour une petite main de Dieu. Vous avez appris à ceux qui vous aiment assez pour le comprendre que les enfants sont les porteurs de songes de l’humanité et que, réels ou rêvés, la royauté est à eux – sans partage ! Ils éclairent notre légende d’êtres faits ; et l’homme, à la fin, tient plus aux mythes qu’au pain. Il revient chercher, en arrière, l’enfant qu’il a laissé sur le bord des vertes années, sur la frange qui sépare le Jamais Plus du Jamais. L’enfant qu’il fut, l’enfant dont il rêva et qu’il n’eut pas – c’est-à-dire tous les possibles manqués, faute de seconde chance. La porte qui mène au Jardin est fermé à double tour, les barreaux sont mis à la fenêtre. Mais il nous reste des histoires… À foison !
Peter Pan ne retrouvera jamais sa mère et nous pouvons, de notre côté, dire adieu à nos secrets espoirs, à la gloire d’être aimé sans condition… Vous dites votre secret et nous jouons en tremblant Le Petit Oiseau blanc, tout en feignant de croire qu’il ne s’agit, au fond, que de Peter Pan… alors que tout ne parle que de vous… (Rageuse.) Et donc de NOUS !
J’ai fait un rêve l’autre jour : il y avait là, devant moi, une brochette de petits orphelins fort mignons, très propres, la langue pendante comme des chiots quémandant le jeu, qui attendaient en file indienne, donnant presque l’impression de communiants prêts à recevoir l’hostie. Tout à coup, comme si ces Enfants Perdus répondaient à un signal d’eux seuls entendu, ils se mirent en grappe autour d’un petit homme qui venait d’arriver (il vous ressemblait trop pour n’être pas vous ou l’une de vos ombres) et tous ensemble ils le frôlèrent, d’abord des yeux, puis de la main, avec de plus en plus d’insistance, comme s’ils le suppliaient du bout de l’âme, chacun en silence, en imitant les gestes de son plus proche voisin, et cachant cette muette prière personnelle dans la reproduction du geste commun. Ils avaient tous faim de cet homme. Une faim de loup cachée dans leur allure mignonne de petits agneaux. Vous ne sembliez pas effrayé ni même gêné par ces petits cannibales. Vous donniez plutôt l’impression de faire votre choix, de prendre tout votre temps, pour ne pas vous tromper, dans un souci d’équité. Les écrivains sont des êtres compliqués. Comme les mères, ils ont une bombe dans le ventre et toujours, à la fin, les mains tachées de sang et d’encre. Finalement, vous avez pris la main de l’un des enfants, un petit garçon qui avait de la terre sous les ongles parce qu’il venait d’enterrer quelqu’un, et êtes reparti avec lui, en baissant les yeux. La joie coupable, probablement. Les autres, d’avance résignés, vous ont laissé passer sans un mot ni un mouvement de protestation. Ils ont l’habitude. Ils savent que vous finissez toujours par choisir Peter Pan. Mais je ne m’y trompe pas : en le choisissant, c’est nous que vous choisissez à chaque fois…
Veuillez croire, mon cher James…
Cher Jamie… Mon cher James…
Pardonnez-moi de vous réveiller… (Un temps.) Pardonnez-nous de venir fouiller cette Morgue, ces Limbes, ces blancs du texte… Là où vous avez rangé tous vos remords et nos regrets, tous les glorieux personnages que nous aurions pu être si… Tous les personnages auxquels vous n’avez pas trouvé de rôles, sans pouvoir vous résigner à les supprimer… Toutes ces peaux qui auraient pu être la vôtre… Ces Ombres adorées qui se détachaient de vous, sans cesse… et tombaient en gerbe comme des larmes…
Voilà près de dix ans que je vous ai rencontré à la faveur d’un délicieux hasard. Mais il n’est pas de hasard pour celui qui écrit de solides histoires, n’est-ce pas ? Je ne sais lequel de nous deux a rêvé de l’autre le plus fort, mais nous nous sommes finalement rencontrés, jouant tous les deux les funambules sur la ligne du temps – celle qui transperce les âmes des vivants et des morts ! Je suis née trente-sept ans après votre mort, mais j’ose croire que j’ai simplement chu de l’un de vos rêves. Je suis une modeste rognure de songe, tout juste utile à donner, ici et là, un peu d’écho français à votre écossaise voix. (Soupir.) Ailleurs, vous dites qu’il n’est JAMAIS de seconde chance dans l’existence. Pourtant, vous m’en