vendredi 30 septembre 2005
Dans Brève Rencontre, Laura, par sa passion interdite, transforme Alec en personnage de fiction, et probablement la métamorphose est-elle réciproque, puisque l’homme porte les mêmes chaînes morales et sociales. Le lecteur, lui, au contraire, transforme Alec, Laura ou Miss Havisham en personnes et peut, à l’instar d’Oscar Wilde, qui affirmait que son plus grand chagrin était la mort de Lucien de Rubempré, éprouver à leur égard des émotions ou des sentiments excessifs - au regard de la réalité objective. La catharsis, si tant est qu’elle existe, suppose cette affection déraisonnable qui permet l’identification. Le phénomène inverse de la catharis - celui qui transforme la personne en personnage- suppose un mouvement double : une idéalisation de l’être (et donc un éloignement de celui-ci qui se retrouve projeté dans un autre monde, désormais inaccessible, à moins de changer de nature et d’épouser la sienne) et un repli sur soi, dans son monde intérieur. Ce monde du dedans est le siège De cet endroit intime peut s’établir une sorte de « communication télépathique », puisque la réalité objective ou idéalisée interdit le rapport entre les sujets. Le moi intérieur est un monde intermédiaire entre la réalité brute et la réalité fantasmée, sorte de no man’s land où le réel et le possible luttent à mort. Pour rien.

Sur la route de Madison
(The Bridges of Madison County[1], autre film de Clint Eastwood (sublime), pas tellement plus bavard que Brève rencontre, met également en images une histoire d’amour impossible. La scène la plus troublante du film est peut-être celle de leur adieu : il pleut et elle est dans sa voiture avec son mari, elle pleure et lui, l’entr'aperçoit dans une autre voiture, à travers la pluie, les vitres mouillées, et leurs larmes. Eastwood est grand. Il est l'un des seuls cinéastes contemporains à pouvoir mettre en scène sans pathos le tragique ordinaire d'une vie tout aussi ordinaire, dans une société où l'interdit, où la loi morale n'existe plus.

[1] Film de 1995.
Résumé (Source : Fiche de Monsieur cinéma 285/24 complétée et corrigée par nos soins) : Pendant la guerre, Richard Johnson a épousé une Italienne, Francesca, et l’a ramenée chez lui, dans sa ferme de l’Iowa. La jeune femme s’est habituée à sa nouvelle vie et, pendant plus de quarante ans, a été une épouse et une mère exemplaires. À sa mort, ses enfants, Carolyn et Michael, se retrouvent pour l’ouverture du testament. Parmi d’autres biens, la vieille dame leur lègue un journal intime racontant sa brève liaison avec un étranger de passage…
Cela s’est passé à l’automne 1965. Richard et les enfants étaient partis visiter la foire de l’Illinois, laissant la ferme à la garde de Francesca. Soudain, une voiture s’arrête devant le portail : Robert Kincaid, un homme d’un certain âge, athlétique et séduisant, demande son chemin. Photographe au «National Geographic», il doit faire un reportage sur les vieux ponts couverts de la région. Francesca l’accompagne au Roseman Bridge et, de retour, l’invite à prendre un thé. Après son départ, encore sous le charme de leur tête-à-tête, elle retourne sur le pont épingler une invitation à dîner qu’il trouve le lendemain à l’aube, en allant prendre de nouvelles photos. Pendant que Francesca se rend à Des Moines acheter une robe en prévision de leur soirée, Robert est témoin, dans un bar, de l’ostracisme des habitants envers Lucy Redfield, une épouse adultère. Il est pris de scrupules à l’idée de risquer la réputation de Francesca, mais celle-ci est disposée à prendre tous les risques. Pendant deux jours, ils vivent une passion telle que ni l’un ni l’autre n’en a jamais connue. Toutefois, lorsque Robert lui demande de partir avec lui, Francesca ne peut se résoudre à abandonner son mari et ses enfants. L’un et l’autre n’ont cessé de penser l’un à l’autre jusqu’à leur mort mais ils ne se reverront jamais. Les cendres de Francesca iront rejoindre celle de Richard et seront jetées du haut du pont …
Découvrant cet aspect inconnu de leur mère, Carolyn et Michael, bouleversés par ce mélange d’héroïsme, d’abnégation, de vulnérabilité et de sensualité, seront amenés à reconsidérer leurs rapports avec leurs propres conjoints.

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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