vendredi 19 janvier 2007
... quelques extraits en images du livre de Sebastian Peake, le fils de Mervyn, qui consacre un livre à son père, sobrement intitulé The Man and His Art, et dont il parle sur son blog. Le livre est très beau. Il relate la vie du grand auteur et est richement illustré. Peake était un génie, aussi bien capable de dessiner l'inquiétante étrangeté que de peindre des oeuvres de facture très classique. Ses mots sont à la hauteur de ses images et réciproquement. Il est un cas presque unique dans l'histoire de la littérature. Si le lire ne vous donne pas de l'audace, vous êtes perdu à jamais pour la littérature. Je ne peux concevoir que l'on découvre son oeuvre sans en être bouleversé pour la vie entière.
C'était un aventurier de l'imaginaire, qui n'avait peur de rien et qui partait à la conquête de lui-même dans des univers obscurs et magnifiques, dont l'absurdité ou la bizarrerie vous paraissent, à la lecture, très logiques et naturels. Et puis Fuchsia, c'est moi. Et je sais aussi que je ne suis pas la seule à le penser.

Ici Mervyn et sa femme Maeve, 

l'auteur d'un très beau livre de souvenirs, A World Away, que j'ai eu le plaisir et la chance de lire. Je ne peux que le recommander à tous ceux qui aiment Mervyn Peake.
Des illustrations tirées de Gormenghast :








 Une blanche-Neige qui me plaît beaucoup avec son petit air hautain :




et des personnages hors du commun :


Je suis désolée mais ces copies ne sont pas de belle qualité, car le livre est grand et mon scanner petit et je savais comment le manoeuvrer sans abîmer les pages. J'essaierai de montrer d'autres pages, car celles-ci ne sont pas inédites.

Lily a écrit un billet enthousiaste sur le premier volume de la trilogie.

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Je désirais simplement présenter, avant le week-end, en quelques lignes, cette petite pièce, en quatre scènes, que Barrie avait écrite pour l'amusement des enfants Davies, The Greedy Dwarf. Dix jours après sa représentation mourrait la reine Victoria et quelques mois plus tard George partirait chez Wilkinson (Cf. le milieu de cette page-ci ou reportez-vous à mon édition du Petit oiseau blanc). La fin d'une époque.



Le titre m'évoque le nain Quilp, un odieux personnage du Magasin d'antiquités de Dickens.


[caricature de Joseph Clayton Clarke]

Je ne sais si mon intuition est juste, car hélas il ne reste pas, à ma connaissance, d'exemplaires de ce texte, très mince et en grande partie révélé par le programme. Toutefois, grâce à l'immense et insurpassable travail du biographe de Barrie, Denis Mackail (qui assista à cette pièce alors qu'il avait neuf ans sans savoir qu'il écrirait bien des années plus tard la vie de Barrie ! Cette coïncidence n'était-elle pas belle ?)


et à celui d'Andrew Birkin nous pouvons reconstituer l'ambiance et le contenu de la pièce. Il s'agissait d'une pantomime, dans la plus pure tradition victorienne. Le Noël précédent, Barrie avait emmené George et Jack à un tel spectacle, Les enfants dans les bois.
L'année suivante, il décida de faire quelque chose de plus amusant : écrire sa propre pantomime ! Son but était de "faire se tordre de rire tous ceux qui ont quatre ans"comme il l'écrit à l'un de ses compagnons de cricket... Et si le terme "moral" apparaît dans le programme, c'est une petite pique destinée à la gouvernante des enfants Davies, Mary Hodgson. On trouvera écho de ceci, encore une fois, dans Le petit oiseau blanc. Cette gouvernante se disputait avec Barrie l'affection des enfants et était outrée par le comportement de l'auteur, qui aimait tant les histoires...

La pièce fut donnée dans sa salle d'étude.
Ah que j'aurais aimé assisté à cela ! Il y eut une seule et unique représentation. Les spectateurs furent tous invités ; c'étaient des enfants. Cette représentation eut lieu le 7 janvier 1901, l'après-midi. Ce ne sera pas la première pièce privée que donnera Barrie, coutumier du fait.

Les costumes étaient dans le style des illustrations de Kate Greenaway (j'ai parlé d'elle ici en un mot). Tous les acteurs, à l'exception de Gerald du Maurier, avaient plus de trente ans ; Barrie lui-même allait vers ses quarante-et-un ans.


En lisant le programme, on apprend que Miss (!) Sylvia du Maurier a été ramenée en hansom cab de l'année 1892 (!) afin de jouer le garçon à cheval sur les principes" ! Barrie, quant à lui, jouait le rôle du vilain garçon de l'école. Il portait une perruque. Il effrayait les enfants avec son déguisement en faisant peut-être un peu son Capitaine Crochet pour l'occasion... Son morceau d'anthologie était la scène où, afin de se battre, il enlevait les douze (vous avez bien lu !) manteaux qu'il portait sur lui. Gerald du Maurier (le fameux nain ! Il interpréta alors son premier rôle dans une pièce de Barrie.) de son côté, se servait de ses mains à la place de ses pieds, tandis qu'un autre acteur lui prêtait ses menottes. Madame Barrie jouait le rôle de la Brave Petite Fille, elle se tira de tous les dangers qui la menaçait, mais finit par se déguiser en fauteuil, recouverte d'une couverture... Porthos, le saint-bernard bien connu, joua aussi son rôle à la perfection, qui consistait à manger un biscuit et à boire du lait.

Grâce à Andrew Birkin et à ses trente ans (est-ce aussi un peu de mon destin de tisser ma vie avec celle de Barrie, de repriser son ombre ? Si tel est le cas, j'y consens de tout coeur, ce rôle me plairait assez) de passion pour Barrie et la famille Davies, grâce à son oeuvre, nous avons moyen de lire le programme de la pièce, d'en apprécier l'humour, d'être touchés par tant d'amour de la part d'un poète qui s'adresse à l'enfance, et émerveillés par ce pouvoir que, finalement, nous possédons tous d'enchanter la vie des autres. Oui, chacun d'entre nous, et sans limite, que nous soyons doués ou non.
Je me rappelle de ma soutenance de D.E.A. de philosophie, il y a quelques années, lorsque j'avais plus ou moins sidérés mes juges en faisant preuve d'autant de foi enfantine que de maturité tragique - je parlais de la mort de l'être aimé dans ce texte que je présentais - en affirmant que la magie n'était pas un vain mot mais une manière très simple de déplacer son regard dans le halo des choses et des êtres.
Ce n'est point naïveté de ma part que de le croire et de l'exprimer. Il suffit de tellement peu pour ouvrir la voie d'un bonheur quotidien, durable, et pour faire entrer le merveilleux, comme le soleil qui cogne à la fenêtre, dans notre coeur et dans celui des autres.

Ce matin, j'ai reçu une belle lettre rose-mauve, écrite en violet, d'une personne que j'aime tant, d'une amie qui n'a pas peur d'exprimer ces sentiments. C'est exactement ce dont je parle et ce que Barrie fait vivre encore aujourd'hui pour moi et quelques personnes à travers le vaste monde.