avez offert une et il me semble que vous n’avez cessé de donner des secondes chances, saisies ou non au vol, à vos personnages, rétablissant ainsi, dans la fiction, les droits et les devoirs d’une justice terrestre un peu défaillante… Comme si les Limbes de la fiction étaient la patrie de tous les exilés de l’Enfance, de tous les blessés de la Mère ! Comme si chaque homme ou femme qui pleure nourrissait de ses larmes le glorieux enfant du Jadis. Vous ne tirez de nous que de nobles larmes. Dois-je le préciser ? (Un temps.) À cela, on reconnaît l’écrivain de génie : lorsqu’il se prend un peu pour une petite main de Dieu. Vous avez appris à ceux qui vous aiment assez pour le comprendre que les enfants sont les porteurs de songes de l’humanité et que, réels ou rêvés, la royauté est à eux – sans partage ! Ils éclairent notre légende d’êtres faits ; et l’homme, à la fin, tient plus aux mythes qu’au pain. Il revient chercher, en arrière, l’enfant qu’il a laissé sur le bord des vertes années, sur la frange qui sépare le Jamais Plus du Jamais. L’enfant qu’il fut, l’enfant dont il rêva et qu’il n’eut pas – c’est-à-dire tous les possibles manqués, faute de seconde chance. La porte qui mène au Jardin est fermé à double tour, les barreaux sont mis à la fenêtre. Mais il nous reste des histoires… À foison !
Peter Pan ne retrouvera jamais sa mère et nous pouvons, de notre côté, dire adieu à nos secrets espoirs, à la gloire d’être aimé sans condition… Vous dites votre secret et nous jouons en tremblant Le Petit Oiseau blanc, tout en feignant de croire qu’il ne s’agit, au fond, que de Peter Pan… alors que tout ne parle que de vous… (Rageuse.) Et donc de NOUS !
J’ai fait un rêve l’autre jour : il y avait là, devant moi, une brochette de petits orphelins fort mignons, très propres, la langue pendante comme des chiots quémandant le jeu, qui attendaient en file indienne, donnant presque l’impression de communiants prêts à recevoir l’hostie. Tout à coup, comme si ces Enfants Perdus répondaient à un signal d’eux seuls entendu, ils se mirent en grappe autour d’un petit homme qui venait d’arriver (il vous ressemblait trop pour n’être pas vous ou l’une de vos ombres) et tous ensemble ils le frôlèrent, d’abord des yeux, puis de la main, avec de plus en plus d’insistance, comme s’ils le suppliaient du bout de l’âme, chacun en silence, en imitant les gestes de son plus proche voisin, et cachant cette muette prière personnelle dans la reproduction du geste commun. Ils avaient tous faim de cet homme. Une faim de loup cachée dans leur allure mignonne de petits agneaux. Vous ne sembliez pas effrayé ni même gêné par ces petits cannibales. Vous donniez plutôt l’impression de faire votre choix, de prendre tout votre temps, pour ne pas vous tromper, dans un souci d’équité. Les écrivains sont des êtres compliqués. Comme les mères, ils ont une bombe dans le ventre et toujours, à la fin, les mains tachées de sang et d’encre. Finalement, vous avez pris la main de l’un des enfants, un petit garçon qui avait de la terre sous les ongles parce qu’il venait d’enterrer quelqu’un, et êtes reparti avec lui, en baissant les yeux. La joie coupable, probablement. Les autres, d’avance résignés, vous ont laissé passer sans un mot ni un mouvement de protestation. Ils ont l’habitude. Ils savent que vous finissez toujours par choisir Peter Pan. Mais je ne m’y trompe pas : en le choisissant, c’est nous que vous choisissez à chaque fois…
Veuillez croire, mon cher James…
lundi 27 janvier 2014
Chers amis barriens,
Je ne suis guère présente, mais je hante toujours un peu mes pages et sites... Je me suis lancée dans divers projets littéraires, qui demandent endurance et souffle afin de prendre leur envol et je dois donc être économe de mon temps.
Ce week-end, les auditions ont eu lieu ; et les comédiens qui feront vivre les personnages de mon adaptation du Petit Oiseau blanc ont été choisis (élus). Les choses se précisent, deviennent vivantes, m'échappent un peu, et c'est très bien ainsi. Rémi Prin et toute l'équipe ont fait un travail exceptionnel depuis le départ et je suis certaine qu'il en ira de même jusqu'au bout.
