lundi 21 janvier 2013

John Collier, Land Baby



En quelques lignes mal écrites, ma vision de La Petite Sirène d'Andersen... 


J'ai imaginé, pour coller à la contrainte imposée de trois comédiennes, trois personnages : une Petite Sirène, une Fille de l'Éther (un fantôme, qui est une ancienne petite sirène et, peut-être, la mère morte de l'actuelle petite sirène) et une Jeune Fille hors du conte (qui va mourir, par suicide, et épouse donc, en quelque sorte, le destin de la Petite Sirène. Le conte d'Andersen, qu'elle sait par coeur, est son talisman – probablement légué dans l'enfance par sa propre mère). La Fille de l'Éther est la narratrice et porte la voix du conte. 

Il est à noter que la première version du conte d'Andersen avait pour titre Les Filles de l'Éther.

Et si nous étions tous le fruit d'une histoire ? Et si c'étaient les sirènes qui rêvaient de nous et non l'inverse ? Et si c'étaient elles qui nous avaient créés et non l'inverse ?

***

Petites, petites, il n’est de retour possible. Ni à la jeune fille ni à la sirène, il n’est permis de regagner la mer, lorsque l’on a fait le choix de la quitter ; mais la mer peut quelquefois venir à elles… La mer et le ciel sont comme le dos et la paume d’une seule main. On ne peut sonder la mer, mais de la mer peut s’élever une église ou l’âme d’une jeune fille de quinze ans. Le lac le plus transparent recèle des profondeurs inconnues à ceux qui osent y plonger, mais il n’est jamais aussi profond que l’amour d’une sirène pour une étoile. Il n’est jamais aussi profond que le rêve de Dieu. Depuis que, de l’éternité, une branche s’est détachée, et que s’égrènent les ans et les heures, les sirènes rêvent des hommes ; et, tout aussi inlassablement, les hommes détournent leur regard d’elles. Depuis qu’il est des jours et des nuits, il est toujours quelqu’un pour rêver des jeunes filles et des sirènes de quinze ans… Depuis qu’il est des jours et des nuits, il est toujours un Prince pour briser le cœur d’une sirène... 


***

Avec une fin modifiée, mais fidèle à celle d'Andersen dans l'esprit (chrétien, rédempteur et sacrificiel) : 

Le soleil s’est élevé sur les eaux. Ses rayons sont tombés, chauds et délicats, sur l’écume de la mer, et je vous promets qu’en cet instant précis  la Petite Sirène n’a pas senti l’étreinte de la mort. Nous, Filles de l’Éther, l’avons accueillie et guidée à travers les Cieux. 

Les hommes sont le beau fruit mûr né du songe d’une sirène et tombé de l’arbre qu’elle a planté un jour, là, au fin fond de la mer – là où tout se meut, là où tout vit et pourrit. Et c’est peut-être parce qu’il y a toujours, quelque part, une petite sirène qui croit en eux, au fin fond de la mer, là où le bleu est si bleu qu’il en devient transparent, qu’ils vivent encore.

Les Filles de l’Éther sont comme les Sirènes : elles n’ont pas de grande âme immortelle, mais elles peuvent en rêver si fort que, parfois, il leur est accordé d’en trouver une toute petite – là où elle fut toujours : en elles.

L’âme d’une sirène est réveillée par sa première larme, si la sirène meurt dans sa quinzième année...

Ta souffrance et ta fidélité t’ont haussée jusqu’au royaume des esprits de l’Éther ; et, à présent, tu portes en toi une âme qui, jamais, ne mourra – tant que tu auras foi...

Nous songeons toutes les trois, en même temps, soudain, aux enfants des hommes, à chaque enfant qui pose, en titubant encore, ses premiers pas sur la terre.

Chaque enfant sur cette terre abrite, sans le savoir, une petite sirène endormie dans son âme. Il ne dépend que de lui et de ses actions de prolonger le sommeil de cette petite sirène ou bien de la libérer d’un simple geste, afin qu’elle atteigne enfin le royaume des Cieux. 

Et nous... Nous ne pouvons que détourner le regard – de temps en temps…

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Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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