Le programme de la pièce présente un dessin assez proche d'une photo de Peter Davies, que j'ai jointe également dans cette présentation. L'auteur est nommé "Peter Perkin" ! La photo le montre plus jeune qu'il ne l'était en 1901.


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jeudi 18 janvier 2007
Mes yeux sont fatigués. J'ai passé une partie de la journée à préparer des mises à jour pour mon site Barrie (il faudra encore travailler avant de les mettre en ligne) et, puisque je ne suis guère douée en informatique et encore moins en graphisme, tout ceci est très long pour un résultat médiocre. Je fais des essais de "diaporama" depuis quelques temps. Le dernier en date ici, les anciens sont ici et . Le cadre où apparaissent des photographies (qui ne sont hélas pas toutes de la même taille) est une donnée difficile à modifier. Je n'ai pas encore trouvé l'astuce... Je mérite vraiment la dénomination de dilettante autant que celle d'autodidacte.



Il est très émouvant de fouiller parmi ces centaines de photographies et de lettres qu'Andrew Birkin m'a généreusement transmises. Je me sens encore plus proche de l'homme et, partant, de l'auteur. Des deux hommes.



Comment demeurer insensible devant cette photographie de classe de l'enfant, qui portait déjà en lui Peter Pan ? Il avait huit ans au moment de la photographie. Son grand frère David était déjà mort.

Autre photo de Jamie, à 14 ans. Il venait de dépasser David, qui ne cesserait jamais d'être un enfant, comme Peter Pan.


J'ai lu avec des larmes et des étoiles dans les yeux une page de son "Querist Album,"* offert par sa mère pendant l'enfance (disons la fin de l'enfance, en 1877) et qu'il transmettra ensuite à Michael, son préféré, en 1911. À la question "Avez-vous déjà été amoureux et, si oui, combien de fois ?", il répond, à dix-sept ans, ceci : "Oui ! A chaque fois que j'entre dans une confiserie !" C'est tout à fait l'esprit barrien. Son héroïne préférée est la Cordelia du Roi Lear. Cela tombe très bien, puisque j'ai toujours été proche d'elle.

Et puis quel étonnement de trouver une lettre de Henry James ou une carte de Millais adressée à Sylvia pour ses fiançailles. Cette famille Davies est décidément au confluent de tous les arts...


*Les victoriens étaient friands de ce genre de petits livres de confession, où étaient imprimés des questionnaires en série, auxquels il fallait se soumettre.