Je suis les choses un peu en retrait (je dois répondre à d'autres impératifs), assise sur l'autre rive, le cœur battant, mais je vais bientôt les rejoindre pour une résidence dans un théâtre parisien, avant une présentation / lecture (avec public) de la "maquette" du spectacle au Théâtre de Verre. Nous vous en dirons plus, lorsqu'il sera temps.
Rémi Prin s'est vraiment démené et je lui suis reconnaissante de n'avoir jamais manifesté la moindre mauvaise humeur pendant le temps qu'a duré ce labeur ingrat (démarcher les théâtres, chercher des subventions...).
Rémi Prin s'est vraiment démené et je lui suis reconnaissante de n'avoir jamais manifesté la moindre mauvaise humeur pendant le temps qu'a duré ce labeur ingrat (démarcher les théâtres, chercher des subventions...).
En attendant de vous en dire plus, je vous livre deux vidéos réalisées par notre metteur en scène, Rémi Prin... Vous pouvez consulter la page Facebook de la Compagnie du Tambour des Limbes, ainsi que son site internet. Ne manquez pas non plus d'admirer le site et la page Facebook de mon ami Brian T. Garofolin, qui est l'auteur de toiles peintes pour les décors de la pièce, ainsi que de l'affiche. Je me félicite de l'avoir présenté à Rémi, car Brian est un grand artiste et je suis certaine que vous entendrez parler de lui... Et les autres membres de l'équipe ne sont pas en reste : Rémi a choisi des personnes plus talentueuses les unes que les autres ! D'ailleurs, je vous enjoins à visiter le site de notre scénographe, Benjamin Gabrié, dont le travail m'a littéralement envoûtée !
À très bientôt, pour de nouvelles surprises....
Céline / Holly
(Rémi devrait modifier sous peu cette vidéo, qui comporte notamment une erreur quant à la citation d'E. A. Poe...)
***
Ajout du 3 février 2014 :
Je relaie cette information publiée sur la page Facebook de La Compagnie le Tambour des Limbes : “Alors que la distribution pour Le Petit Oiseau blanc ou la Naissance de Peter Pan se dessine tranquillement, nous sommes heureux de vous annoncer que la Compagnie le Tambour des Limbes sera en résidence au Théâtre 13 du 7 au 11 avril 2014.
Une “sortie de résidence” publique sera donnée le 11 avril à 15 h.
L’occasion pour vous d’assister à une première étape de notre travail autour du spectacle, en attendant la présentation maquette au Théâtre de Verre les 19 et 20 juin.”
Je participerai, bien évidemment, à ces deux événements.
jeudi 21 novembre 2013
Avant la publication de Mary Rose, agrémentée de quelques inédits de Barrie... Voici un nouvelle édition révisée et sensiblement augmentée (plusieurs “bonus” :The Boy Castaways traduit en intégralité, un discours inédit de Barrie, un avant-propos écrit pour l’occasion) du Petit Oiseau blanc du grand Barrie… Un livre bientôt présent dans toutes les bonnes librairies et, bien sûr, via Amazon…
mardi 24 septembre 2013
Rémi m'a demandé d'écrire un tout petit texte pour un dossier de présentation concernant la future création de sa compagnie. Je le dépose également ici... L'année a été plus remplie que je ne l'espérais, car en vérité j'aspire au vide et au calme. Je termine des corrections d'épreuves de deux livres à venir et, enfin, j'hibernerai au creux de ma pauvre petite prose... pour quelques mois. Je le désire !
***
ORPHELINS !
***
« Les
enfants apportent les dernières nouvelles de l'Éternité. Ils ont le dernier mot
d'ordre. En moins d'une demi-heure, tout homme devient grave aux côtés d'un
enfant. Il arrive, d'ailleurs, des choses extraordinaires à tout être qui vit
dans leur intimité. »
(Maurice
Maeterlinck)
« Il faut connaître
la voix entière,
le son qui sort de nous n'est que le quart ;
ces disparus nous parlent de la mère
à nous, les orphelins et les bâtards. »
le son qui sort de nous n'est que le quart ;
ces disparus nous parlent de la mère
à nous, les orphelins et les bâtards. »
(Rainer Maria Rilke)
***
… Car
c’est la seule question qui importe...
Qui parle ?
Mon
adaptation tente d’être la réponse à cette question qui vaut en tout temps et
en tout lieu littéraire.
C’est
un orphelin qui parle à un orphelin, ou qui se parle à lui-même – et rien d’autre.
