mercredi 23 avril 2008

Je pars ! Je ne suis qu'un frisson.
Il paraît d'après ceux qui en sont revenus que, là-bas, à certaines heures, l'herbe est bleutée et qu'elle se balance très poétiquement. L'image me fait un peu mal car cette simple idée énoncée concurrence mon imagination. La réalité peut-elle encore être à la hauteur de cette déclaration ?
Le coeur de ceux qui viennent réveiller les lieux donne le "la", m'a-t-on dit, et tout prend vie le temps d'un printemps. Je sais bien que je vis l'un des derniers printemps de mon printemps et qu'ensuite il faudra vieillir.
J'ai hâte de voir - non ! d'éprouver - cela, je veux dire l'herbe bleutée et froufroutante. Il me semble que je touche et croque déjà le fruit de mes songes.
Il paraît même que je pourrai visiter pendant ces jours prochains la dernière maison où a habité Jane Austen.
Il paraît que je ne vis plus que mes rêves.
Je rends visite à mes "parents". Ils sont tous morts et ne vivent plus qu'entre les pages des livres.
C'est bien.
De toute façon, je réprouve la compagnie des trop vivants.
Rien ne va plus ! Tout est en désordre ! Je m'active ici et là. Je dépose une note bibliographique ici ; là, je taille et allonge en même temps un chapitre trop long ; ailleurs, je prends des notes, sur un carnet surchargé de ratures et d'ajouts, pour une autre histoire. Je gobe, sans le goûter, un litre de café et dispense ma désinvolture à tous. Puis, je me contemple dans l'incompréhension des autres, surtout de ces femmes qui n'ont pas la moindre idée que je ne suis pas tout à fait comme elles, que je m'en trouve bien, et qui ne comprennent pas que je préfère porter des livres plutôt que des enfants et que les deux sont, pour moi incompatibles.
Déjà l'enfance me distinguait d'elles. Déjà j'étais consciente de tout ce qui nous séparait. Sans indisposition.
Pas le temps.
Je suis sûre d'avoir oublié mille petites choses qui me feront défaut au moment propice.
La leçon de Chinois n'était pas assez apprise, hier ; ce matin, le violon n'est pas assez caressé. Je suis coupable, oui. Je fais trop et pas assez. Surtout en amitié.
Dernières recommandations à qui de droit.
Quand, comme moi, on cohabite avec quatre chats et trois chiens qui vous font l'honneur de vous accorder une petite place dans leur territoire, il est hors de question de partir de chez soi sans trouver quelqu'un qui va habiter votre maison, à votre place, pendant votre absence. J'ai de la chance, je connais cette perle, qui emménage chez nous le temps d'un voyage et qui ne dérange pas trop les ombres que je laisse derrière moi, même si elle ouvre mes pots de confiture.
Il ne me reste plus qu'à remplir légèrement des valises.
Je suis devenue plus raisonnable au fil du temps. Je me le répète pour m'encourager à l'être vraiment. Un peu plus que chaque dernière fois.
Autrefois, j'emmenais une armoire avec moi. Ma valise avait la taille d'une malle-cabine et était le cauchemar de tous porteurs dans les hôtels. Désormais, je voyage avec le minimum.
Je suis consciente, cependant, que mon minimum n'est pas nécessairement celui des autres. L'apparat vestimentaire n'est pas ma préoccupation, étant donné que je ne m'habille que de noir et que j'ai souvent les mêmes vêtements en double ou en triple. Mon seul éventuel indice de sophistication est mon Chanel number 5 ou Le monde est beau de Kenzo ou encore ma collection de sacs à main. Pour le reste, je suis une personne plus que modeste. L'invisibilité est mon ambition. On observe mieux en retrait.
Mais je refuse de voyager sans mes livres, mes encyclopédies ou mes dictionnaires. Dieu merci, l'informatique permet d'alléger la valise.
Que vais-je emmener ?

Le sac que j'ai dérobé en imagination à Miss Poivert, avant de me l'offrir, parce que j'aime bien l'idée et que, finalement, je n'emporterai pas, car hier soir j'ai trouvé un cadeau de princesse dans la maison (une très belle création Lancel, l'Easy flirt décliné en rose, bien sûr, car la couleur je ne la porte qu'en bandoulière).




Dans ce confortable sac, je vais pouvoir mettre plein de choses. Raisonnable, ai-je dit ?
Un carnet ventru, Wuthering Heights et Jane Eyre pour faire bon poids, symboliquement. Mes extensions : mon précieux IPhone (lui et moi, nous sommes inséparables depuis sa sortie en France, en novembre dernier) et mon tout nouveau eeepc (un ultra-portable qui tient dans un sac à main et qui fait tout comme un grand ! Bien pratique quand, comme moi, on aime écrire n'importe où...), qui me permettra peut-être de faire des "reportages" en direct sur place et, surtout, de continuer à travailler un peu. Parce que ce qui m'importe vraiment, c'est de savoir si on peut dire le réel.

Un stylo-plume qui dégorge d'encre noire et un autre d'encre violette, pour écrire des cartes postales que je n'aurai pas le temps d'envoyer à tout le monde, c'est certain. Des disques que j'ai chargés sur mon précieux IPhone, dont celui-ci (beau, beau, beau) : ainsi que les cours du Collège de France - que je n'aurai pas le temps d'écouter, mais cela me rassure.
Un appareil photo et un camescope numériques - le domaine de M. Golightly, afin de ramener vidéos et photographies pour les indulgents lecteurs de ces pages.

De toute façon, les souvenirs ne servent à rien, car on les vit au présent et le présent n'existe pas. Et puis, tout est vain.
Vite ! Vite ! Je suis en retard ! Au secours ! Au revoir !

Les roses du Pays d'Hiver

Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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Never Never Never Land, au plus près du Paradis, with Cary Grant, France
Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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