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mercredi 17 janvier 2007
Deux petites choses : une nouvelle page consacrée à Crochet sur mon site Barrie et, pour faire suite à mon mini-billet d'hier une version alternative à la chanson de Carla Bruni sur le texte de Yeats, Those dancing days are gone, qui est offerte au téléchargement sur le site Naïve, via l'OpenDisc. Sa particularité : la présence de Lou Reed ! lou
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  • Little Mary est une pièce très insolite (ou disons qu’elle est pleinement conforme à l’esprit de l’auteur et nous serons plus proches de la vérité) de J.M. Barrie, qui précède sur scène son immense succès, Peter Pan (le 27 décembre 1904 au Duke of York’s Theatre). Je crois bien que je vais garder pour moi son petit secret et le fin mot de l’humour qui la caractérise. Je ne veux pas gâcher la surprise. Contrairement à ce que l’on pourrait très facilement penser, elle contient des éléments essentiels à la compréhension de Peter Pan et des autres œuvres de Barrie. Jamie n’a jamais exactement redit la même chose, même si le thème majeur demeure présent. Chaque texte est une pièce maîtresse pour la résolution de l’énigme qu’il ne cesse encore d’être. Pour toujours, je le souhaite. La pièce a été donnée, pour la première fois, au Wyndham’s Theatre, le 24 septembre 1903. Parmi la distribution, notons la présence de Gerald du Maurier dans le rôle de Lord Rolfe (il sera bientôt Crochet et Monsieur Darling, puisque par convention le même acteur interprète ces deux rôles… et ce n’est pas un hasard…) et de Nina Boucicault (futur Peter Pan, la première actrice à l’incarner au théâtre ; je lui préfère Pauline Chase, [Toutes les photographies ici présentes sont offertes par Andrew Birkin, l'ange gardien de Barrie. Je le considère comme tel et je crois qu'il sait mon admiration pour lui.]
    bien que je ne puisse juger que sur photographie !) qui donne vie à Moira Loney, l’héroïne si adorable de la pièce. Moira est l’un des prénoms de Wendy, l’autre étant Angela – elle est en quelque sorte une anticipation de cette petite mère - et cela fait, très évidemment, référence au destin, aux Parques ou Moires bien connues. Je vous renvoie à mon site en construction pour glaner photos et détails. Je devrais dès cette semaine me remettre à faire des mises à jour.
    Petit extrait de cette pièce qui fera partie du Volume Barrie à paraître en 2008. Il s'agit d'un fragment de l'acte I. Pardon pour la mise en page, qui n’est pas conforme aux us et coutumes de l’Imprimerie quant à la présentation d’une pièce, mais les « copier-coller » dans Blogger sont décidément trop capricieux et je n’ai pas le courage de reproduire les italiques et autres académismes requis. 
    Monsieur Reilly (à lui-même). Étrange, mais c’est un bon présage. 
    oira. Quoi, grand-père ? 
    Monsieur Reilly. Que celui-ci vienne précisément cette nuit-là entre toutes les nuits ! 
    Moira. Parce que c’est mon anniversaire ! 
    Monsieur Reilly. Oh, ton anniversaire, mon enfant ! Moira. Oui ! Tu ne te souviens pas ? J’ai douze ans (1), aujourd’hui ! (Elle se relève.) Nous sommes si bien amusés ! Regarde ! Elle prend sur la table une coiffe en papier qui provient d’un cracker et le met sur sa tête, où il demeure en place. N’as-tu pas envie de m’embrasser, grand-père, pour mon anniversaire ? 
    Monsieur Reilly. Oui, mon enfant ! Elle est contente. Elle court à lui gaiement et lui tend son visage. Mais déjà il l’a oubliée, replongé au plus profond de ses pensées. Elle est si déçue qu’elle pleure un peu mais courageusement combat ses tristes émotions. 
    Moira (elle est assise, elle coud et irradie). Vas-tu écrire ce soir, grand-père ? 
    Monsieur Reilly. Non, Moira. Je ne vais plus jamais écrire. 
    Moira. Ne plus jamais écrire ? Pourquoi ? Je ne peux me souvenir d’une nuit où tu n’aurais pas écrit ! 
    Monsieur Reilly. Ta mère avait coutume de me dire cela aussi, ma chère enfant. Souvent, souvent, elle le disait. Je me rappelle aussi d’une autre jeune femme, qui s’asseyait près du feu (1), et regardait le livre grossir*. Il s’agissait de ta grand-mère, Moira… Une épouse, un enfant, un petit-enfant ! Il se lève. Moira ! Il détache la clef de la chaîne qu’il porte autour du cou. Apporte-moi le livre ! Moira prend la clef et se dirige vers le coffre qu’elle ouvre. Monsieur Reilly atteint la table de travail, la débarrasse pour y recevoir les livres, et met ses lunettes. Il déplace le panier à ouvrage à l’extrême bout. Le livre est constitué de trois tomes impressionnants. Elle apporte les Volumes 1 et 2, qui sont si lourds que ses bras ont du mal à les porter. Quand Monsieur Reilly prend les livres, elle soulève le panier de table et le met par terre. Il prend les deux tomes et les place l’un à côté de l’autre. Il s’assoit et jubile à leur vue. Il ouvre le Volume 2. Il est en train d’en lire des passages quand Moira apporte le Volume 3, qui contient un morceau de papier buvard. Il ferme le Volume 2, place le Volume 3 dessus, pour finalement le laisser ouvert à la page blanche, où se trouve le buvard. 
    Moira (pathétique). Combien tu les aimes, grand-père ! Tu n’oublierais pas de les embrasser ! 
    Monsieur Reilly. Mon livre ! Moira, ce livre, c’est moi – et non pas cette charpente affaissée qui est déjà presque complètement rongée. Je me suis fondu dedans. Dans ce livre, je demeurerai toujours jeune et vigoureux à travers les âges. Il appuie sa tête sur le livre, se lève et désigne la commode où est posé un porte-plume. Moira, le porte-plume ! 
    Moira. Mais je croyais que tu ne devais plus écrire… ? Elle prend l’écritoire sur la commode avec le porte-plume qui repose dessus et dépose l’ensemble sur la table, à côté des livres. Monsieur Reilly (Il laisse sa chaise à Moira.). Il n’y a qu’un mot à écrire. Je pensais autrefois que ma femme l’écrirait, puis j’ai pensé ensuite que ce serait ta mère, mais c’est toi qui vas l’écrire, mon enfant. Il installe Moira sur sa chaise, puis il prend le porte-plume et le trempe dans l’encrier, le donne à Moira et lui désigne le livre. Ecris ici le mot « Fin ». Moira. « Fin », grand-père ? 
    Monsieur Reilly. Le livre est terminé. Ecris « Fin » ! Elle écrit. Il se tient dans son dos et la regarde faire. Fin ! Fin ! Il éponge la page avec le buvard, le regarde, le referme, le pose sur le Volume 2, enlève ses lunettes, les met sur le Volume 3, quitte la table et va s’asseoir sur une chaise. 
    Monsieur Reilly. C’est ma fin ! 
    Moira (qui va à lui). Mon cher grand-père ! Mon cher grand-père ! 
    Monsieur Reilly. Je suis un petit peu agité, Lucy. Moira. Je suis Moira, mon petit grand-père. Lucy, c’était maman. 
    Monsieur Reilly. J’oublie quelquefois que tu es la petite Moira qui n’a jamais eu un mot plus haut que l’autre à l’encontre du livre. Elles étaient fatiguées de ce livre. Parce que j’en expérimentais les conclusions sur elles. Elles n’aimaient pas cela. Les femmes sont étranges. Moira (qui se rapproche de lui). Mais tu disais que je devrais lire ce livre quand le temps serait venu ! 
    Monsieur Reilly. Le temps est venu ! Il prend le Volume 1 sur la table et il lui tend. Tu vas le lire, Moira, et je vais m’asseoir pour te regarder. Ensuite, lorsque je serai parti, tu resteras assise à le lire. J’ai mis de l’argent de côté pour toi, mon enfant, depuis six ans. Jusqu’à tes dix-huit ans, tu n’auras rien d’autre à faire, sinon lire ce livre. 
    Moira. Oh, grand-père ! Comme je vais l’aimer ! 
    Monsieur Reilly. Ensuite, tu iras chez les grands de ce monde et tu en convertiras certains. Moira. Moi ? Elle recule un peu.
    Monsieur Reilly. Toi ! Moira ! 
    Moira (effrayée). Mais tu viendras avec moi ?
    Monsieur Reilly. Je serai toujours avec toi, car ce livre c’est moi. Tu dois m’emmener avec toi partout où tu te rendras, mais seuls tes yeux doivent me regarder. Personne, pas même ceux que tu soigneras, ne devra savoir la nature du remède. Cela les surprendrait dangereusement. Ces nobles personnages doivent être sauvés discrètement... 
    Moira. Mais n’est-ce pas les tromper, grand-père ? 
    Monsieur Reilly. C’est pour leur plus grand bien. Moira. Alors, je ne serai plus digne de confiance ? Je ne peux pas faire cela ! Je ne le peux !
    Monsieur Reilly (féroce). Tu refuses ? Il se lève. Dans ce cas tout le travail de mon existence est réduit à néant et je me jette dans le feu. Il se dirige vers le foyer de la cheminée et menace de jeter le livre dans les flammes. 
    Moira (elle va à lui, horrifiée). Non ! Non ! Grand-père ! Je le ferai ! Oui, je le ferai ! Elle l’empêche de le lancer en posant sa main sur son bras. 
    Monsieur Reilly (avec émotion). Mon enfant… Je suis quelque peu désolé pour toi, car je ne peux rien sinon constater dans quel domaine (il regarde les lits où sont couchés les bébés) ton bonheur le plus grand aurait pu s’épanouir. Mais nous faisons cela pour le bien de ces chers Saxons, pour l’Angleterre, Moira, de la part des Irlandais reconnaissants. 
    Moira. Je ne les aime plus autant qu’auparavant… 
    Monsieur Reilly. Pour sauver celui qui se tenait ici même tout à l’heure. 
    Moira. Oh ! Comme j’aimerais le sauver ! 
    Monsieur Reilly. Le moi doit être sacrifié. Toutes les aspirations personnelles doivent prendre le chemin du devoir. 
    Moira (fébrile). Oui ! Oui ! 
    Monsieur Reilly (désignant les lits). Tous ceux-ci doivent partir. 
    Moira. Les enfants ! Grand-père ! Oh, cela me tuerait ! 
    Monsieur Reilly. Rien ne doit interférer avec le livre. 
    Moira. Et je n’aurai plus rien** à materner ?
    Monsieur Reilly. Ton ardent désir aurait fait de toi une femme ordinaire. Mais quelle femme extraordinaire tu vas devenir en y renonçant ! (2) Assieds-toi, Moira !
    Moira s’assoit.
    Assieds-toi près du feu et commence à étudier. Mes vieux yeux ont faim de voir la personne que tu seras dans six ans (3). Il porte une lampe et la tient à côté de Moira, afin de lire par-dessus son épaule. Elle est assise, l’air dubitatif, avec le Volume 1. Il se tient debout, la lampe toujours à la main, il la regarde. Il triomphe.
    Cela s’appelle… Mon enfant, lis le titre.
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    Traduction C.-A. F. aka Holly G.
    Ne pas reproduire sans mon consentement, comme pour chacune des pages de ce JIACO. Précision visiblement utile pour certains êtres sans vergogne, pour des malotrus et autres parasites ! Autant je partage avec grande joie mon travail, sans aucune arrière-pensée, autant je ne supporte pas que l’on essaie de voler des idées et des fragments issus de mon labeur. Je ne suis pas flattée par le plagiat.
    (1) Les lecteurs de Barrie ne seront pas étonnés par cet âge…
    (2) Anticipation d’Alice-sit-by-the fire (1905)
    (3) La même idée, bien qu’inversée, se trouve dans Le petit oiseau blanc.
    (4) Barrie use toujours, à partir d’un point ancré dans le présent, de distorsions temporelles dans ses écrits.
    * comme un ventre de femme enceinte...
    ** "rien" et non pas "personne", le choix de ce mot n'est pas anodin, bien évidemment...