Si vous n’êtes pas orphelin, vous ne comprendrez rien. Être orphelin signifie
être capable d’entendre la Voix. Non… Être capable d’entendre la Voix signifie
que l’on est ORPHELIN. Voilà, la vérité ! On peut avoir des parents et
être un parfait petit orphelin. Nous ne sommes pas obligés d’avoir tué nos
parents ou d’avoir été abandonnés par eux pour être des orphelins. Il suffit
que nos parents soient muets pour que nous soyons définitivement orphelins. Il
suffit même que nous soyons morts avant d’être nés. Barrie ne parle qu’aux
orphelins, aux enfants morts de ne pas être nés. Et peut-être aux bâtards, nés
de la mort et de l’oubli... Parole d’un orphelin à d’autres orphelins. Rien de
plus simple.
On ne
lit pas Barrie ; on l’aime ou on se méprend à jamais sur lui. À son
contact, on devient même un peu médium ; on n’adapte pas Barrie, on
s’adapte à lui ; de même qu’on ne le traduit pas, mais on se laisse
traduire par lui… C’est lui qui lit en nous et non l’inverse. Et je crois que
c’est la raison principale pour laquelle, précisément, Barrie a été si peu
traduit. Le lire exige une forme de communion avec l’auteur, une communion des
sens et de l’esprit, qui découle d’une dangereuse Révélation sur lui et sur soi
– en même temps. Le prodige est là : dans la concordance ou coïncidence des
âmes ! C’est un hasard magnifique, mais un hasard qui a le visage de la
Destinée. On paie sa livre de chair et plus encore. Cette Révélation, je le
crois, nous est apportée par Peter Pan qui se heurte aux barreaux d’une fenêtre
et aux yeux clos de sa mère – deux métaphores de l’oubli et de l’enfermement
dans cet oubli. C’est la Révélation de l’orphelin. Et, si elle nous touche,
c’est parce qu’il y a en chacun de nous un enfant qui crie et que l’on entend,
parfois, de loin en loin. Cet enfant est enfermé dans une petite boîte ;
c’est un enfant que la Mère nous a dérobé et qu’elle a caché dans un faux pli
de sa mémoire. La Mère nous a rendus orphelins à Jamais. De nous, d’elle et de
Dieu. Il est folie de tenter d’avouer cela !
C’est donc
seulement parce que j’ai d’abord traduit Barrie, parce qu’un jour j’ai cru
entendre la Voix – un appel –, que j’ai osé me lancer dans une adaptation. Adapter
Barrie est impossible : car il ne s’agit pas de délier et de renouer les
divers fils d’une histoire, mais de trouver la Voix du texte et, surtout, de ne
jamais la perdre. S’il existe une façon de s’attacher définitivement à ce texte
à la structure fort complexe – en enchâssement –, c’est celle-ci : la Voix
et rien d’autre. La Voix, ses intonations colorées, et son grain ou sa
tessiture… et ce qu’elle nous dit, bien
évidemment. Cette voix est celle du narrateur, le Capitaine W—, qui se confond,
parfois, souvent même, avec celle de Sir James – de même que Le Petit Oiseau blanc fait écho à la vie personnelle de l’auteur. Pourtant, la vie
de Barrie et son décalque fictionnel sont tour à tour le positif et le négatif l’un de l’autre, sans que l’on sache jamais si
nous tenons l’Ombre ou la Substance. Il s’agit donc d’un entrelacement subtil, d’un
duo. Mais ces voix ne sont pas seules ; il en est d’autres et nous avons
alors affaire à un chœur, celui des enfants à jamais perdus, dont nous faisons
partie (si nous nous reconnaissons orphelins). Il y a deux lignes de chant distinctes
dans ce texte et deux tonalités. La tonalité majeure qui se manifeste dans les
scènes humoristiques, dans l’ironie un peu vive et la cruauté dionysiaque, et
la tonalité mineure, qui est parole d’orphelin – en Barrie et en nous. Il y a du Rilke et du
Rückert en Barrie, du Mahler et du Schubert aussi… Il y a du vous et du moi en
lui. Il y a de la Mère et de la Mort en lui.
