lundi 26 février 2007
Shakespeare and Company est un lieu célèbre dans le monde entier. C'est un îlot échoué on ne sait comment dans l'un des plus beaux quartiers de Paris. On a l'impression d'avoir affaire, de loin, à une gigantesque photographie collée sur un mur, un trompe-l'oeil qu'un ongle pourrait en trois secs gratter et rouler en boule. Mais l'endroit existe pourtant. Je suis sûre que vous le connaissez mieux que moi. Je n'y suis pas allée très souvent autrefois. Je ne me rappelle que d'une fois. Je ne me sentais pas digne de ce lieu qui est davantage un objet qu'une place. Maintenant, je suis grande (ne vous moquez pas), je parle mieux l'anglais et je commence à être moins timide en divers domaines. Je me sens légitimitée à caresser les contours de cet antre. Je me fais féline et je rivalise avec le mouser (souricier), bien présent, quelque part. Je ne me sens plus autant déplacée. Je fais un pas de côté, histoire de devancer mon ombre, j'effleure mon humanité. Je souris. Ce petit Paradis est situé dans Paris, non loin des quais, un peu en retrait. Il existe depuis 1951 et a été créé par George Withman, un américain sûrement un brin excentrique pour pas mal de gens, et pour moi et bien d'autres encore une sorte de dandy des cieux descendu. On peut d'ailleurs encore apercevoir cette figure extraordinaire que Mervyn Peake aurait croquée avec gourmandise hanter les lieux, en pyjamas à rayures rouges (!), les cheveux ébouriffés et la démarche solide, malgré ses 90 ans passés. Il habite au troisième étage. Pour monter et descendre l'improbable escalier rouge, plus ou moins bricolé, il vaut mieux être sûr de soi. Une pancarte vous met en garde contre le danger. Sûre de soi ? Je ne l'étais pas tant que cela ce week-end lorsque je me rendis au premier étage pour m'installer lire un petit moment dans la partie library (bibliothèque) de cette boutique-appartement. En effet, des gens y dorment et y lisent. Que demander de plus hormis y faire l'amour ? Il y a tout ce qu'il faut pour s'y installer... Quelques livres serviront aisément de pillows (oreillers). Tout est permis ici. L'étranger sans feu ni lieu y est accueilli. Une bouilloire et une théière font des ronrons et hoquètent joyeusement, sans discontinuer. J'y ai croisé Dickens et Sylvia Plath. On perd notion du temps et de l'espace. Le sortilège agit. De jolies et prudentes recommandations ornent les lieux. C'est aussi la morale ou la philosophie humaniste du maître de céans.


Vous pouvez y déposer votre propre photographie ou un message destiné à Maître Hasard.




Et pourquoi ne pas y faire réellement la sieste ? Plusieurs lits sont cachés parmi les livres ! Si j'étais romancière, si j'étais réellement une raconteuse d'histoires, j'aurais inventé un lieu semblable. Lorsque vous manquez de foi en l'humanité, venez ici, vous reprendrez courage. Promis !


[Cliquez sur les photographies pour les agrandir (très grand format).]


Il s'agit d'une librairie à nulle autre pareille. Vous l'avez compris. Si vous achetez un des milliers de livres neufs et d'occasion de la boutique, vous serez gratifiés d'un coup de tampon, le fameux sigle.


Vous repartirez avec un sac ou un sachet en papier brun estampillé d'une façon semblable.



Pour ma part, j'ai acheté un recueil de poèmes des préraphaélites  et une édition intégrale des poèmes de ma chère Emily Dickinson. Pendant ce temps, mon amie Claire, bientôt experte en japonais et en coréen, imprimait sa silhouette sur les murs du lieu à la recherche d'un livre fantôme. Elle reviendra et moi aussi.



Si vous désirez voyager virtuellement dans cette librairie, visitez ce site-ci et lisez cet article. Wictoria, je crois que tu adorerais cet endroit ! Mais peut-être es-tu déjà une habituée ?



Il fut ensuite temps pour moi d'arpenter mes librairies préférées, plus classiques et monotones, et de ramener quelques ouvrages qui donnent un meilleur indice de mon état d'euphorie que n'importe quel autre baromètre.

La Chine occupe plus que jamais mes pensées : deux Découvertes Gallimard, une "grammaire" de Bellasen (grand professeur et référence en la matière), un petit usuel pour apprendre et me remémorer les sinogrammes, ainsi qu'un livre-bloc-notes plus ludique pour m'exercer. Je poursuis mon exploration de l'univers de Tournier et je me remets à lire en allemand. Le choix de mon livre n'est pas anodin puisque c'est une oeuvre de Robert Walser (dont j'ai déjà parlé ici) et que j'associe à Jean-Christophe, celui qui veille avec amitié et intelligence sur mon travail barrien.

Petit passage éclair à Ciné Reflet, la librairie du cinéma bien connue des cinéphiles du VIe arrondissement de Paris, qui déménage bientôt, un peu plus loin.



Mon mari y a trouvé un petit livre sur Kusturica, cinéaste que nous aimons à la folie tous les deux. La vie est un miracle est l'un de nos films préférés toutes époques et genres confondus. Après tout ceci, ne vous étonnez pas si je ne réponds ni aux lettres ni au téléphone. Et si vous croyez que ce billet n'a ni queue ni tête, c'est que vous n'êtes pas dans le secret de mes pensées.







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