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    P.S. : Dans un de ses romans, Richard Matheson prend pour héroïne, sans la nommer, Maude Adams, l’une des actrices qui fut Peter Pan. Il parle d’ailleurs de son interprétation dans les pièces de Barrie – elle a joué notamment dans Le petit ministre (le rôle de Babbie)
    - et de sa vie. Je voulais rapporter cette anecdote depuis fort longtemps et j’oublie à chaque fois. Je répare donc ce jour ma négligence.
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    mardi 16 janvier 2007
    Le plus important n'est pas cette nouvelle, mais je suis heureuse d'annoncer que je viens de reprendre possession de mon ordinateur, ce petit animal capricieux, qui n'a rien perdu de sa mémoire et, par conséquent, de mes souvenirs. Je vais pouvoir travailler avec plus de force et de bonheur. Hier, je parlais de Walter de la Mare et, belle coïncidence, je le retrouve aujourd'hui dans le nouvel album de Carla Bruni. J'avais beaucoup aimé son précédent opus, je suis un peu moins enthousiasmée par celui-ci, ayant probablement trop écouté l'ancien jusqu'à l'user, car il faut reconnaître que la demoiselle n'a pas un organe très puissant et même si cette voix cassée vous trouble et même si ses murmures sont aguichants et envoûtants, les magnifiques textes qu'elle a choisis (Yeats, Emily Dickinson - Lamousmé ne t'évanouis pas : il y a aussi un texte de Christina Georgina Rossetti -, Dorothy Parker...) ne sont pas tellement mis en valeur par une tonalité assez plate. Peut-être suis-je tellement habituée à entendre dans ma tête les textes de ces auteurs que je suis dérangée qu'une autre voix se les approprie et les lie à une musique, qui n'est pas nécessairement celle que j'entendais jusque là. Il est plus que probable qu'après plusieurs écoutes, je serai probablement conquise et plus encore. Déjà, pendant que je rédige ces lignes et que le disque tourne, je me surprends à ressentir une exaltation qui me dépasse. Je perçois les limites de l'interprétation et, malgré tout, je suis attirée... Je suis très heureuse que ce disque mette en valeur des êtres que j'aime et qui ne sont pas toujours bien connus par le très grand public, surtout Emily Dickinson, même si les éditions José Corti ont oeuvré pour elle. Petit extrait du poème de Walter de la Mare :
    Carla J'aime tout particulièrement l'avant-dernière strophe et le sentiment d'absence que sait si bien décrire Walter de la Mare. There is wind where the rose was, Cold rain where sweet grass was, And clouds like sheep Stream o'er the steep Grey skies where the lark was. Nought warm where your hand was, Nought gold where your hair was, But phantom, forlorn, Beneath the thorn, Your ghost where your face was. Cold wind where your voice was, Tears, tears where my heart was, And ever with me, Child, ever with me, Silence where hope was.
    Catégorie :
  • « Chercher le bonheur dans son travail, c'est comme creuser une galerie dans la roche dure, à la recherche de l'or. On a besoin de toute son énergie, de toute la force et de l'ardeur de sa nature pour y parvenir. »(Elizabeth Goudge, L'arche dans la tempête)

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    Il y a quelques jours, alors que je peinais à ma table de travail, sans mon ordinateur personnel (suite de cet épisode-ci : c'est la carte mère qui a grillé ; ce matin, je devrais être délivrée de mon tourment et retrouver mon précieux caisson de survie), et à la faveur de la lecture inspirée de l'excellent site de Greg, qui a su si bien créer une atmosphère étrange et poétique, en mêlant peintures, images et littérature, j'ai relu d'une traite Les contes du Whisky de Jean Ray.

    Vieux souvenir d'une lecture, alors que je me trouvais autrefois sur les îles anglo-normandes, lieu idéal d'une villégiature pour amoureux d'Elizabeth Goudge. Je ne connaissais pas encore cette dernière ni Barrie. Je n'étais donc pas encore née.

    Comment ? Je n'ai encore jamais parlé d'elle ici ? Et pourtant, si vous saviez comme elle m'importe ! Je repense à elle car j'ai besoin d'écrire, pour cause d'éruption romanesque, sur ces lieux où le vent et la mer appellent déjà les âmes perdues mais aussi creusent le sentier des fées... Mais... Peut-être qu'elle reviendra ici vous parler. Ne perdons pas le sujet de ce mince billet en se laissant emporter quelques années en arrière.
    La littérature et le thé sont mon whisky, moi qui autrement ai la sobriété d'un nouveau-né, et qui pour alcool fort n'ai que la sève de certains auteurs. Jean Raymond Marie de Kremer est très connu, sous ses divers pseudonymes. Jean Ray est celui que j'ai envie de retenir.

    Bien sûr, les gens associent d'abord son nom à Harry Dickson,


    celui que l'on a nommé "le Sherlock Holmes américain". Au départ, il ne s'agissait pour Ray que de traduire, mais très vite il s'est mis à réécrire les histoires, puis à en inventer de nouvelles, pour le plus grand bien du personnage. Mais je crois que le meilleur de lui est ailleurs.

    Malpertuis, par exemple, est une œuvre baroque en diable, construite sur le pan le plus fragile de notre insconcient, comme l'était autrefois la maison Usher.
    « Elle est là, avec ses énormes loges en balcons, ses perrons flanqués de massives rampes de pierre, ses tourelles crucifères, ses fenêtres géminées à croisillons, ses sculptures menaçantes de guivre et de tarasques, ses portes cloutées. Elle sue la morgue des grands qui l'habitent et la terreur de ceux qui la frôlent. La façade est un masque grave où l'on cherche en vain quelque sérénité. C'est un visage tordu de fièvre, d'angoisse et de colère, qui ne parvient pas à cacher ce qu'il y a d'abominable derrière lui. »

    Ne frissonnez-vous pas un peu ? Je ne suis pas étonnée. Quoi ? Non, ce n'est pas le froid, mais la prose de Jean Ray. Vous êtes en grand danger. Vous venez simplement de comprendre. Soyez assurés que je le regrette.

    Il faut aussi voir le film de Harry Kümel, avec Orson Welles, dans le rôle de l'oncle Cassave.


    Même si Jean Ray a un style incarné par des images puissantes, parfois terrifiantes, ce film-ci est une réussite dans sa trahison, ne serait-ce que par la présence de celui que je nomme, très respectueusement, L'Ogre. Je suis persuadée cependant que Roger Corman en aurait fait quelque chose de plus inquiétant et de plus esthétiquement insupportable, pris dans le sens positif de ce dernier terme.