J’ai
taillé dans le vif pour ne conserver qu’une lecture du texte, celle qui me
semblait, à l’oreille, la plus
révélatrice de Barrie, celle qui permettait, précisément, de couper sans trahir,
sans affaiblir la Voix... Ce texte, tiré du roman, est, dans mon esprit, comme une
valse à trois temps et chaque temps correspond à trois enfants : David, Peter
Pan et Timothy, trois personnages d’une ronde, où l’enfant de chair et de sang
s’invite à partager les jeux des enfants-fantômes. En sa qualité d’Entre-Deux,
Peter Pan est l’enfant qui suture les deux mondes explorés par Barrie, mais
aussi par son double, le Capitaine W—. Peter Pan est le pivot ; il est à
la fois l’enfant de tous les personnages et l’enfant de personne. L’Orphelin
par excellence, comme Barrie… Comme vous… Comme moi... Et Peter tient dans sa
main, sans le savoir, la dernière boîte parmi toutes les boîtes qui constituent
ce roman-gigogne : la boîte où loge le secret – qui n’est fait que de
silence. Le secret de celle qui ne parle jamais.
Toutes
les œuvres de Barrie ont le même thème : celui de la Mère Morte, de
l’Enfant Mort, de la mémoire blanche
– autre nom de l’Oubli. L’adaptation traverse diverses saisons, qui sont autant
d’états de l’âme, de Barrie et de ses personnages – tous en quête de Mère et de
Mort. J’ai osé écrire quelques scènes qui n’existaient pas dans Le Petit Oiseau blanc, mais toutes sont
inspirées de Barrie, de son œuvre, dans laquelle je vis et rêve depuis presque
deux lustres ; elles reprennent des thèmes et des idées abandonnés par Barrie,
et des phrases empruntées à d’autres œuvres qui sont en résonance avec Le Petit Oiseau blanc. Ce texte est à la
fois personnel, puisqu’il s’agit de ma lecture de l’œuvre, et totalement
indépendant de moi, puisque je me suis abandonnée à Barrie. C’est donc lui qui
a eu le mot de la fin et je n’en attendais pas moins de lui… Que dit-il ?
On
vous fait toujours tout payer, un jour. Tout n’est que deuils dans nos
existences d’éphémères et, même pour les rois, le soleil ne se lève qu’une fois
par jour. L’enfance était une belle journée. Le crépuscule arrive trop vite. Il
faut entrer dans la nuit et y creuser notre tombe. Noir sur noir. Avec une
tache de sang rouge sombre : celle de l’amour fou. Amour fou éprouvé pour
Barrie, amour fou de Barrie pour ses personnages... Pour nous !
Orphelins !
Céline-Albin Faivre, septembre 2013.
(Anne W. Brigman, The Wondrous Globe)
samedi 14 septembre 2013
En pleine révision du Petit Oiseau blanc, entre autres réjouissances, je vous adresse ces quelques lignes, chers amis, afin de vous informer de la sortie prochaine d'un livre d'Andrew Birkin, le spécialiste de Barrie – à mes yeux le seul et l'unique connaisseur de Sir James... Andrew, à qui je dois tant... Et nous lui devons tous beaucoup, nous, les amis de Barrie.
Il s'agit d'un livre de photographies consacré à Jane Birkin et à Serge Gainsbourg – ces images sont pour la plupart inédites. Andrew a également écrit un beau texte accompagnant ces clichés – exceptionnels, à bien des égards –, qui nous montrent notamment Serge sous un éclairage peu habituel...
Le livre est préfacé par sa sœur adorée, Jane. Il sera bientôt disponible et il est publié chez l'éditeur trilingue Taschen. Andrew m'a fait l'honneur et l'amitié de me demander de le traduire en français. J'espère n'avoir point failli !
En vérité, comme son titre l'indique si justement, il s'agit presque d'un album de famille. Il est conçu ainsi et, à ce titre, il nous permet d'entrer dans l'intimité d'un couple de légende, sans pour autant nous faire voyeurs. L'ensemble est d'une grande délicatesse, ce qui n'étonnera point ceux qui connaissent le travail d'Andrew, en tant que cinéaste ou réalisateur. Andrew m'a toujours semblé avoir le DON pour percevoir les fragilités des êtres, leurs lignes de faille, leurs instants de grâce aussi, et de les donner à voir sans déranger l'atmosphère où ils évoluent. Ce livre est autant une témoignage précieux pour les fans de Jane et Serge que l'évocation, en filigrane, d'une partie de l'existence d'Andrew (en particulier son travail pour le génial Kubrick) et de ses états d'âme, car, pour moi, le véritable héros du livre, c'est Andrew... Ce livre est l'incarnation d'un regard singulier, celui d'Andrew. Ce qu'écrit Alison Castle, qui a dirigé la publication, est parfaitement juste : "Toute une mythologie entoure Jane et Serge, mais dans les photographies d’Andrew elle transparaît peu. Ce sont les clichés d’un frère aimant, ceux qu’il a pris de sa sœur, de son petit-ami français et leur famille et amis : rien de plus, mais, en même temps, tellement plus. (...) Le sujet du livre, c’est l’amour. Un amour, présent devant l’objectif, dont nous percevons également la source."
