dimanche 21 juin 2009
[Je dédie ce "bébé billet" à ma petite A., ma chienne, qui est malade. Je lui promets d'écrire la suite de cette histoire bientôt. Un jour, je vous parlerai d'elle, parce que c'est un personnage tout à fait essentiel dans mon existence et un sacré personnage.]
Je crois bien que l'image qui précède (Fred et Adele Astaire) symbolise parfaitement la manière dont j'entends l'existence. Si la vie ne ressemble pas à cela, alors cela ne vaut pas la peine de vivre. Si la vie ne m'inspirait plus, un jour, cette exaltation permanente et des désespoirs tout aussi violents que leur contrepoints d'extase, alors je tirerais ma révérence pour de bon. Les gens honnêtes m'ont prédit une fin encore plus triste que leurs visages de prophète, parce que je ne thésaurise rien, parce que je me fais flamber au contact de tous les feux de joie. Ils m'en veulent d'être trop heureuse ou trop malheureuse, de n'être point allumée comme un réverbère, à des bonheurs ou des joies communs, à heures fixes, avec une décente intensité. Ils ne savent pas sur quel pied danser avec moi. Ils ne savent pas danser de toute façon. Ils n'ont jamais compris que je suis prête à payer le prix de ma liberté - il y a longtemps que j'ai signé un pacte avec le diable qui est en moi et qui est la meilleure part de moi-même...- et que j'ai toujours su que je n'étais pas faite pour avoir une place définie en ce monde. Cela ressemble trop à une concession dans un cimetière. Mon seul regret, si je mourais demain, ce serait de n'avoir jamais eu une paire de chaussures magiques pour apprendre les claquettes.
À la lecture d'une biographie de Fred Astaire, un de mes héros, j'ai vérifié une fois de plus mon hypothèse selon laquelle chaque chose, dans un univers donné (le mien, en l'occurrence), est liée à une autre et qu'il suffit de tirer sur le bon fil pour remonter jusqu'aux premiers éléments d'une généalogie.
Fred - né Frederick Austerlitz, II- et sa soeur Adele ont débuté ensemble. L'histoire est bien connue. Adele était considérée comme le membre le plus génial de leur duo, mais elle abandonna au début des années 30, à l'âge de 35 ans, sa carrière et se maria. Fred, le perfectionniste, perdit sa meilleure partenaire et n'en retrouva jamais une autre comme elle, même pas Ginger. Je crois qu'Adele ne se sentait plus à la hauteur de l'immense talent de son frère, tyrannique envers lui-même lorsqu'il s'agissait de son art, talent qui ne cessait de croître alors qu'Adele se contentait de sa perfection naturelle, de ce don qu'elle n'était guère encline à sculpter davantage en travaillant.
Fred et Adele ont connu tous les deux James Matthew Barrie à Londres, lorsqu'ils se produisaient sur les scènes de cette ville que j'ai toujours aimée. Et Barrie envisageait de donner le rôle de Peter Pan à Adele. Barrie, comme Céline, a toujours aimé les danseuses - j'ai commencé à simplement l'évoquer ici et là - et ce vieux grincheux de Shaw en pinçait aussi pour Adele. Je ne sais pas exactement pourquoi l'affaire ne fut pas conclue. J'enquête... Mais je suis émue et amusée à l'idée que les fils de mes vies imaginaires se tordent et se tressent.
Quelques chapitres...
Les roses du Pays d'Hiver
Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.
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- Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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