    Un livre, (Les frontières du fantastique, Approches de l'impensable en littérature », de Roger Bozzetto et d'Arnaud Huftier ) essaie de donner une définition de ce genre presque impossible à circonscrire et peut-être même artificiel que l'on nomme "le fantastique" et auquel Jean Ray est plus ou moins affilié par les manuels savants :

    « (...) si les philosophes dits des Lumières avaient pour ambition de mettre au clair mes choses cachées, ils oubliaient qu’allumer une bougie c’est aussi créer une ombre : cette ombre, le fantastique l’explore »


    Cette belle définition convient par certains égards à l'écriture violemment et magnifiquement imagée de Jean Ray, qui revêt tout à tour manteau d'orage et robe couleur de lune (vous voyez à qui je fais allusion !), est à sa façon un surréaliste, au sens où l'entendait Breton dans son premier Manifeste :




    "L'image est une création pure de l'esprit.
    Elle ne peut naître d'une comparaison [comme le ferait l'entendement qui compare et pèse des réalités concrètes ou absraites] mais du rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées.
    Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte - plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique..." (p. 31)


    L'image est une peinture mentale dont la justesse ou vérité n'est pas déterminée d'après un critère universel, tel celui appliqué par les sciences, par exemple, dans ce qu'elles ont souvent de tristement utilitaire et de volonté féroce à maîtriser le réel, mais par le pouvoir d'évocation, d'ouverture et d'abandon de notre esprit à ces images. Au fond, Breton fait bien de convoquer Freud, car il semble appliquer les découvertes de ce dernier quant au rêve et nous provoquer à imaginer. Il n'y aucune différence de nature entre le rêve, tel que Sigmund l'analyse, et l'image dessinée par l'imagination. La différence est simplement donnée par le degré de conscience que nous prêtons à ces images.
    Jean Ray, par sa force d'écrivain, parvient à nous libérer de ce fallacieux réel dans lequel nous nous inscrivons au quotidien, par l'exercice vital de nos facultés dans un travail, une famille, une vie d'homme ordinaire. Il nous invite au vertige et à la perte des repères et la naissance ou à la résurrection d'une autre réalité, celle de l'imaginaire qui n'est pas irréelle (Cf. ce billet-ci où il est question de Clément Rosset, puis celui-ci, où il est question, en creux, de l'imaginaire de l'enfance.)
    Alors, Jean Ray est peut-être un écrivain du fantastique, mais je lui préfère un autre terme, plus vague, plus lâche, plus libre, le merveilleux. Je redonne la parole à Breton :
    "(...) le merveilleux est toujours beau, n'importe quel merveilleux est beau, il n'y a même que le merveilleux qui soit beau." (pp. 24-25)
    Tant que l'on considère que le beau est seulement le produit ou l'effet de l'art, on ne peut que souscrire à cette déclaration d'amour d'où est exclue toute raison. Il faut toutefois comprendre, dans ce cas, que l'art n'est pas seulement création d'une oeuvre, mais aussi le regard du sujet (comme ce regard, peut-être, évoqué précédemment lorsque je parlais d'une nouvelle de Walter de la Mare) qui s'aiguise et se perd au-delà des simples apparences paragées par le sens commun. Voici une autre déclaration de Breton à laquelle aurait applaudi Sir J. M. Barrie, mon tendre Jamie :


    " De bonne heure ceux-ci [les enfants] sont sevrés de merveilleux, et, plus tard, ne gardent pas une assez grande virginité d'esprit pour prendre un plaisir extrême à Peau-d'âne.



    Si charmants soient-ils, l'homme croirait déchoir à se nourrir de contes de fées, et j'accorde que ceux-ci ne sont pas tous de son âge. Le tissu des invraisemblances adorables demande à être un peu plus fin, à mesure qu'on avance, et que l'on en est encore à attendre ces espèces d'araignées... Mais les facultés ne changent radicalement pas. La peur, l'attrait de l'insolite, les chances, le goût du luxe sont ressorts auxquels on ne fera jamais appel en vain. Il y a des contes à écrire pour les grandes personnes, des contes encore presque bleus." (p. 26)
    Que serait le monde si les adultes conservait ce pouvoir ? Qui sait peut-être que tout serait pire ? Peut-être qu'il ne faut qu'une goutte de merveilleux sinon la solution deviendrait instable. On ne saura jamais.
    Hé bien, je crois que Jean Ray en a écrit quelques-uns de ces contes-là, des très beaux, des un peu gothiques, des un peu étranges, des souvent surprenants et des toujours nécessaires, afin que le lecteur ne s'endorme pas dans le réel et perde ce sens ultime du beau, le secret de l'enfance.
    "Cette imagination qui n'admettait pas de bornes, on ne lui permet plus de s'exercer que selon les lois d'une utilité arbitraire ; elle est incapable d'assumer longtemps ce rôle inférieur et, aux environs de la vingtième année, préfère, en général, abandonner l'homme à son destin sans lumière." (p. 14)

    ***********
    "On m'a appris que Dieu, dans sa bonté infinie, a donné à notre âme d'ombre un frère de lumière qu'on nomme notre ange gardien."


    "Il y avait un soleil sanglant, sinistre, posé sur la ligne d'encre de la mer ; un immense goéland volait longuement sur la bavure rouge de l'horizon, des butors ont crié... et, ma foi, je ne sais pas trop pourquoi j'ai senti qu'autour de moi il y avait quelque chose pas trop en ordre... Et j'ai bu..."


    ***********

    Des vapeurs du whisky, dans une atmosphère gothique et marine, s’élèvent un cousin fantôme de Scrooge, la petite prostituée de Whitechapel, ou un fils ingrat, une main secourable dans la nuit ou encore une froide et implacable vengeance aux relents wildiens ou hawthorniens. Jean Ray est le plus londonien des belges. Ce n’est pas en vain qu’il se réclame du plus grand, de notre père littéraire à tous, Charles John Hufman Dickens. Jean Ray est sans conteste l’un de ses héritiers, de même qu’il y a en lui des traits qui font songer à Maupassant (et, contrairement à l’évidence, pas seulement le Maupassant des histoires fantastiques), mais aussi à Lovecraft. Parmi les contemporains, un grand écrivain comme Ray Bradbury me semble assez proche, non pas tant de son univers que de sa manière de raconter, de piquer au vif le lecteur sans l'ébouillanter.

    Jean Ray n’est pas seulement un conteur exceptionnel à l’écriture tiède (comme un Stephen King par exemple, que j'aime). C’est aussi un peintre, à mi-chemin entre le flamand Jan Van Eyck, le néerlandais Bosch et l’allemand Hans Holbein. Certains tableaux m’évoquent son œuvre, tels The Ambassadors.

    L’anamorphose du crâne au premier plan est une métaphore possible de l’œuvre de Jean Ray.

    Il y a de la folie dans les histoires de Jean Ray, mais lui-même apparaît résolument sain, à la différence d’un Maupassant. Horla. C'est cette distance entre ce qu'il écrit et l'esprit qui maintient à distance le fantastique qui crée cette atmosphère langoureuse et presque fétide.

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  • lundi 15 janvier 2007
    Celui qui veille (The Guardian) par Walter de la Mare in Le deuxième livre des fantômes, anthologie de Cynthia Asquith. 