Il s'agit d'un livre de photographies consacré à Jane Birkin et à Serge Gainsbourg – ces images sont pour la plupart inédites. Andrew a également écrit un beau texte accompagnant ces clichés – exceptionnels, à bien des égards –, qui nous montrent notamment Serge sous un éclairage peu habituel...
Le livre est préfacé par sa sœur adorée, Jane. Il sera bientôt disponible et il est publié chez l'éditeur trilingue Taschen. Andrew m'a fait l'honneur et l'amitié de me demander de le traduire en français. J'espère n'avoir point failli !
En vérité, comme son titre l'indique si justement, il s'agit presque d'un album de famille. Il est conçu ainsi et, à ce titre, il nous permet d'entrer dans l'intimité d'un couple de légende, sans pour autant nous faire voyeurs. L'ensemble est d'une grande délicatesse, ce qui n'étonnera point ceux qui connaissent le travail d'Andrew, en tant que cinéaste ou réalisateur. Andrew m'a toujours semblé avoir le DON pour percevoir les fragilités des êtres, leurs lignes de faille, leurs instants de grâce aussi, et de les donner à voir sans déranger l'atmosphère où ils évoluent. Ce livre est autant une témoignage précieux pour les fans de Jane et Serge que l'évocation, en filigrane, d'une partie de l'existence d'Andrew (en particulier son travail pour le génial Kubrick) et de ses états d'âme, car, pour moi, le véritable héros du livre, c'est Andrew... Ce livre est l'incarnation d'un regard singulier, celui d'Andrew. Ce qu'écrit Alison Castle, qui a dirigé la publication, est parfaitement juste : "Toute une mythologie entoure Jane et Serge, mais dans les photographies d’Andrew elle transparaît peu. Ce sont les clichés d’un frère aimant, ceux qu’il a pris de sa sœur, de son petit-ami français et leur famille et amis : rien de plus, mais, en même temps, tellement plus. (...) Le sujet du livre, c’est l’amour. Un amour, présent devant l’objectif, dont nous percevons également la source."
Libellés :a Family Album,Andrew Birkin,Jane and Serge,livre,traduction
jeudi 8 août 2013
Le site Barrie n'est pas souvent et très peu mis à jour, je le regrette, mais je manque de temps et je suis seule à m'en occuper. Mais je privilégie les publications barriennes (le net, ce n'est que du vent, du versatile), alors que le papier, lui, traverse les siècles... Cela dit, je rappelle que, tous les jours ou peu s'en faut, je dépose un petit présent barrien ici. (Amateurs de Disney et autres saloperies à la Finding Neverland, passez votre chemin !) J'espère avoir le temps, dans quelques mois, de remettre en forme le site Barrie et de lui offrir d'autres développements. Cela pour répondre à quelques courriels reçus... Sans trahir un secret, les prochaines publications barriennes envisagées ou prévues sont les suivantes : une réédition du Petit Oiseau blanc (avec des "bonus") au mois de novembre, Mary Rose, Un Baiser pour Cendrillon, Der Tag et deux discours de Barrie, le diptyque Tommy et Le Petit Ministre. Je ne peux en dire plus ni mieux. Ceci est l'horizon barrien de la petite traductrice française...
Libellés :James Matthew Barrie
dimanche 4 août 2013
Pour mon amie Sophie, qui n'est pas encore allée à Venise, mais qui est la première vénitienne.
De retour de Venise... Depuis un moment déjà... Démunie comme je le suis chaque fois que je la quitte...
Venise est ma mère. Venise épouse et épie chacun de mes états d'âme. Il y a là quelque chose d'explicable, qui a tout de la folie. Si j'étais très riche, je quitterais tout pour vivre là-bas. C'est le seul endroit au monde que je désire. Je mesure même mon désir de vivre à ce seul désir particulier. Il est intact, donc je vais bien.