    Très amoureuse de Walter de la Mare, dont l’œuvre représente désormais l’une des voies d’accès de mon univers fantasmatique et dont j’ai eu le plaisir de vous parler un peu ici et , je me plais à découvrir très doucement, dans le texte, fragment par fragment, son œuvre insolite et poétique. La classe, les silences et le raffinement de cet auteur exceptionnel me soustraient durablement aux contingences de notre pauvre petit monde et à sa vulgarité de plus en plus affirmée. Et si vous croyez que je m’éloigne un seul instant de Barrie, vous faites erreur, puisque l’anthologie où ce texte a été publié a été éditée, en son temps, par Cynthia Asquith, femme ambiguë, très proche de mon baronnet préféré… Je vous reparlerai d'elle. The Guardian est l’une de ses nouvelles les plus fameuses ; tous les anglo-saxons doivent la connaître, je le présume. Je l’ai relue au petit matin, pour calmer mes angoisses face au temps qui me nargue et me désigne de son doigt crochu les milliers de choses à lire et à écrire dans une journée, et je fais mine d’oublier les choses banalement prosaïques qui n’attendent pas plus que les autres… Je profite de ces lignes pour demander à mes plus proches pen friends de pardonner mon retard à leur répondre. Je suis incapable d’assurer une correspondance régulière, ce qui ne témoigne en rien d’un manque d’amitié ou d’intérêt, mais d’une faiblesse inhérente à ma complexion. Dans ce court texte, qui n’excède pas une quinzaine de pages et qui pourrait faire office de conte de noël puisqu’il se déroule en partie à cette époque, Walter de la Mare s’ingénie à nous dire une drôle d’histoire, morcelée par une myriade de sous-entendus jamais éclaircis. Le principe de son écriture est de lever doute sur doute d’une phrase à l’autre, sans jamais offrir une seule possibilité pour le lecteur de retrouver son équilibre. Son pouvoir d’écrivain réside en sa capacité à ne jamais devancer notre peur par excès de déclarations ou par une description trop aigue de ce qui est à redouter, pas plus qu’il ne donne de réelle explication. L'angoisse, une peur très bien élevée mais une peur tout de même, demeure nichée dans l'inconscient du lecteur. La chute de cette nouvelle, que je me garderai de révéler, ne dissipe en rien le malaise du texte qui est comme une brume ou une toile d’araignée qui s’agrippe à chaque mot. La tante d’un garçonnet prend soin de ce dernier, qui est orphelin de père. Son père était un homme mauvais, mais il ne semble pas avoir hérité de ses penchants vicieux. L’histoire se déroule sur plusieurs années, avant de s’arc-bouter dangereusement lors de sa douzième année. Nous retrouvons ce chiffre fétiche chez Barrie et Tournier – et quelques autres… Elle s’aperçoit que l’enfant dont elle a la charge paraît très troublé. Elle s’imagine d’abord que quelque rêve le poursuit et l’empêche de dormir. Elle lui donne la permission de dormir avec une veilleuse, mais cela ne le calme pas. Il finit par lui avouer qu’il subit une étrange vision lorsqu’il tourne son regard sur un certain angle… Il voit… Satan ! Ou plus exactement une sorte d’être ailé qui ressemble aux illustrations de Gustave Doré lorsqu’il prête son imaginaire pictural au Paradis perdu de Milton
    [un de mes livres préférés depuis mon ancienne lecture de la trilogie de Pullman] … La tante de l’enfant est fort compréhensive et ne brutalise pas son neveu afin qu’il renonce à ce qu’elle croit, avec plus ou moins de mauvaise foi, être un produit de son imagination. A ses yeux, il n’y a rien de malsain, à moins qu’elle ne feigne de le penser… Elle sait très bien qu’il existe des "anges gardiens", elle le reconnaît dans son for intérieur. Qui est ce gardien ou tuteur évoqué par la neutralité du titre ? Plusieurs interprétations sont possibles : la figure ailée qui devient l’ombre de l’enfant, le point de côté de son regard, un fantôme, la tante de l’enfant ou encore… la garde-malade du garçon, qui entre en scène après une fuite quasi mortelle dans les airs (il est tombé par la fenêtre - il aurait dû demander conseil à Peter Pan ! ). J’ai préféré donner comme traduction du titre de la nouvelle quelque chose de très vague, car cela me paraissait bien plus approprié au contenu de l’histoire, ainsi cela ne ferme aucune interprétation. Celui qui veille est peut-être celui qui protège et, pourquoi pas, celui qui ne peut plus fermer ses paupières sans danger et refuse la vie nocturne… Je traduis un peu vite pour ce que j’espère être votre plaisir quelques lignes, qui ouvrent cette étrange histoire, qui n’est pas sans rappeler certaines des pages les plus fantastiques de ce cher Henry James, à la différence qu’il n’y a ici aucun indice d’une quelconque hystérie, même larvée. Nous sommes de plain-pied dans l’indicible. « Il y a, j’en suis parfaitement consciente, beaucoup de gens excellents de par le monde qui fuient tout ce qui par nature s’apparente au tragique, et ce dès qu’il est question de son rapport avec les enfants. Ils le font d’autant plus aisément s’il est traversé par ce qu’ils considèrent être une veine de morbidité. Ma propre conviction – et ce n’est pas mon avis le plus faible - est que l’enfance est l’état des extrêmes, de même que le bonheur et le malheur s’opposent. Je parle en connaissance de cause - comme conséquence de mon observation et de mes expériences, bien avant que cette « psychiatrie » ne soit en vogue… -, lorsque j’affirme que quelques-unes des plus tristes, des plus graves et des plus profondes expériences de la vie se produisent dans les premières années et, si tel est bien le cas, les effets de celles-ci persistent par-delà la mort de celui qui a les vécues. Je ne suis pas une mère. Je suis ce que l’on appelle une « vieille fille ». Cependant, même les « vieilles filles », je le suppose, sont autorisées à faire montre de leurs convictions. » ***** Post-scriptum sans rapport immédiat avec ce qui précède : Je ne suis pas une personne cultivée et c’est encore bien pire lorsqu’il s’agit de musique. Je remédie à ses faiblesses aux côtés de quelques esprits éclairés. Un magicien de mes amis du cercle (de fées) Barrie m’a offert un très beau disque, Smile de Brian Wilson.
    Je l’écoute depuis environ deux semaines en boucle et je dois reconnaître que je suis enchantée et pénétrée par cette symphonie dont je ne connais pas, ma foi, d’équivalent. J’aime toutes les chansons qui composent ce chef-d’œuvre, en particulier la quasi intraduisible chanson Surf's Up et l'émouvant Child is father of the man (L’enfant est le père de l’homme). Ce disque est la bande-originale de mon travail de traduction autour de Barrie et seul un être proche de Barrie mais aussi des pensées littéraires de Holly pouvait avoir autant d’esprit pour m’envoyer ce présent magnifique. Merci J.-C. B. ! Soyez assuré que vous m’avez émerveillée et inspirée au moment où j’en avais besoin. J'essaierai de ne pas vous décevoir.