Venise est mon obsession depuis 17 ans, depuis le jour, où, pour la première fois, j'ai fait sa connaissance. Je ne savais rien d'elle et j'avais alors ressenti, en la découvrant, le plus grand choc esthétique de ma courte existence. J'avais passé toute ma vie, jusqu'à l'âge de 19 ans, dans ma ville natale, sans jamais la quitter, pas même pour faire dix kilomètres. J'étais un papillon sous verre, une enfant cloîtrée, punie, liée à un périmètre maléfique que je ne pouvais quitter. Et l'Enchanteur est venu et m'a délivrée du sort.
Les contes de fées existent dans la vraie vie. Je n'ai jamais cru au réel, c'est pour cette raison, probablement, que le rêve a tout écrasé sur son passage, pour briser le cercle de feu qui me retenait prisonnière.
Et, si comme le disent certains, les véritables vénitiens sont ceux qui, non pas habitent la ville ou y sont nés, mais ceux qui se sentent une affinité, une parenté secrète et troublante avec elle, alors je suis vénitienne. C'est une question de sang, de race... Des rêves entrelacés...
Les contes de fées existent dans la vraie vie. Je n'ai jamais cru au réel, c'est pour cette raison, probablement, que le rêve a tout écrasé sur son passage, pour briser le cercle de feu qui me retenait prisonnière.
Et, si comme le disent certains, les véritables vénitiens sont ceux qui, non pas habitent la ville ou y sont nés, mais ceux qui se sentent une affinité, une parenté secrète et troublante avec elle, alors je suis vénitienne. C'est une question de sang, de race... Des rêves entrelacés...
Je pensais ne jamais revenir au Lido depuis la fermeture et la transformation de l'Hôtel des Bains en résidence de luxe, car c'est un lieu qui demeurera à jamais synonyme des étés de ma jeunesse. Nous avons, cependant, décidé de nous aventurer à l'Excelsior, afin que notre fille découvre la mer pour la première fois. Il fallait que cette première fois soit somptueuse.
Il n'est que des premières et des dernières fois, n'est-ce pas Sir James ?
"MARY ROSE. – (…) La dernière fois en toute chose est toujours triste, ne trouvez-vous pas, Simon ?
SIMON, brusquement. – Il faut toujours qu’il y ait une dernière fois, mon adorée !
MARY ROSE. – Oui, je suppose… Pour tout… Un jour, je vous verrai pour la dernière fois, Simon. (Jouant avec les cheveux de son époux.) Un jour, je caresserai cet épi pour la millième fois et je ne le ferai jamais plus.
SIMON. – Un jour, je le chercherai et il ne sera plus là. Ce jour-là, je dirai : « Bon débarras ! ».
MARY ROSE. – Je vais pleurer. (Elle est plus excentrique que joyeuse et plus joyeuse que triste. Simon effleure de ses lèvres ses cheveux.) Un jour, Simon, vous m’embrasserez pour la dernière fois.
SIMON. – Ce n’était pas la dernière fois, en tout cas. (Pour le lui prouver, il l’embrasse encore, avec fougue, ne songeant pas que c’est peut-être la dernière fois. Elle frémit.) Qu’est-ce qu’il y a ?
MARY ROSE. – Je ne sais pas. Quelque chose m’a parcourue.
SIMON. – Vous et vos « dernières fois » ! Laissez-moi vous dire,
madame Blake, qu’un jour vous verrez pour la dernière fois votre bébé. (Il se hâte de préciser sa pensée.) Je veux simplement dire qu’il ne demeurera pas éternellement un petit enfant ; mais, le jour où vous le verrez bébé pour la dernière fois, vous le verrez pour la première fois devenu un petit monsieur. Songez-y ! "
“Et comment ! La plupart des gens ont pour premier souvenir une chose insignifiante : comment ils se sont coupé le doigt ou ont perdu un bout de ficelle. J’étais résolu à ce que ma fille ait un plus grand souvenir. J’étais pauvre, mais je pouvais lui offrir les étoiles."
Il n'est que des premières et des dernières fois, n'est-ce pas Sir James ?
"MARY ROSE. – (…) La dernière fois en toute chose est toujours triste, ne trouvez-vous pas, Simon ?
SIMON, brusquement. – Il faut toujours qu’il y ait une dernière fois, mon adorée !
MARY ROSE. – Oui, je suppose… Pour tout… Un jour, je vous verrai pour la dernière fois, Simon. (Jouant avec les cheveux de son époux.) Un jour, je caresserai cet épi pour la millième fois et je ne le ferai jamais plus.
SIMON. – Un jour, je le chercherai et il ne sera plus là. Ce jour-là, je dirai : « Bon débarras ! ».
MARY ROSE. – Je vais pleurer. (Elle est plus excentrique que joyeuse et plus joyeuse que triste. Simon effleure de ses lèvres ses cheveux.) Un jour, Simon, vous m’embrasserez pour la dernière fois.
SIMON. – Ce n’était pas la dernière fois, en tout cas. (Pour le lui prouver, il l’embrasse encore, avec fougue, ne songeant pas que c’est peut-être la dernière fois. Elle frémit.) Qu’est-ce qu’il y a ?
MARY ROSE. – Je ne sais pas. Quelque chose m’a parcourue.
SIMON. – Vous et vos « dernières fois » ! Laissez-moi vous dire,
madame Blake, qu’un jour vous verrez pour la dernière fois votre bébé. (Il se hâte de préciser sa pensée.) Je veux simplement dire qu’il ne demeurera pas éternellement un petit enfant ; mais, le jour où vous le verrez bébé pour la dernière fois, vous le verrez pour la première fois devenu un petit monsieur. Songez-y ! "
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“Et comment ! La plupart des gens ont pour premier souvenir une chose insignifiante : comment ils se sont coupé le doigt ou ont perdu un bout de ficelle. J’étais résolu à ce que ma fille ait un plus grand souvenir. J’étais pauvre, mais je pouvais lui offrir les étoiles."
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J'ai aimé, contre toute attente, revenir au Lido, même s'il est évident que je n'ai pas éprouvé l'émerveillement qui était celui de ces irréels étés à l'Hôtel des Bains. J'ai vieilli et, surtout, le monde a changé. Tristement changé. La clientèle de l'Excelsior n'a pas la classe désuète de feu l'Hôtel des Bains. Les lieux non plus. Mais il en est de même pour beaucoup de choses... Je ne reconnais même plus mon propre pays. Notre vieux monde est mort. Une fois de plus.
Et ce sont les barbares qui ont gagné. Ils n'ont pas eu beaucoup d'efforts à faire. La détestable "tolérance" est leur arme...
Reste l'Amour conjugué à deux et à trois – l'essentiel, le creuset d'un autre monde, peut-être.
Si Dieu le veut, nous reviendrons...
Au Lido peut-être. À Venise, c'est certain.
Quelques persistances rétiniennes...
Vues de la plage de l'Hôtel Excelsior, où j'ai passé de très beaux moments...
Et ce sont les barbares qui ont gagné. Ils n'ont pas eu beaucoup d'efforts à faire. La détestable "tolérance" est leur arme...
Reste l'Amour conjugué à deux et à trois – l'essentiel, le creuset d'un autre monde, peut-être.
Si Dieu le veut, nous reviendrons...
Au Lido peut-être. À Venise, c'est certain.
Quelques persistances rétiniennes...
Vues de la plage de l'Hôtel Excelsior, où j'ai passé de très beaux moments...
Après le Lido, retour à Venise, à la Locanda Orseolo, où, après trois séjours, nous nous sentons presque en famille...
Quelques lampions jaunes en l'honneur de la fête du Redentore... Comme chaque année... Emprunter une fois de plus ce pont provisoire pour rejoindre le dimanche, à midi, la Giudecca – notre rituel amoureux...
Toujours cela de pris à la mort.
J'ai acheté un guide pour suivre les traces d'Ezra Pound parmi les déliés de la Sérénissime, à la librairie Acqua Alta, où les livres par milliers sont empilés dans des baignoires et même dans une gondole. Enchanteur par fulgurance et également de très mauvais goût (des “capotes anglaises Casanova" qui traînent, une ceinture de chasteté, un escalier de livres qui permet, il me semble, de regarder sous les jupes des filles…) parfois, c'est un lieu à découvrir ! Mais, à aucun moment, je n’ai ressenti l’amour des livres dans l’agencement de cette librairie atypique. Le maître des lieux, très sympathique au demeurant, me semble fier de lui, de sa “création", mais peu intéressé par la littérature. Puissé-je me tromper !
Dernier petit-déjeuner de l'année, à Venise, au Florian, évidemment... La place est presque déserte, nous sommes les seuls clients du café, pour un moment encore... Sentiment d'avoir atteint le dernier degré de l'extase. Sentiment que tout peut s'arrêter, désormais...
Il n'y a rien d'autre après le bonheur, sinon la mort.
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- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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