    Merci également à ma chère amie Wictoria pour tout ce qu'elle m'apporte, jour après jour.
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  • dimanche 14 janvier 2007
    Ce n'est pas du tout le billet que je prévoyais d'écrire aujourd'hui, mais la découverte la nuit dernière de ce film a chamboulé mes idées. Je sais que ce long-métrage n'a pas eu le succès qu'il méritait en salles et j'aimerais donner envie à ceux qui croiseront peut-être ces lignes d'acheter le DVD, pour que ce film ne meure pas. Souvent, je me demande pourquoi les critiques manquent à ce point de cœur. Songent-ils vraiment que l'esprit est inversement proportionnel au sentiment ? Je souris sans méchanceté en songeant que ceux qui médisent du sentimentalisme sont souvent ceux qui en ont le plus besoin et qui le haïssent à proportion de leur manque. Voici qui est le fin mot de ce film : le manque. Oui, le manque, qui n'est pas le désir ou la privation. Le manque comme appel en soi de ce qui semble, à tort plus qu'à raison, nous rendre incomplets ou creusés par une absence intolérable. A ceux qui m'écrivent et disent apprécier ce petit univers, cette minuscule goutte de rosée qu'est ce JIACO, je dis : "Aimez ce film." Il vous le rendra au centuple. Je ne prétends pas qu'il s'agisse d'un chef-d'oeuvre et que le film soit dépourvu de défauts ; néanmoins, ses faiblesses ne le desservent jamais, je crois même qu'ils le rendent encore plus touchant. Il y a peut-être trop d'application et de récitation dans le dialogue, mais qui s'en soucie ? Quel mal y a-t-il à être simplement ému et emporté par de jolies pensées ? Cœurs en papier émeri ne soyez pas déçus : le bonheur ne dérange pas notre folie et notre sauvagerie, il ne fait que les rendre un peu plus supportables et aimables pour les autres. Le bonheur est l'état le plus dangereux, car on sait bien que le pire sera le festin du lendemain. On ne peut que déchoir du bonheur, comme de l'enfance. C'est aussi une des raisons de ce film. Le bonheur est plus proche qu'on ne le croit ; il déçoit souvent ceux qui le manquent en s'imaginant par avance qu'il a plus de gueule et d'allant. Il déçoit encore plus ceux qui le trouvent et qui l'estimaient plus grand ou plus lointain. Non, c'est simplement votre esprit qui est trop petit. Vous faites une erreur de perspective en dessinant les lignes de votre cœur et de vos mains. Vous êtes passé juste à côté de lui. Trop tard. Je sais que le bonheur est toujours un petit peu idiot et gauche dans ses démonstrations, pourtant c'est bien lui ce satané petit bonheur qui fait de chaque jour un tapis volant pour la princesse et son joli crapaud, caché dans son giron. Ne le méprisez pas, ne le sous-estimez pas, ne le grandissez pas non plus. Prenez-le entre vos mains et soyez bons pour lui. Est-ce dégringoler ? Pour ma part, j'aime l'innocence des grands enfants ; je suis davantage portée par eux que par le vice et les duperies des gens comme il faut, qui savent exactement quelle est leur place dans ce monde, qui ne se trompent jamais de mots ou de gestes, car ils sont d'authentiques adultes. Ce film exprime cette vérité personnelle. J'aurais aimé l'écrire. Je ne suis qu'une lâche et une incompétente.
    A toutes fins utiles, je précise qu'il est de Serge Frydman, l'homme qui avait écrit le scénario et les dialogues de La fille sur le pont,
    un film magnifique, que je n'ai jamais pu oublier.
    Je dédie ce billet à ma très chère et délicate Marie. Je crois que, si elle ne connaît pas déjà ce film, elle pourrait être émue par sa grâce et sa sensibilité, comme je le fus.

    L'histoire se déroule dans un pays qui se veut imaginaire, même s'il a les traits de la Belgique et de la Hollande. Une jeune femme, Colette (Vanessa Paradis) est désespérée. Elle est en manque d'enfant. On l'imagine dans la trentaine, ce minuit de la féminité (le temps ne cesse de filer dans ce film ; la plupart des plans montrent une horloge ou un réveil, et Colette devient un double du Capitaine Crochet qui a peur de ce temps qui le grignote à chaque instant et va le révéler à la lumière de son échec), ce moment fatidique où le ventre réclame trop fort et s'impatiente dans l'attente d'une immense floraison - il y a un livre à faire sur le ventre des femmes, croyez-moi -, où la vieillesse cligne de l'oeil au reflet de la femme, si celle-ci est suffisamment mature (flétrie peut-être aussi... Il est remarquable à quel point Vanessa Paradis est fatiguée et vieillie dans ce film, elle qui était une nymphe autrefois. Bien sûr, elle est toujours sublime, à mes yeux en tout cas, mais elle semble porter ses enfants sur son visage tendu et prêt à pleurer...) pour avoir envie de tendre le relais à un enfant.

    Je ne suis pas une amie des mères. J'ai de solides raisons. Je me méfie d'elles autant que je puis les aimer quelquefois, leur reconnaissant de temps en temps un rare mérite, qui est celui de l'inconditionné. Il est simplement dommage que la majorité d'entre elles confondent cet enfant intérieur dont je parle souvent, caché ou non, derrière l'ombre de Barrie, avec celui auquel elles donnent vie. L'erreur est là, très aisée à commettre, voire tentante. Je me demande souvent, en regardant Colette / Vanessa, si elle ne se trompe pas de cible et si elle n'embrasse pas son propre manque, le confondant avec l'amour d'un enfant rêvé, à la manière de Charles Lamb. Elle a peur que son tour ne soit bientôt passé, comme elle le dit joliment. On songe au manège des enfants et au ticket supplémentaire qui permet une dernière danse sur le dos d'un cheval en bois. On ne sait rien de cette femme, qui est déjà mère dans son âme et dans son désespoir, à qui il ne manque qu'un petit pour la combler. Du moins le croit-elle fermement, jusqu'à se rompre. Elle essaie, dans sa tendre folie, de trouver un homme, n'importe lequel, qui puisse lui faire un enfant, avant de retrouver celui qu'elle aime, afin qu'il prenne soin d'elle et lui donne une maison pour les jours de pluie. L'enfant serait un cadeau qu'il ne pourrait refuser. Cette naïveté charmante est coupable, mais on ne peut lui en vouloir, n'est-ce pas ?

    On sait très bien, d'emblée, que son amoureux l'a laissé tomber. On se doute que tout est fichu et qu'elle n'est qu'une môme qui mime avec des jouets grandeur nature le rôle de la maman et de la putain.

    Elle remplace une amie dans une vitrine et fait la pute, avec beaucoup d'innocence et de tendresse, lorsque le coup de fil d'une étrangère lui demande d'aller chercher son fils dans un institut pédo-psychiatrique et de l'attendre à la gare où un train devrait la conduire. L'enfant possède la clef d'une consigne, où toutes les économies que sa mère-pute a dérobées à son maquereau sont cachées. Elle raccroche brusquement et Colette, malgré elle, se rend à ce rendez-vous. Colette ne cesse de faire ce qu'elle prétend ne pas vouloir faire. Elle ne peut affirmer sa volonté que dans le refus de l'évidence. Elle dit "non" et cela signifie "oui". Les femmes sont des êtres compliqués. Elles ont une bombe dans le corps. Le compte à rebours débute à leur naissance.

    Colette se rend quelque part. On dirait une prison. Est-elle une bonne fée ou bien Gretel ? C'est l'une des plus belles scènes de ce film, finalement plus étrange qu'il n'y paraît. On a le sentiment de se retrouver quelques instants chez Dickens, lorsque tous ses visages d'enfants mangent des yeux cette hypothétique mère qui vient chercher l'un d'entre eux. Cela me rappelle aussi certaine scène coupée de la pièce Peter Pan - pardon, je suis obsédée, mais je ne compte pas me soigner - où prend place une farandole de Beautiful Mothers qui viennent chercher un bambin, un des enfants perdus, et sont... auditionnées par Wendy !

    Elle rencontre pour la première fois un jeune garçon, Billy (Vincent Rottiers). Il est plus âgé qu'on ne peut le penser tout d'abord. Mais il semble déficient, un peu simple d'esprit, mais il ne souffre pas de ce manque que seuls les autres lui imputent ; à moins qu'il n'ait compris ce que les gens intelligents ont tant de mal à saisir, car c'est un peu une fable que ce film, en plus d'être un conte.

    Il sera son Hansel, très rapidement. Ils traverseront une forêt, symbolisée ici par une fuite et un voyage. L'un doit échapper à l'assassin de sa mère, l'autre veut rejoindre son pâle amoureux.

    Pendant ce voyage, les rôles vont peu à peu s'inverser, puisque l'adulte va retomber en enfance (à moins qu'elle ne finisse pas l'accepter) et l'enfant va devenir homme (a-t-il cessé de l'être ?). Cette fausse passation de pouvoir permettra à Colette de se réconcilier avec ce que l'on devine être son passé et à faire le deuil d'un amour qui l'a conduite aux portes de la déraison, douce mais réelle.

    Vanessa Paradis est de ces femmes-enfants qui m'ont toujours fascinée et émue. J'ai déjà livré deux mots sur ces créatures presque mythologiques. Il y a du sang de sirène en elles, à condition de bien se souvenir de la triste et sublime fin de celle d'Andersen. Ce n'est peut-être pas un hasard si Serge Frydman a utilisé quelques chansons de Tom Waits (allez voir le billet de mon amie Fauna sur cet artiste singulier) pour ce premier film qu'il offre en tant que réalisateur (et scénariste et dialoguiste) et qui n'est autre qu'un conte sur l'enfance. Venant de moi, cela ne vous étonnera puisque l'enfance est le monde où je m'ébats. Tom Waits est le chanteur qui convenait car sa seule voix est déjà une histoire à elle seule. Elvis Presley donne aussi, grâce à sa voix divine, une idée d'un certain paradis, celui des rêves... Sans oublier la présence décalée de Thomas Fersen, en père gardien d'une voiture de pompier, dans un café... Cela lui va très bien.

    J'en ai presque trop dit sur ce film qui n'attend que vous pour être adopté, tel un enfant.

    *** Serge Frydman s'explique sur ce film : "Petit, (...) je croyais, comme à peu près tout le monde, que les acteurs inventaient ce qu'ils disaient, ce qu'ils faisaient, je croyais qu'ils s'aimaient à en mourir, savaient vider les coffres de banques, faire du cheval, sauter des trains et courir sur les toits. Je croyais qu'ils vivaient mieux et plus que les autres. En tournant Mon Ange, en écoutant pendant trois mois battre les coeurs de Vanessa Paradis et de Vincent Rottiers, (...) j'ai compris que tout ce que j'avais cru, petit, au cinéma, était vrai, que les acteurs inventent ce qu'ils font et ce qu'ils disent, qu'ils vivent plus fort que nous". (Source : Allociné)

    ***
    Bandes-annonces ici.
    ***
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  • samedi 13 janvier 2007
    Sir James Matthew Barrie au sujet de la "cockiness" (impudence, effronterie, vantardise) de Peter Pan :
    « (…) s’il n’y avait que bonté en vous, il n’y aurait en vous aucune histoire. Les fées sont si entichées des histoires qu’à votre baptême elles déposent sur votre coeur un défaut moral, c’est le germe des histoires. »
    Traduction C.-A. F. aka Holly G.
    ***
    Crédit photographie : Hayley Mills (Cf. mon site consacré à Barrie, image offerte par Andrew Birkin). ***********
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  • lundi 8 janvier 2007
    Hook : "Je suis un maître d'école pour me venger des garçons. Je les attrape comme ceci, avec mon crochet ! Puis, je les maintiens comme ça ! Quand on a su quel ingénieux crochet j'avais là, tous les pères de cette bonne vieille Angleterre ont réclamé à cor et à cri mes services."
    "Savez-vous pourquoi les hirondelles font leur nid dans les auvents ?
    Pour écouter des histoires."
    [Ne pas oublier que les hirondelles sont les enfants morts dans la "mythologie" de Barrie.]
    "Qui était Peter Pan ? Personne ne le sait vraiment. Peut-être était-il simplement l'enfant de quelqu'un qui n'était jamais né."
    [Citation très troublante. Elle m'a amenée à certaines réflexions que j'espère partager avec vous bientôt.]
    "La dernière scène montre le bras de Hook qui repose dans l'herbe. Dans le trou creusé par son crochet, un petit oiseau a fait son nid. Il est rempli d'oeufs."
    [Derrière cette vision naïve, en apparence, il me semble qu'il y a quelque chose de plus profond qui est révélé sur la nature double et ambidextre de Hook. Son rapport à l'enfance est moins évident qu'il n'y paraît. Qui est Hook ? Le père de Peter Pan ? Barrie lui-même ? Une autre version de Peter Pan ? Gardons encore ce secret un moment. Mais il me semble raisonnable de penser que Hook était pour Barrie aussi important, sinon bien davntage, que Peter Pan. Et pour cause...]
    ********
    Citations de James Matthew Barrie, bien après la pièce et le roman...
    Traduction de C.-A. F. aka Holly G.
    **************
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  • Madame Darling, à Peter Pan, lorsqu'il refuse d'être adopté :
    - Mais, Peter, ne feras-tu jamais rien d'utile ?
    Et Peter de répondre :
    -Veux pas être utile ! Mais je serai de bonne compagnie pour les enfants morts. Avec ma gaieté, je viendrai chanter quand le glas sonnera ; ainsi ils n'auront pas peur. Je danserai auprès de leurs petites tombes. Ils m'applaudiront et crieront : "Encore ! Encore!", car ils savent que c'est drôle et parce que l'amusement est tout ce qu'ils aiment.
    Traduction C.-A. F. aka Holly G.
    Ma question est la suivante : ceux d'entre nous qui entendent de temps en temps la flûte de Peter Pan, ceux qui comprennent au-delà du raisonnable les douloureuses pensées de Barrie dans ces lignes citées, portent-ils encore en eux cet enfant mort que la plupart enterrent dans le souvenir égaré de leur enfance ?
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  • Les roses du Pays d'Hiver

    Retrouvez une nouvelle floraison des Roses de décembre ici-même.

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    Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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